Les risques de décès ou d’invalidité ? Difficile de parler de sujets concernant la prévoyance. Alors, autant choisir d’écrire. Tel est le pari qu’a fait le Groupe VYV en lançant son concours d’écriture « Être ou ne pas être imprévoyant ». Un concours organisé par son Observatoire de l’imprévoyance, dont les analyses sont implacables : l’imprévoyance coûterait 12 milliards d’euros chaque année aux Français. C’est le montant estimé des prestations non versées aux personnes ou à leurs familles du fait de la faiblesse voire de l’absence de couverture prévoyance.
Afin de sensibiliser les Français sur ce sujet, les auteurs en herbe étaient invités à adresser au groupe mutualiste une nouvelle littéraire au sein de laquelle un imprévu bouleverse le quotidien de leur personnage principal, lequel devra finir par trouver le chemin menant à sa reconstruction.
Composé d’ambassadeurs du Groupe VYV et présidé par Éric Jeanneau, l’un de ses administrateurs, le jury a sélectionné les meilleures nouvelles parmi les 170 textes qui lui ont été proposés par les salariés, militants, adhérents et clients des mutuelles du groupe. Quinze nouvelles ont été publiées dans un recueil sur la plateforme Librinova et le jury a retenu trois lauréats :
Ces lauréats ont reçu respectivement des chèques cadeaux à valoir en librairie. Lors de la remise des prix du concours d’écriture le 31 mai 2022, Stéphane Junique, président du Groupe VYV, a souligné que « les auteurs ont été amenés à rendre passionnant un sujet tabou ». « Ce sujet nous concerne tous et l’enjeu est que puisse émerger une société de la prévoyance face aux risques de demain », a-t-il ajouté, notant que « la résilience passe toujours par les autres ».
Que la résilience passe toujours par les autres, en particulier les proches, fut l’une des idées clés du débat qui a suivi la remise de prix. Intitulé « Imprévoyance et résilience, quel chemin pour une seconde vie ? », ce débat animé par la journaliste Isabelle Layer a fait intervenir quatre participants :
Hormis Nayla Chidiac, qui étudie l’impact psychologique des accidents de la vie, ces participants sont venus témoigner de leur expérience personnelle, suite à la survenue de leur handicap.
Le cas de Philippe Croizon est particulièrement impressionnant. Amputé des bras et des jambes suite à un accident en 1994, il a décrit son long parcours de résilience. S’il a traversé la Manche à la nage bien des années après cet accident, ce n’est pas sans avoir vécu de très difficiles périodes. « Après les mois d’hôpital, j’ai fait une dépression pendant sept ans, a-t-il expliqué. Je passais de mon lit au canapé et réciproquement, avec la télévision allumée en permanence. » Après un passage en psychiatrie, Philippe Croizon finit par se relever, rencontre celle qui deviendra sa seconde épouse et qui l’aidera à aller au bout de ses envies comme traverser la Manche à la nage avec des prothèses en 2010. Aujourd’hui, il retient une leçon principale : il faut savoir réclamer de l’aide et ne pas vivre cette demande comme un déshonneur.
De son côté, Sylvie Samycia a confié qu’il lui a fallu tout réapprendre depuis son accident et que le fait de se définir des objectifs a été essentiel. « Tout mon corps avait été touché et marcher était pour moi le but ultime, a-t-elle expliqué. Puis gravir le Mont-Blanc trois ans après l’accident a constitué une renaissance. » Parallèlement, l’écriture de son livre pour raconter son histoire lui a été bénéfique.
L’écriture thérapeutique, c’est précisément le sujet de prédilection de Nayla Chidiac. « En thérapie, ce n’est pas la qualité littéraire qui compte mais le processus même d’écrire, a souligné cette dernière. Ce processus permet au patient de mieux comprendre son traumatisme et de rassembler ce qui était éparpillé. Cette démarche contient un aspect cathartique qui favorise la transformation. »
Éric Chenut a souhaité, lui, témoigner à double titre : en tant que personne en situation de handicap et que militant de la cause mutualiste. S’exprimant rarement sur sa qualité de non-voyant, il a confié que, même si sa maladie était évolutive (il savait dès l’adolescence qu’un jour il ne verrait plus), il ne s’était pas vraiment préparé à devenir aveugle. C’est aussi cela l’imprévoyance : « On connaît les risques mais on n’a pas envie de les appréhender ».
« Dans une pathologie évolutive, il faut renoncer successivement à différentes choses, a ajouté Éric Chenut. Pour autant, il faut pouvoir se remettre en mouvement et bâtir un projet de vie nécessairement différent. Se réadapter demande une énergie considérable. Comme l’a dit Philippe Croizon, demander de l’aide ne doit pas être considéré comme un aveu de faiblesse. C’est toute la force du projet mutualiste, basé sur l’entraide : permettre à toute personne vulnérable d’avoir la possibilité de bâtir un nouveau projet de vie suite à un aléa majeur. »
D’où l’importance de sensibiliser les Français aux enjeux de la prévoyance. « Si l’on peut accompagner nos adhérents et les salariés des entreprises à se reconstruire après un traumatisme, alors nous aurons agi en responsabilité et en solidarité », a conclu Delphine Maisonneuve, directrice générale du Groupe VYV.
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Les intervenants de la table ronde « Imprévoyance et résilience, quel chemin pour une seconde vie ? » (de gauche à droite) : Isabelle Layer (animatrice), Éric Chenut, Nayla Chidiac, Sylvie Samycia et Philippe Croizon.