Avancer collectif dans une démocratie en crise

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Le séminaire des élus d’Harmonie Mutuelle, organisé mi-juin 2019, a été l’occasion pour la mutuelle de revenir sur notre manière de vivre la démocratie.

Avancer collectif dans une démocratie en crise

« La crise que nous vivons peut conduire à la guerre et à la désagrégation des démocraties ». C’est en interrogeant la salle sur l’auteur de ces propos que l’intellectuel Gilles Finchelstein a lancé sa conférence et créé l’étonnement… Ce constat n’a pas été fait à la veille de la seconde guerre mondiale par un Churchill ou un De Gaulle. Il est celui du Président de la République : c’est un extrait du discours prononcé quelques jours auparavant par Emmanuel Macron devant l’Organisation internationale du travail (OIT) à Genève.

Pour le directeur général de la fondation Jean Jaurès, la démocratie, ce ne sont pas seulement des élections libres mais un pouvoir et l’existence d’un contre-pouvoir. La démocratie doit être locale et sociale.

Gilles Finchelstein
Gilles Finchelstein, directeur général de la fondation Jean Jaurès, est intervenu sur le thème de la démocratie, lors du séminaire des élus Harmonie Mutuelle. Crédit photo : Youssef Larayedh.

 

La démocratie face à la montée des populismes

« Le mouvement irréversible vers la démocratie est une illusion. Nos démocraties sont sous-tension », a-t-il résumé. Il va même plus loin en redisant à quel point la démocratie est, selon lui, explosive en raison de la montée des populismes et des autoritarismes. Gilles Finchelstein rapproche l’état de la démocratie en France à un état instable, gazeux, dont la matière n’a plus de forme… Il est difficile de s’y repérer. Exemple à l’appui : 25 % des Français ont fait le choix de leur candidat pour les élections européennes le week-end même du vote.

Dans ce contexte, l’un des défis est celui des réseaux sociaux, perçus par certains comme le moyen de faire avancer ses propres revendications… Mais avec aussi comme revers d’exclure ceux qui ne sont pas de la « communauté ».

Enfin, l’un des défis est aussi la question de la représentativité. La crise des gilets jaunes en est l’un des signes. Cette idée n’est plus une évidence. « Pour le climat comme pour la démocratie : la réponse est entre nos mains. Nous devons être des citoyens engagés ! », s’est enthousiasmé Gilles Finchelstein.

La place des corps intermédiaires en question

Pour Joseph Deniaud, ancien président d’Harmonie Mutuelle, la démocratie pose la question des corps intermédiaires. « Cette société vit une rupture et ne veut plus d’intermédiaires pour parler du haut vers le bas ». Un mouvement encouragé par l’État actuel selon lui, via une politique contractuelle, de négociation, et finalement contre un système de règles de vie commune qui passent par les décrets, les circulaires, en somme la légifération.

« Les corps intermédiaires se cherchent, perdent de l’influence, sans pour autant trouver la voie de sortie. La production politique se met en situation d’omniprésence… De sorte qu’elle donne le sentiment de ne plus avoir besoin de s’adresser aux élus » a-t-il conclu.

Liens de proximité

Au final, la démocratie vient poser la question du lien social, de ce qui est fait pour que chacun soit un acteur de solidarité active. Pour Thierry Beaudet, président de la Mutualité Française, la Mutualité est une formidable occasion de répondre aux aspirations d’une société tout entière. À condition toutefois de rester à l’écoute du terrain.

S’adressant aux élus mutualistes, il a rappelé à quel point il était important d’aller « au-delà de l’entre-soi militant, d’être à l’écoute des bruits du monde. Si on le souhaite, nous avons la capacité de faire rimer mutualité et proximité, de continuer à le faire tout en gagnant en taille », a-t-il expliqué en citant comme exemple le festival grand public VYV Les Solidarités à Dijon qui, pour sa première édition en juin 2019, a rassemblé nos adhérents, des musiciens et des associations.

Il estime que le modèle mutualiste doit chercher à contribuer à la démocratie en prenant sa part dans les politiques publiques… Et donc en veillant à ne pas devenir un simple opérateur en assurance.

Réduire la fracture sociale

À cette vision de la démocratie, Harmonie Mutuelle répond par son modèle mutualiste où la défense des droits fondamentaux, comme le logement ou la santé, en sont les actes. « Nous aussi, nous cherchons à réduire la fracture sociale, et nous avons bien conscience que nous sommes questionnés sur la manière dont nos décisions peuvent impacter la société » a décrypté Catherine Touvrey, directrice générale d’Harmonie Mutuelle.

  • Marine Fauvel
  • Crédit photo : Getty Images

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