Gérard Louviot : l’amoureux des mots

Publié le

Par Angélique Pineau

Temps de lecture estimé 2 minute(s)

Illustration
© Bruno Lévy

Illettré jusqu’à ses 35 ans, Gérard Louviot raconte dans son livre, Orphelin des mots, comment il a finalement appris à lire et à écrire.

« Au départ, ma vie était un cauchemar ». C’est ainsi que Gérard Louviot décrit ses premières années. Né en 1967 en Bretagne, il grandit dans une famille d’accueil, car ses parents ne peuvent plus s’occuper de lui. À l’école, il n’arrive pas à suivre. Impossible d’apprendre la moindre leçon ou de lire ne serait-ce qu’une phrase en entier. Les mots ne parviennent pas à se fixer dans sa tête. Plus familier du bonnet d’âne que des bons points, il est sans cesse humilié.

 

Garder son illettrisme secret

Dès 7 ans, Gérard Louviot est orienté vers un institut médico-éducatif. « On pensait que j’étais un idiot, un bon à rien. » Là-bas, il retrouve goût à la vie, au milieu de la nature et d’autres enfants que la société rejette. Mais ne parvient toujours pas à lire et à écrire. Il réussit malgré tout à décrocher un CAP, « en apprenant tout par cœur ». Doué d’une très bonne mémoire visuelle, il obtient même son permis de conduire, mais reste incapable de lire un panneau ou le nom d’une rue. « À l’époque, j’avais peur de tout et de tout le monde, peur d’être démasqué. Au point de penser, parfois, à me suicider. »

 

Tout réapprendre, de A à Z

Puis il rencontre sa femme, Cathy, la seule à l’avoir accepté « tel qu’il était », sans le juger. La seule à être dans la confidence aussi. Il décroche un emploi de couvreur. Un métier qu’il exercera plusieurs années dans la même entreprise, sans que personne ne s’aperçoive jamais de rien, jusqu’au jour où il a un accident du travail. Il va perdre son emploi et décide d’avouer l’inavouable à son patron : « Je ne sais pas lire. Qu’est-ce que je vais faire maintenant ? » Contre toute attente, celui-ci lui paie une formation. Et c’est le déclic. À 35 ans, Gérard Louviot réapprend tout de A à Z, grâce à une pédagogie adaptée.

 

Son mot préféré : « élaborer »

Travailleur acharné, il se prend de passion pour les mots. « Mon préféré, c’est le verbe “élaborer” car, petit à petit, j’ai “élaboré” mon vocabulaire. » Il lit son premier roman, Belle et Sébastien, et s’attaque même au dictionnaire. Il lui faudra un an et demi pour le terminer. Aujourd’hui, il se plaît à écrire des poèmes pour sa femme et ses enfants. Et après plusieurs formations, il a atteint « le niveau 5e », indispensable pour pouvoir exercer le métier de ses rêves : maître-chien. Son nouveau métier.

 

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