5 idées reçues sur l’illettrisme

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Par Angélique Pineau

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© SeanShot / iStockphoto

Parfois ignoré, souvent caché, en tout cas méconnu, l’illettrisme suscite encore bien des idées reçues. Le point sur cinq d’entre elles.

L’illettrisme entraîne souvent, chez les personnes concernées, un sentiment de honte et une mauvaise estime de soi. Mais de quoi s’agit-il exactement ? On parle d’illettrisme quand un adulte a été scolarisé en France mais n’a pas pu acquérir, dans son enfance, une maîtrise suffisante des savoirs de base (lire, écrire, compter) pour être à l’aise et surtout autonome dans sa vie quotidienne. Et en matière d’illettrisme, les idées reçues sont légion.

L’illettrisme explose en France.

FAUX. L’illettrisme est plutôt en recul puisqu’il touchait 7 % des 18-65 ans résidant en France métropolitaine en 2011 (soit environ 2,5 millions de personnes), contre 9 % en 2004. Ce qui représente une diminution de près de 20 % en sept ans (600 000 personnes en moins). La prochaine étude est prévue pour 2018. Et l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme (ANLCI) espère que la baisse va se poursuivre au même rythme. La France compterait alors un peu moins de 2 millions de personnes en situation d’illettrisme, soit un peu plus de 5 % des 18-65 ans.

Cela concerne surtout les personnes d’origine étrangère.

FAUX. Le manque de compétences en lecture, écriture et calcul n’a rien à voir avec la pratique de la langue française. Ainsi, ce problème n’est pas réservé aux migrants. D’ailleurs, parmi les personnes en situation d’illettrisme, 71 % utilisaient exclusivement le français à la maison à l’âge de 5 ans.

Autre amalgame : on a tendance à confondre « illettrisme » et « analphabétisme ». Or, une personne est dite « analphabète » lorsqu’elle n’a jamais été scolarisée (contrairement aux personnes illettrées), que ce soit en France ou ailleurs. Enfin, pour les nouveaux arrivants dans notre pays, qui ont été scolarisés mais ne connaissent simplement pas notre langue, on parle de « français langue étrangère » (FLE).

L’illettrisme ne touche que les jeunes.

FAUX. En réalité, tous les âges sont concernés par l’illettrisme. Et seuls 4 % des 18-25 ans sont touchés, contre 8 % des 46-55 ans et 12 % des 56-65 ans. Il y a donc plus de personnes en situation d’illettrisme chez les plus âgés. Pour une raison simple : les difficultés en matière de lecture, d’écriture et de calcul augmentent au fil du temps, notamment si les acquis sont très fragiles à la fin de la scolarité et peu utilisés ensuite à la maison ou au travail.

Seules les personnes précaires sont illettrées.

FAUX. Plus de la moitié des personnes illettrées occupent un emploi. Elles sont donc insérées dans la société. Et seules 10 % sont au chômage. En revanche, 20 % des allocataires du revenu de solidarité active (RSA) sont en situation d’illettrisme. Ce qui complique nécessairement leur insertion professionnelle.

Quand on est illettré, c’est pour la vie. Il est impossible de s’en sortir.

FAUX. L’illettrisme n’est pas irréversible et il est possible d’apprendre ou de réapprendre à lire, écrire et compter, à l’âge adulte. Les exemples ne manquent pas (voir notre portrait de Gérard Louviot, illettré jusqu’à ses 35 ans). Le numéro vert Illettrisme Info Service, joignable au 0800 11 10 35, peut aider à trouver une formation adaptée. La plupart d’entre elles sont gratuites ou peuvent être financées par l’employeur dans le cadre du compte personnel de formation (CPF).

Source : enquêtes Information et vie quotidienne (Insee et ANLCI), datées de 2004 et 2011.

Pour en savoir plus

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