Des initiatives pour prévenir ou lutter contre l’illettrisme

Publié le

Par Angélique Pineau

Temps de lecture estimé 4 minute(s)

Illustration
© SilviaJansen / iStockphoto

Comment aider les enfants à consolider leurs connaissances et les adultes à réapprendre à lire, écrire et compter ? Des solutions s’inventent pour faire reculer l’illettrisme.

Aider à renouer avec les savoirs de base

Dans toutes les régions, des organismes proposent des formations spécifiques aux personnes qui ne maîtrisent pas, bien qu’elles aient été scolarisées, les compétences de base en lecture, écriture et calcul. C’est le cas de l’association La Boîte aux lettres, à Alençon. En 25 ans, plus de 4 000 personnes ont déjà bénéficié de l’une de ses sessions de remise à niveau. Elle a également mis au point, en complément, une formation à distance, via internet. La Boîte aux lettres s’adresse aussi bien aux demandeurs d’emploi, aux salariés qu’aux entreprises. Elle mène par ailleurs une action de prévention auprès des parents dans une école et un centre social de la ville. Avec l’objectif de les réconcilier avec la culture de l’écrit et ainsi d’avoir un impact positif sur la scolarité de leurs enfants.

 

L’armée combat l’illettrisme en outre-mer

En matière d’illettrisme, les inégalités font rage. Lors de la Journée défense et citoyenneté* 2015, 10 % des jeunes Français de 16 à 25 ans présentaient des difficultés de lecture, mais avec des disparités importantes selon les régions. Comme les années précédentes, les départements et régions d’outre-mer (DROM) étaient de loin les plus touchés (autour de 30 % pour la Guadeloupe, la Martinique et la Réunion, près de 50 % en Guyane et même 75 % à Mayotte). Face à cette réalité, le ministère des Outre-mer a mis en place, au début des années soixante, le Service militaire adapté (SMA). Il s’adresse aux Ultramarins, âgés de 18 à 25 ans, ayant de grandes difficultés scolaires ou d’insertion professionnelle.

Au cours d’une formation allant de 6 à 12 mois, encadrée par des militaires, le SMA leur donne la possibilité d’acquérir des compétences professionnelles et d’améliorer leur savoir-être. En 2015, environ 5 800 jeunes en ont bénéficié (près de deux fois plus qu’en 2009). Parmi eux, 60 % n’étaient pas titulaires du brevet des collèges et plus de 30 % étaient en situation d’illettrisme à leur entrée au SMA. Mais à l’issue, les trois quarts des volontaires décrochent un emploi ou poursuivent une formation, assure le site officiel du service militaire adapté. De bons résultats qui ont donné des idées à François Hollande. Il a décidé l’expérimentation d’un service militaire volontaire en métropole. Trois centres ont vu le jour en un an, en Moselle, dans l’Essonne et en Charente-Maritime. Et d’autres pourraient suivre.

* Obligatoire, la Journée défense et citoyenneté a été mise en 1998, en remplacement du service militaire.

 

Une application qui redonne le goût de la lecture aux enfants

S’occuper des enfants « peu lecteurs » pour éviter qu’ils ne viennent grossir, plus tard, les rangs des adultes illettrés. C’est ce que propose la « Machine à lire ». Conçue par le linguiste Alain Bentolila, professeur à l’université Paris-Descartes, cette application pour tablette, ordinateur et smartphone alterne des phases d’écoute et de lecture autonome d’un texte. Avec l’idée d’aller petit à petit vers des temps de lecture de plus en plus longs. Un entraînement à l’endurance en quelque sorte. Et une façon originale d’utiliser les nouvelles technologies pour prévenir l’illettrisme. Depuis plus de deux ans, cet outil pédagogique est testé dans des écoles de quartiers populaires du Havre, et pourrait être généralisé progressivement dans tout l’Hexagone.

 

Quand les salariés de grands groupes se mobilisent

Lorsqu’on est en situation d’illettrisme, et même si on a la volonté d’en sortir, il n’est pas toujours évident de franchir le pas et d’oser toquer à la porte d’un organisme de formation. Parfois, le tutorat individuel est moins impressionnant, plus rassurant, surtout si on n’a pas confiance en soi. Forte de cette idée, l’association B.A.ba Solidarité a mis en place un dispositif innovant. Depuis 2013, elle propose à de grands groupes de mobiliser leurs salariés. Ces derniers sont invités à donner un peu de leur temps, sur leur lieu de travail, pour aider un salarié d’une société prestataire, chargée de l’entretien (secteur particulièrement touché par l’illettrisme). Chaque semaine, ils l’accompagnent dans la maîtrise des compétences clés en lecture, écriture et calcul, dans le but de valider une formation professionnelle. Sept entreprises ont déjà répondu présentes, parmi lesquelles L’Oréal, La Poste, la SNCF et Orange.

 

Pour en savoir plus

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.
Tous les champs sont obligatoires.

Ce site utilise un système anti- spams pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

A découvrir