Maladies et traitements
Dans les coulisses du Magazine de la santé avec Philippe Croizon
Publié le
Par Angélique Pineau-Hamaguchi
Temps de lecture estimé 4 minute(s)
« Viens voir, c’est ici qu’on nous maquille avant le direct. » Il est comme cela Philippe Croizon. Il a l’esprit de partage et ce don de vous mettre tout de suite à l’aise. Si bien que, quand on le rencontre pour la première fois, on oublie son handicap après seulement quelques secondes. C’est avec cette même décontraction qu’il arpente les couloirs du studio d’enregistrement du Magazine de la santé, une fois par mois. Il y connaît tout le monde.
Pourtant, en 2013, quand Michel Cymes, Marina Carrère d’Encausse et Benoît Thévenet (les animateurs de l’émission) lui ont proposé de tenir une chronique régulière sur le thème du handicap, le pari n’était pas si évident. « J’ai d’abord hésité car c’est en direct, je n’ai donc pas le droit à l’erreur. C’est assez stressant aussi. D’autant que ce n’est pas mon métier. J’ai finalement accepté parce que c’est une manière de rendre visible le handicap, d’en parler, ce qui est plutôt rare à la télévision. »
« Mon père a traversé la Manche et il fait de la télé »
Avant chaque tournage, il prépare sa chronique avec Emmanuelle Dal’Secco, la journaliste du site Handicap.fr avec laquelle il a écrit son livre « Plus fort la vie ». Et même si elle est toujours liée au handicap, sa chronique peut parfois être assez éloignée de son univers. « Aujourd’hui, par exemple, je vais évoquer le handicap mental et la bipolarité. J’ai donc dû faire pas mal de recherches. »
Une fois passé au maquillage, Philippe attend patiemment dans la salle où se croisent animateurs, journalistes et invités de l’émission. Il y répète son texte sous les yeux amusés de son fils cadet, Grégory, qui l’accompagne aujourd’hui et l’aide, quand c’est nécessaire, dans ses déplacements. « C’est sympa de le voir faire ça. Pas banal en tout cas. Cela ne l’était pas non plus quand j’étais à l’école et qu’il fallait remplir une fiche en indiquant la profession de mes parents. J’écrivais : "mon père a traversé la Manche et il fait de la télé". Difficile de faire mieux, vous ne trouvez pas ? », raconte-t-il dans un sourire et avec une pointe de fierté.
Toujours avec humour
Plus le temps de relire ses fiches, c’est maintenant l’heure de la répétition, quelques minutes seulement avant le direct. On équipe Philippe d’un micro et il faut descendre au studio qui se trouve un étage plus bas. Direction l’ascenseur. Et c’est lui qui vous tient la porte.
Sur le plateau, Marina Carrère d’Encausse et Benoît Thévenet préparent le sujet suivant, consacré aux verrues. En les écoutant, dans le couloir adjacent, Philippe ne peut s’empêcher de faire un trait d’humour : « Moi, je suis tranquille : plus de pieds, plus de mains, plus de verrues ! ». Puis Marina vient à sa rencontre pour échanger sur le lancement. « Je pourrais utiliser le chiffre que tu indiques, ça te permettrait ensuite de rebondir. » Marché conclu. La répétition est l’occasion de régler les derniers détails et surtout de vérifier la longueur de la chronique.
À contre-courant des idées reçues
Vient le moment du direct. Tout le monde est prêt. En régie, réalisateurs et techniciens scrutent l’émission devant un mur d’écrans et veillent au grain : gestion du temps, mouvements de caméras, rien n’est laissé au hasard. À 14 h 09 et 54 secondes, Philippe apparaît à l’écran avec le sous-titre « Handicap mental : combattre les clichés ».
Plus qu’une chronique, c’est « un coup de gueule ». Il faut dire qu’en matière de clichés, il en connaît un rayon. Ils étaient peu nombreux, en 2010, à croire qu’un homme sans bras ni jambes - et jusque-là peu sportif - parviendrait à traverser la Manche à la nage. Et pourtant…
Ils nous parlent de Philippe Croizon
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