Chien guide, un vrai « métier »

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Par Cécile Fratellini

Temps de lecture estimé 4 minute(s)

Illustration
© Nadia Mauléon

20 mois de formation, un séjour en famille d’accueil avant la rencontre avec leur nouveau maître. C’est le parcours des chiens guides d’aveugles. Exemple à Limoges.

Ils s’appellent Leek, Goal ou Irish. Ce sont des labradors ou des golden retrievers. Et sont ou seront chiens guides d’aveugles après plusieurs mois passés au centre d’éducation du Centre Ouest à Limoges. Ce « métier » ne s’apprend pas du jour au lendemain. Les chiens arrivent à deux mois et demi du centre de sélection et d’élevage basé dans le Puy-de-Dôme et partent directement en famille d’accueil, préalablement « sélectionnée ». La famille doit être près du centre d’éducation et dans un rayon de 20 km de la ville la plus proche car le chien doit s’habituer aux voitures, au bruit, à la foule…

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Epaulé par un éducateur du centre

« On s’assure après un entretien téléphonique et une visite au domicile de la famille que tout le monde est d’accord », explique Sophie Diodore, éducatrice au centre de Limoges. Une grande disponibilité est également demandée : le chien ne peut pas rester huit heures seul à la maison. Jusqu’à ses 5 mois, la famille l’emmène en milieu urbain, lui apprend la propreté ainsi que certaines règles de vie comme celle de ne pas monter sur le canapé ou de ne pas dormir sur le lit, l’emmène en milieu urbain. Le tout épaulé par un éducateur du centre. « Il faut le reconnaître, au début ce n’est pas facile. Nous par exemple, nous étions un peu trop permissifs. Mais au moindre problème, on peut appeler le centre. C’est rassurant », expliquent Anne-Marie et Denis Jansou, famille d’accueil.

Obéir à 50 ordres

De 5 à 12 mois, le chien passe une semaine par mois au centre d’éducation. « Quand la famille le laisse la première fois, c’est comme un premier jour d’école, elle reste et regarde par la fenêtre pour voir si tout se passe bien », s’amuse Sophie Diodore. Pendant cette semaine, l’animal est au contact d’autres chiens. L’éducateur travaille sur son obéissance, sort avec lui en ville et apprend à le connaître. À fur et à mesure, il arrivera à mieux cerner son caractère pour voir quel futur maître lui conviendra. « Nous tenons compte du profil psychologique, on ne va pas donner un chien « pot de colle » à un maître plutôt distant. On prend également en compte la vitesse à laquelle marche le chien. Tout ça pour réussir au mieux ce mariage », explique l’éducatrice.

Remis gratuitement

À un an, le chien devient « interne » et ne rentre que le week-end dans la famille. Pendant sept mois environ, il acquiert toutes les techniques de guidage. Il est capable d’obéir à 50 ordres, d’éviter les obstacles, de s’arrêter au passage piéton, de reconnaître les endroits familiers… Le chien est remis gratuitement à une personne déficiente visuelle entre 18 et 20 mois. Et ce grâce aux dons, legs, donations… A noter que l’éducation et le suivi d’un chien guide pendant 8 ans coûte environ 25 000€*.

« Ça change la vie »

Nicole, malvoyante qui habite à Limoges, a un chien guide depuis 2012. « Je sortais de moins en moins et un jour je me suis décidée à faire la demande, raconte-t-elle. Quand nous marchons avec une canne, nous sommes handicapés, nous avons une posture austère car nous devons rester concentrés. Avec un chien, nous sommes naturels et les gens nous interpellent pour discuter. Ça change tout simplement la vie. Je vais régulièrement à Paris et c’est très rassurant. Goal trouve le composteur à la gare, connaît la ligne de métro, retrouve l’hôtel. Bref, c’est du luxe pour nous ».

*Source : FFAC

600 familles d’accueil

La disponibilité. C’est le maître mot pour être famille d’accueil d’un futur chien guide. Aujourd’hui, on recense environ 600 familles en France. Elles s’occupent du chien, de ses 3 mois à ses 18 mois environ. L’objectif est de le socialiser selon des principes d’éducation très précis. Pour cela, elles sont accompagnées par un éducateur d’un des centres d’éducation implantés sur tout le territoire. Tous les frais (soins vétérinaires, alimentation, matériel…) sont pris en charge par l’association qui gère le centre. Pour connaître les structures proches de chez vous, rendez-vous sur www.chiensguides.fr

« Le chien guide permet l’accès au travail »


Paul Charles, président de la Fédération française des associations de chiens guides d’aveugles (FFAC)

« Le chien guide améliore la qualité de vie des personnes déficientes visuelles. Il leur offre une autonomie, leur permet d’aller au travail, de pratiquer leurs loisirs et, pour les plus jeunes, d’aller à l’école. Un des centres d’éducation est d’ailleurs dédié aux adolescents (de 12 à 18 ans) à L’Isle-sur-la-Sorgue (84). Sur l’ensemble de la France, notre réseau regroupe une vingtaine de centres. Entre 210 et 220 chiens sont remis chaque année à des personnes malvoyantes ou non-voyantes. Nous sommes en développement et notre objectif est d’arriver rapidement à 300 par an. Nous avons donc besoin de familles d’accueil, de bénévoles et d’éducateurs. Nous allons aussi informer les professionnels de santé afin qu’ils connaissent mieux les avantages du chien guide et puissent orienter si nécessaire leurs patients vers les écoles de chien guide. »

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