76 % de femmes et 24 % d’hommes, ce sont les effectifs en Mutualité. Conclusion : cette branche est dite « non mixte ». Le ministère des Affaires sociales, de la santé et des droits des femmes qualifie de mixte une population dont la part d’hommes ou de femmes est comprise entre 40 % et 60 %. C’est avec ces chiffres qu’a débuté, mardi 2 mars 2021, le petit-déjeuner virtuel organisé par l’association nationale de la presse mutualiste avec l’ADOM.
L’ANEM (association nationale des employeurs de la Mutualité) a dressé un portrait type d’une personne travaillant en Mutualité : il s’agit d’une femme, employée de 42 ans, en CDI, à temps plein avec 10 ans d’ancienneté. Les femmes sont surreprésentées dans certains secteurs comme le social, l’administratif, l’aide à la personne notamment. À l’inverse, les hommes sont surreprésentés dans les métiers des systèmes d’information, de la gestion des risques internes et de la finance par exemple.
« Depuis 2010, les entreprises mutualistes se sont attachées à rééquilibrer cette représentation. Ainsi, la part des hommes dans les embauches en 2018 est de 24 % soit 5 points de plus qu’en 2010. Par ailleurs, les hommes sont surreprésentés chez les cadres mais le taux de femmes progresse de 3 points par rapport en 2010 », explique Céline Loiseau, déléguée générale de l’ANEM. Un écart de rémunération en faveur des hommes est constaté même s’il diminue dans certaines catégories, notamment chez les cadres.
Certains organismes ont déjà mis en place des actions pour favoriser la mixité et la diversité. Des actions qui portent leurs fruits et dont les bénéfices sont « mesurables ». C’est ce qu’a fait Harmonie Mutuelle avec Mixity. Un peu à l’image de l’empreinte carbone, les entreprises peuvent connaître leur empreinte sociale en termes de diversité/inclusion. « C’est un outil digital pour évaluer, piloter et promouvoir la diversité et l’inclusion dans les organisations, explique Sandrine Charpentier, CEO de Mixity. Mesurer c’est aussi démontrer quel impact ont les politiques menées sur des sujets autour du handicap, des diversités ethniques et sociales, de l’âge, de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre. On a fait le parallèle avec l’empreinte carbone pour la planète car dans l’entreprise, le capital humain est essentiel, et ce capital a une empreinte ».
Pour passer de l’égalité des droits à l’égalité réelle, il y a des paliers comme la non-discrimination, la diversité et enfin l’inclusion. « Pour répondre à ces enjeux, des engagements forts ont été pris avec des accords d’entreprise pour l’intégration des personnes en situation de handicap mais aussi en faveur de l’égalité professionnelle, précise Noëlla Le Corvaisier, responsable égalité des chances et diversité d’Harmonie Mutuelle. Nous avons signé la charte de la diversité, la charte du recrutement responsable, nous avons établi des partenariats dans les régions avec des acteurs engagés dans l’inclusion (FACE, les CREPI, NQT, Force Femmes). Une culture d’entreprise basée sur les principes d’égalité des chances et de non-discrimination s’est installée favorisant ainsi la mixité des équipes ».
Aujourd’hui, chez Harmonie Mutuelle 50 % des cadres sont des femmes. « Mais il faut continuer à travailler sur les stéréotypes de genre, sur les métiers dits féminins ou masculins, sur l’autocensure des femmes… Cette année, nous proposons un dispositif de mentorat, c’est-à-dire une relation en binôme entre un collaborateur qui a de l’expérience et un salarié qui souhaite progresser dans sa carrière ou acquérir des compétences. C’est une démarche collaborative au service du développement professionnel et personnel des collaborateurs », ajoute Noëlla Le Corvaisier.
Le combat pour la mixité, la diversité et l’inclusion n’est donc pas terminé et se poursuit. C’est aussi ce que constate Dominique Joseph, secrétaire générale de la Mutualité Française, présidente de MutElles, réseau des femmes en mutualité et vice-présidente de la délégation aux droits des femmes et à l’égalité au CESE. « La question de l’égalité, je l’ai chevillée au corps, c’est un sujet sociétal », insiste-t-elle. En 2015, le réseau MutElles est né d’un constat : seulement 20 % de femmes étaient représentées dans les gouvernances du monde de la Mutualité. « Ce n’est pas le 20 % qui a été le détonateur mais le fait que ce chiffre n’avait progressé que de 1 % en 10 ans », rappelle Dominique Joseph. Ce réseau a donc été créé pour promouvoir la parité et l’égalité professionnelle au sein des mutuelles et des fédérations mutualistes. En 2021, les femmes sont mieux représentées dans les instances : 29 %. Mais la parité n’est pas encore atteinte…
À la fin de cette conférence, François Rosso, membre du conseil d’administration d’Harmonie Mutuelle et président du comité éditorial d’Essentiel Santé Magazine s’est réjoui de toutes ces avancées avec un bémol : « À partir du moment où on fait en sorte que dans nos structures, la mixité et la parité soient en place, les sujets qui font société doivent venir en débat comme la précarité menstruelle, l’engagement pour la cause LGBT+… Si la Mutualité n’est pas capable de prendre en compte les problèmes auxquels sont confrontés nos adhérents, alors on fait fausse route. En tant que mouvement social, on doit prendre notre place ». Un nouveau débat est lancé.