Ces robots qui nous veulent du bien

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Par Pauline Leduc

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© Kirillm / iStock

Si la robotique de service n’est pas encore démocratisée en France, elle se développe à grande vitesse et laisse entrevoir de nombreuses opportunités, particulièrement dans le domaine de la santé.

Depuis le mois de décembre, les voyageurs de la gare de Saumur ont pris l’habitude de croiser un membre de la SNCF particulier : Pepper, petit robot humanoïde (qui ressemble à un humain) expérimenté par l’entreprise publique pour accueillir, informer et orienter ses usagers. « Au début, j’ai été surpris, comme tout le monde je pense. Mais il m’a impressionné en répondant à mes questions sur l’heure de mon train : on se serait cru dans un film », raconte Yohann, un voyageur.

Si la machine est loin d’être aussi évoluée que celles de la saga Star Wars, elle illustre bien l’entrée progressive de la robotique dans le quotidien des Français. Le fantasme du robot de service, capable de discuter avec son propriétaire, de nettoyer la cuisine ou de jouer avec les enfants serait-il bientôt une réalité ? « Il ne faut pas imaginer que les robots humanoïdes de services à la personne seront dès demain chez les particuliers, mais ils vont se généraliser dans les vingt prochaines années », estime Catherine Simon, spécialiste du secteur et présidente, notamment, de l’événement international de la robotique Innorobo.

 

Les débuts de la « géron-technologie »

Les robots « compagnons » sont encore, pour la majorité, en phase de test mais offrent des espoirs, tout particulièrement pour le maintien à domicile en toute sécurité des personnes âgées. Monté sur roulettes, un robot peut aider son propriétaire à se déplacer, lui rappeler de prendre ses médicaments, contrôler sa tension, le mettre en relation avec ses proches grâce à son système de visioconférence ou encore contacter les secours.

De quoi rendre la vie plus confortable mais, comme l’explique Catherine Simon, « pour l’heure les interactions entre l’utilisateur et le robot sont encore assez basiques : ce dernier ne remplace pas l’humain, il lui est complémentaire ». À l’image de l’humanoïde Zora, testé l’année dernière par l’Ehpad* Lasserre d’Issy-les-Moulineaux (92) où il a passé deux mois. Ce robot animait, aux côtés des soignants, le quotidien des pensionnaires, proposait des ateliers ludiques, du sport, des chansons et des chorégraphies. « Nous avons constaté des résultats impressionnants : il captait particulièrement l’attention des résidents qui arrivaient par exemple à effectuer avec lui des exercices de gym douce sur des temps plus longs qu’auparavant », explique David Jacob, responsable de la vie sociale au sein de l’Ehpad.

Cette initiative, la première en France dans un établissement de santé, s’est révélée tellement convaincante que l’essai a été transformé : Zora a été acheté par la municipalité et partagera son temps entre plusieurs structures de la ville.

* Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes.

 

De la chirurgie à la prise en charge de l’autisme

Dans le secteur de la santé, de nombreuses solutions robotiques existent déjà de façon moins visible. La chirurgie assistée par robots, des « robots assistants » qui transportent les préparations thérapeutiques, les exosquelettes** ou prothèses biomécatroniques – qui peuvent remplacer un membre absent – redonnant mobilité et autonomie aux personnes âgées et handicapées… Comme le souligne Catherine Simon, « la France porte une formidable dynamique dans ce domaine, ses centres de recherche en robotique sont d’ailleurs classés 4e au niveau mondial ».

Au CHU de Nantes, une initiative novatrice mêle depuis le printemps 2015, robots et adolescents (de 10 à 18 ans) souffrant de troubles du spectre autistique. Contrairement aux projets initiés à l’étranger, où le robot était utilisé pour rassurer les personnes autistes, « Rob’autisme » se sert du petit humanoïde comme d’une « super marionnette », explique Laura Sarfaty, pédopsychiatre en charge du projet. Les six jeunes du groupe programment eux-mêmes, en binôme, les trois robots et leur font dire ce qu’ils souhaitent, modèlent leurs voix, gestes, visages, etc. « Cet objet a permis à ces jeunes qu’on entend très peu de faire entendre leurs voix et d’être dans l’interaction avec les autres, domaine dans lequel ils ne sont pas à l’aise. » Après avoir vu des progrès notables, l’équipe a décidé de lancer un processus de recherche sur cette initiative qui a repris cette année auprès du même groupe.

** Les exosquelettes sont des structures mécaniques qui doublent celle du squelette humain et lui confèrent des capacités physiques qu’il n’a pas ou plus.

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