87 %* des chefs d’entreprise sont convaincus des effets positifs de la pratique d’une activité physique régulière par leurs collaborateurs sur la compétitivité. En revanche, ils sont encore peu nombreux à proposer une pratique sportive au travail. Quels sont les bénéfices ? Quels sont les freins ? Et comment convaincre une direction de s’engager ? C’était l’objet d’une table ronde organisée par Harmonie Mutuelle et Amaury Sport Organisation (A.S.O.) le 16 octobre 2019. Alain Bernard, champion olympique de natation, et Stéphane Diagana, champion du monde d’athlétisme, étaient entourés d’invités pour échanger sur le sport en entreprise.
« La sédentarité est devenue une véritable problématique. Et elle est liée, entre autres, à la vie en entreprise et le temps qu’on y reste assis, a expliqué d’entrée de jeu Stéphane Diagana. Il y a une responsabilité de chacun, et de l’entreprise notamment, sur cette question. Le sport en entreprise me parait donc plus que nécessaire. Mais encore aujourd’hui, il faut convaincre. »
En plus des bienfaits sur la santé, le sport a aussi d’autres vertus qui sonnent comme des arguments de plus en plus persuasifs pour les entreprises. « Au-delà de la dimension sport santé qui est extraordinaire, il ne faut pas oublier la dimension sociale et le pouvoir fédérateur du sport », a ajouté Alain Bernard.
C’est pourquoi les entreprises sont de plus en plus nombreuses à se pencher sur la question. Le changement de mentalité est constant, mais tout récent. C’est ce qu’a constaté Fréderic Delannoy, directeur technique national de la Fédération Française du Sport d’Entreprise. « L’évolution des sollicitations de notre fédération est incomparable aujourd’hui à ce qu’elle était il y a six ans. À titre d’exemple, sur les 10 derniers jours, nous avons reçu six demandes d’accompagnement pour créer des salles de sport dans les entreprises. »
A.S.O., une entreprise créatrice et organisatrice d’événements sportifs, fait courir plus de 200 000 personnes chaque année sur des épreuves de running. On note que près de 10 % du peloton sont aujourd’hui des personnes qui se sont inscrites via un challenge initié par leur entreprise, a illustré Edouard Cassignol, directeur des épreuves grand public. Serait-ce encore un signe qu’une évolution des pratiques et de la culture d’entreprise en faveur du sport est en train d’opérer ?
Chez Harmonie Mutuelle, cela se traduit par une démarche de sport santé pour tous qui contribue à la qualité de vie au travail. « Par la pratique sportive, les collaborateurs vont prendre soin de leur santé, ils vont avoir une meilleure conciliation vie pro, vie perso, un sentiment d’appartenance plus fort, ils seront plus engagés. Et cela a un impact direct sur le taux d’absentéisme », a expliqué Thomas Coutanceau, directeur régional des ressources humaines. Mais à quel prix ? « Il y a nécessairement un aspect financier auquel il faut réfléchir, mais il ne faut pas voir cette démarche de sport en entreprise comme un coût, plutôt comme un investissement », a-t-il ajouté.
« Le chef d’entreprise est très pragmatique, a insisté Eric Ingargiola, du comité sport du MEDEF (Mouvement des entreprises de France). Il veut connaître le retour sur investissement de la pratique sportive dans son entreprise. Un collaborateur sédentaire qui se met au sport verra sa productivité accrue de 6 à 9 %. Et une entreprise qui a des collaborateurs qui pratiquent régulièrement une activité sportive va voir sa productivité nette croitre de 1 à 14 %. » Un collaborateur en bonne santé et moins stressé aura donc un impact positif sur l’absentéisme et le turn-over.
Pour Alain Bernard, nul doute que l’investissement en vaut la chandelle. « Je suis amené à rencontrer beaucoup d’élus qui regardent les chiffres de très près. Si on ne s’arrête qu’à cela et qu’on ne prend pas en compte la dimension sociale, l’épanouissement… c’est sûr que ça coûte cher. »
« On connait la puissance des réseaux sociaux. Et pour l’image d’une marque, il n’y a pas meilleurs ambassadeurs que ses collaborateurs. Alors quand ils vivent une expérience positive, ils ont envie de la partager », a expliqué Magali Blanchet, responsable communication, prévention et action sociale chez Harmonie Mutuelle. C’est ce qu’elle a pu constater lors du Harmonie Mutuelle Semi de Paris.
Pratiquer un sport en entreprise permet aussi de créer des liens entre les collaborateurs, mais également de faire tomber certaines barrières. « Quand on est en baskets et en short, il n’y a plus de manager, il n’y a plus de hiérarchie, on est tous sportifs. Cela permet de fédérer autour de valeurs communes de dépassement de soi et cela crée une forme de solidarité nouvelle », a ajouté Thomas Coutanceau.
Si le sport en entreprise était autrefois plutôt réservé aux grands groupes, il devient aujourd’hui la préoccupation de tout type d’entreprise. « Les demandes que reçoit la fédération se multiplient et se diversifient. Nous avons des propositions de regroupements d’entreprises sur la base géographique. Par exemple, une entreprise avec quatre salariés et une autre avec 45 collaborateurs peuvent monter une équipe de foot pour jouer ensemble le midi », a illustré Frédéric Delannoy.
Et le mieux, pour Stéphane Diagana, c’est de tester ! « Pourquoi ne pas demander à une entreprise de donner, par exemple, la dernière demi-heure du vendredi pour faire une activité physique sur le temps de travail ? Est-ce que l’entreprise s’en porterait moins bien ? En tout cas, elle enverrait un message fort. »
* Étude « Sport en entreprise » réalisée par le MEDEF, le CNOSF (Comité national olympique et sportif français), le ministère des Sports et l’Union sport et cycle, parue en septembre 2017.
Des messages forts dans cet article.
L’activité physique, comme activité indispensable dans la lutte contre la sédentarité, est indéniable. Il reste à convaincre les non pratiquants de profiter de cet élan collectif en entreprise pour se lancer dans une pratique physique.
L’organisation du travail dans tous les services au sein d’une même entreprise, est nécessaire afin de fédérer l’ensemble du personnel dans cette aventure.
Stéphane Diagana ouvre une porte. L’entreprise doit permettre à tous de s’y engouffrer!