La solidarité existe-t-elle encore ?

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Par Angélique Pineau-Hamaguchi

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© Peshkova/Thinkstock

Les Français seraient devenus individualistes. Mais la solidarité est-elle réellement morte dans notre pays ou bien a-t-elle simplement changé ?

1. Vrai et faux : des bénévoles plus nombreux, mais moins fidèles

Le nombre de bénévoles au sein d’associations progresse (12,5 millions en 2013 contre 11,5 en 2010). Mais cette bonne santé apparente cache une autre réalité. Parmi eux, ceux qui s’investissent de façon régulière, hebdomadaire, sont de moins en moins nombreux (- 12,7 % sur la même période).

Les Français délaissant l’engagement unique et à long terme pour des actions plus ponctuelles et diversifiées, en fonction de leurs disponibilités. Et si 70 000 nouvelles associations se créent chaque année, difficile d’évaluer celles qui, dans le même temps, se mettent en sommeil.

Source : La France Bénévole 2014, Recherches & Solidarités.

2. Faux : seulement 4 % de donneurs de sang

Si les dons de sang restent stables ces dernières années, seuls 4 % des Français en âge de donner le font (il faut avoir entre 18 et 70 ans). Un geste citoyen qui permet de soigner un million de malades tous les ans.

Mais à certaines périodes, comme l’été ou les fêtes de fin d’année, les réserves diminuent. Et dans des régions à forte densité de population (Île-de-France et PACA notamment), les stocks sont plus faibles qu’ailleurs.

Source : Établissement français du sang.

3. Faux : la solitude progresse

Les Français sont de plus en plus seuls. 5 millions d’entre eux n’ont pas de relations sociales (un million de plus entre 2010 et 2014).

Un phénomène qui s’aggrave chez les plus de 75 ans, surtout lorsqu’ils habitent en ville. Et la solitude n’épargne plus les jeunes.

Par ailleurs, un Français sur trois n’a accès qu’à un seul réseau social (famille, amis, collègues, voisins…), ce qui le rend particulièrement vulnérable.

Source : Les Solitudes en France 2014, Fondation de France

4. Vrai : les Français toujours aussi généreux malgré la crise.

Non contents de donner leur temps, les Français donnent aussi leur argent. Les dons aux associations et fondations n’ont pas diminué, malgré la crise économique. Ils ont même augmenté de 2 % en 2013, dépassant les 4 milliards d’euros.

Le nombre de « petits » donateurs a tendance à diminuer, mais il est compensé par la hausse globale des sommes versées. Si, en moyenne, les Français ne reversent qu’1 % de ce qu’ils gagnent, leur générosité s’exprime aussi par des dons en « nature » (denrées alimentaires, meubles, vêtements, jouets…), essentiels en temps de crise.

Source : La générosité des Français 2014, Recherches & Solidarités.

5. Vrai : la solidarité se réinvente.

De nouvelles formes de solidarité apparaissent, à l’instar de la consommation collaborative et de l’une de ses composantes : le financement participatif (« crowfunding »).

Ce dernier a permis de récolter plus de 150 millions d’euros l’an passé (deux fois plus qu’en 2013), pour financer des projets. Parmi ces mécènes en herbe, adeptes du crowdfunding, 95 % optent pour le don, sans contrepartie financière.

Autre innovation : la générosité dite « embarquée » (car intégrée dans notre quotidien) permet de donner peu mais plus souvent, à l’image du micro-don.

Source : Baromètres 2013 et 2014, Financement participatif France.

Vers une solidarité « coup de cœur »

Le point de vue de Jacques Malet, président fondateur de Recherches & Solidarités*

« Il ne faut pas la confondre avec la générosité. La solidarité, c’est le fait d’agir AVEC les autres, pas forcément POUR les autres. Ce qui n’exclut pas les satisfactions personnelles ; être solidaire, ça rend heureux. Pourtant, on ne peut pas dire que l’environnement actuel soit très favorable à la solidarité, entre le contexte international et la crise économique. Aussi, ceux qui ne sont pas gagnés par le “ repli sur soi ” et se montrent solidaires avec constance sont presque des héros. Ainsi, au fil du temps, on est passé d’une solidarité plus “ construite ” (qui s’organise autour d’un projet, sur le long terme) à une solidarité “ coup de cœur ”, plus ponctuelle (qui s’active par exemple en cas de catastrophe naturelle). »

* Réseau associatif d’experts.

Par Angélique Pineau-Hamaguchi

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