Elle l’avait déjà fait lors de la dernière présidentielle avec les candidats à la plus haute fonction de l’État. La Mutualité Française a soumis, le 11 avril 2019 au studio 104 de la Maison de la radio, les dix candidats français tête de liste aux élections européennes à un grand oral. Ce qui leur a permis d’exprimer leur vision de l’Europe sociale de demain. Une Europe que les mutualistes souhaitent « plus juste, plus humaine et plus respectueuse de l’environnement », a précisé Thierry Beaudet, président de la Mutualité Française, lors de son discours d’ouverture.
Organisé avec le soutien du Parlement européen, de Public Sénat, de Courrier international, de Touteleurope.eu et de l’association citoyenne Le Mouvement européen, ce grand événement avait pour objectif « de faire vivre les questions sociales et de santé », afin qu’elles ne soient pas, comme trop souvent en période électorale, « l’angle mort des débats ». L’occasion aussi, pour la Mutualité, de montrer tout son poids et son rôle essentiel dans les débats relatifs à ces questions fondamentales. Ces sujets, qui regroupent également ceux du développement durable et de l’emploi, sont ceux qui font véritablement « sens pour les Européens », a souligné le président.
Début janvier 2019, la Mutualité Française avait d’ailleurs publié un manifeste, également porté par une dizaine de mutualités présentes dans six pays européens, pour rappeler son attachement à une Europe qui protège et son souhait de voir une harmonisation des droits sociaux vers le haut. « Nous plaidons pour l’émergence d’un véritable modèle social européen parce que nous pensons que les citoyens l’attendent et que c’est de nature à raviver la flamme du projet européen », a déclaré Thierry Beaudet.
Pour nourrir cette idée, les unions régionales et les mutuelles ont organisé, de la mi-février à la mi-mars, des débats en région afin de recueillir les idées des citoyens autour de cinq thèmes : santé, solidarité, environnement, emploi et protection numérique. Les particuliers français et européens ont aussi été mobilisés grâce à un questionnaire en ligne. La Mutualité Française a ainsi collecté 132 propositions qui ont servi de base à l’interpellation des candidats durant le grand oral.
Cette démarche a été complétée par une enquête Harris Interactive sur les attentes des Européens menée dans sept pays et présentée le 11 avril en préambule du grand oral. Cette étude démontre « qu’il y a vraiment des sujets qui font consensus, a annoncé le président lors d’un point presse en marge des débats. Si je parle de santé environnementale, on voit que les citoyens souhaiteraient que l’Union européenne ait des compétences plus étendues pour pouvoir mieux les protéger sur ces sujets-là. »
Les attentes sont aussi très fortes en matière de data et de données de santé en particulier : les Européens ont bien conscience qu’elles peuvent être facteur de progrès, notamment pour mieux suivre et personnaliser les traitements, mais ils sont aussi inquiets des utilisations détournées qui peuvent en être faites et souhaitent une Europe plus protectrice dans ces domaines.
Finalement, Manon Aubry (LFI), Jordan Bardella (RN), François-Xavier Bellamy (LR), Ian Brossat (PCF), Nicolas Dupont-Aignan (DLF), Raphaël Gluksmann (PS et Place publique), Benoît Hamon (G.s), Yannick Jadot (EELV), Jean-Christophe Lagarde (UDI) et Nathalie Loiseau (Renaissance) ont pu donner leur avis sur différents sujets. Parmi lesquels : l’idée d’harmoniser les diplômes des professionnels de santé (médecins, infirmiers, pharmaciens), les agendas de vaccination, les politiques de santé et de prévention, les interdictions de pesticides dans toute l’Union européenne, la volonté de créer un géant européen du médicament, mais aussi une taxe européenne sur les mouvements financiers, un droit du travail européen, un temps de travail et des congés payés communs, ou encore une prise en charge plus efficace de la perte d’autonomie.
« Nous avions eu très tôt l’intuition que la thématique de l’Europe qui protège allait s’imposer dans le débat, confie Thierry Beaudet. Mais nous redoutions que cette thématique soit captée, monopolisée, par ceux qui vont faire des propositions sur plus de frontières, plus de fermetures, plus de souveraineté, plus d’identité, plus de nationalité. Nous voulions ajouter une autre dimension. » Mission accomplie pour la Mutualité Française.