Il ne faut plus que le désert sanitaire gagne du terrain. C’est en substance ce qui motive les différents acteurs d’Harmonie Mutuelle à trouver de nouvelles solutions dans les territoires ruraux, mais aussi périurbains. L’idée est d’inventer de nouvelles manières d’être présents et utiles pour encourager ou faciliter l’offre de santé. « Nous essayons de voir comment nous pouvons créer des services d’accès aux soins dans un contexte de désert médical », a expliqué Marie-Laure Saillard, directrice générale de « Mes docteurs », la plateforme de télémédecine, acquise par le Groupe VYV.
Pour montrer l’importance de trouver des alternatives, elle s’appuie sur une étude de l’OCDE* qui estime dans son « panorama de la santé » qu’un Français demande 6,4 consultations chez le médecin (généralistes et spécialistes confondus) par an – certes un peu moins que dans le reste de l’Europe – ou que le rendez-vous en ophtalmologie nécessite un délai de 80 jours par an.
La start-up « Mes docteurs » propose des services innovants comme la téléconsultation téléphonique et la délivrabilité d’ordonnance en ligne. Elle peut donc permettre à des personnes situées loin d’un médecin de recourir à ce service.
* OCDE : Organisation de coopération et de développement économiques.
Un virage du numérique valorisé aussi à travers le concours lancé sur la plateforme Harmonie Boost. « On voulait intégrer de nouvelles formes d’engagement, par le développement des civic techs » a expliqué Jean-Bernard Desmonts, président du jury et président de la région Atlantique d’Harmonie Mutuelle en évoquant les technologies citoyennes. Une manière là aussi de s’affranchir des territoires et des difficultés d’accès aux soins.
La plateforme a attiré 170 000 visiteurs uniques et 283 projets ont été déposés. 20 projets ont été récompensés dont « Alix et Moi », une application dédiée aux personnes souffrant d’une maladie mentale. Delphine Fabre, neuropsychologue et conceptrice de la solution, et Guillaume Bézie, pharmacien et entrepreneur dans la e-santé, ont réalisé un programme d’entraînement cérébral disponible sur smartphone, basé sur des recherches en neurosciences validées par imagerie cérébrale.
« Harmonie Mutuelle innove en étant à l’écoute du terrain », a expliqué Guillaume Bézie, estimant qu’avec cet appel à projets pour des solutions qui améliorent la vie, le lien entre élus, adhérents et grand public se fait facilement.
La santé ne doit plus être vue que sous le prisme du soin médical et médicamenteux. Et pour Thierry Pech, directeur général du groupe de réflexion Terra Nova, c’est justement le décloisonnement qui va permettre d’avancer. « La politique de santé doit être multidimensionnelle : il faut aussi y intégrer des questions liées au transport ou à l’agriculture », a-t-il détaillé, citant comme exemple d’une politique d’urbanisme de santé les « forêts urbaines » imaginées par la mairie de Paris.
Thierry Pech a aussi expliqué que la santé n’était pas forcément facteur d’inégalités en terme financier. Bien souvent, les bonnes habitudes en matière de santé sont le fait de lectures, de rencontres, de discussions. Bref, les inégalités proviennent davantage d’un manque d’information et de culture que de budget dédié. « Manger bien n’est pas forcément plus cher. Les classes populaires mangeaient mieux autrefois, car elles se nourrissaient de légumineuses, ce que revendique paradoxalement le modèle bourgeois aujourd’hui. La question est donc de savoir comment on emmène tout le monde dans la transition environnementale ».
Pour Stéphane Junique, président d’Harmonie Mutuelle, les partenariats sont une bonne façon de travailler les questions de santé tout en les abordant par le prisme du sport, de l’environnement ou de l’alimentation. La mutuelle est ainsi partenaire d’Euralimentaire, un pôle d’innovation en matière de nutrition situé dans les Hauts de France. « On ne doit rien s’interdire » a-t-il précisé.
Collaborateurs, professionnels de santé, organisations syndicales, entreprises, acteurs de la solidarité sociale, élus : finalement, chacun peut participer à l’innovation dans les territoires et bénéficier des moyens engagés par la mutuelle.
C’est en tout cas ce qui se passe avec les « Harmonie Lab », ces lieux de consultation qui mobilisent des acteurs, de toutes générations, pour créer des solutions.
Autre initiative, les « Agoras mutualistes », nouvelles formes de débats et d’échanges qui permettent de rassembler sur une thématique des experts et des personnes qui ont envie de partager, de comprendre et de débattre.