BPCO : une maladie respiratoire méconnue et sous-diagnostiquée

Publié le

Par Pauline Hervé

Temps de lecture estimé 4 minute(s)

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BPCO : une maladie respiratoire méconnue et sous-diagnostiquée © Getty Images

La bronchopneumopathie obstructive chronique (BPCO), peu connue du grand public, touche pourtant au moins 5 millions de Français. Cette maladie incurable, causée majoritairement par le tabac, entraîne une diminution progressive du souffle. Cependant, avec une hygiène de vie adaptée et des traitements si besoin, il est possible de bien vivre avec.

Qu'est-ce que la BPCO et quels sont les symptômes ?

La bronchopneumopathie obstructive chronique (BPCO) est une maladie respiratoire, due à des modifications des bronches et des alvéoles pulmonaires, explique le Dr Frédéric Le Guillou, pneumologue et président de l’association Santé respiratoire France. Concrètement, la BPCO provoque une diminution progressive du souffle, causée par l’inflammation, l'épaississement des parois des bronches et bronchioles, et une production plus importante du mucus par les cellules des bronches et bronchioles. Cela encombre les voies respiratoires. Les bronchioles et alvéoles des poumons perdent de leur souplesse. Enfin, à un stade plus avancé ces dernières sont détruites : c'est ce qu'on appelle l’emphysème, une des composantes de la BPCO.

En France, la BPCO touche environ 7,5 % de la population adulte (soit plus de 5 millions de personnes), selon la Haute autorité de Santé, qui nuance : une très grande proportion des cas n’est pas diagnostiquée (entre deux tiers et 90 %). Ce chiffre est donc largement sous-estimé.

Les premiers signes de la BPCO apparaissent en général après 40 ans, selon l'Assurance maladie, le plus souvent chez les fumeurs ou anciens fumeurs. Elle passe très longtemps inaperçue puis provoque des symptômes tels qu'un essoufflement progressif à l'effort, une toux grasse, surtout le matin (« toux du fumeur ») qui devient chronique, et des crachats ou expectorations. « Le pneumologue conseille de consulter si l'on présente des signes de fatigue ou d'essoufflement et que l'on fume depuis vingt ans ou que l'on a longtemps fumé.

Quels sont les facteurs de risque de la BPCO ?

Dans 80 % des cas, c'est le tabagisme (actuel ou passé) qui est en cause dans la BPCO, selon les données de l'Assurance maladie. Le risque augmente selon la durée et l'intensité de la consommation de tabac. En outre, « fumer du cannabis est un facteur aggravant », souligne le Dr Le Guillou. L'exposition à des produits toxiques dans certaines branches professionnelles (industrie minière, textile, agriculture) et à la pollution atmosphérique est responsable quant à elle de 15 % des cas identifiés.

Comment diagnostique-t-on la BPCO ?

Le médecin, souvent généraliste en première intention, interroge d'abord le patient sur ses symptômes (toux, crachats, gravité de l'essoufflement…). Il utilise ensuite un spiromètre, instrument dans lequel le patient doit expirer tout l'air de ses poumons, pour mesurer ses capacités respiratoires. C'est cette mesure qui permet de poser le diagnostic de BPCO et de mesurer sa sévérité. Le patient peut ensuite être dirigé vers un pneumologue. «L’idéal en termes de santé publique serait d'envisager qu'on puisse mesurer le souffle lors des visites préventives qui vont devenir obligatoires à certains âges », regrette Frédéric Le Guillou.

Peut-on guérir de la BPCO ?

« Cela ne se guérit pas, car une fois que la cellule (alvéole pulmonaire) est détruite, elle ne se régénérera pas », explique le pneumologue. Néanmoins, on dispose de plusieurs traitements pour ralentir ou stopper l'évolution de la maladie et permettre au patient de mener une vie satisfaisante.

La première de ces mesures est de stopper totalement l'exposition au polluant, que ce soit le tabac ou un autre produit. « Ensuite, entretenir son souffle avec l'activité physique est primordial pour mener une vie quasi normale sans médicament », souligne Frédéric Le Guillou. Il est très important pour les malades de se faire vacciner contre tous les virus qui pourraient nuire à leurs capacités respiratoires comme le Covid, le pneumocoque, la grippe « et certainement, bientôt, le VRS (virus respiratoire syncytial, responsable de la bronchiolite) », ajoute-t-il. Pour certains patients, la rééducation respiratoire avec un kinésithérapeute peut être nécessaire pour réduire l'essoufflement et s'entraîner à l'effort.

Quand ces mesures ne sont pas suffisantes, il existe des traitements médicamenteux comme les bronchodilatateurs par voie inhalée, qui permettent de dilater les bronches et bronchioles pour mieux respirer. Ils peuvent être associés à des corticoïdes par inhalation.

Quand les personnes malades de BPCO connaissent un ou des épisodes d'« exacerbation » (augmentation des symptômes pendant plusieurs jours, pouvant entraîner une insuffisance respiratoire aiguë), il peut être nécessaire de les hospitaliser et de mettre en place un traitement d'oxygénothérapie. « C'est également possible aujourd'hui, chez les patients sévères, de mettre en place à domicile une télésurveillance de leurs capacités respiratoires, une ventilation et de l'oxygène pour prévenir l'hospitalisation », précise le Dr Le Guillou.

Affection de longue durée ou maladie professionnelle

Selon la gravité de la BPCO, le médecin traitant peut demander la reconnaissance de BPCO au titre d'affection de longue durée (ALD 14). Les examens et les soins en rapport avec la maladie seront alors pris en charge à 100 % par l'Assurance maladie.

La BPCO peut aussi être reconnue comme maladie professionnelle sous certaines conditions d'exposition au travail. La prise en charge à 100 % est obtenue au titre de la branche « maladie professionnelle », indique l'Assurance maladie.

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