Dans les centres Écouter Voir, le concept de consultation à distance d’un audioprothésiste a été testé en 2017, puis largement déployé en 2020. L’idée de la téléaudiologie est née d’un constat : tandis que le marché de l’audition est en forte croissance (+ 6 % d’aides auditives vendues par les fabricants aux audioprothésistes en 2019*), la disponibilité des audioprothésistes se réduit…
Dans ce contexte, les centres Écouter Voir se sont posé une question simple : comment permettre aux patients d’obtenir un rendez-vous dans des délais raisonnables (moins de dix jours) tout en préservant le niveau de qualité du service rendu ?
« La téléaudiologie n’est proposée qu’aux patients que l’on connaît déjà, précise Fabrice Natovova, audioprothésiste membre du réseau Écouter Voir. Car l’idée n’est pas de découvrir une situation ou de faire un rendez-vous en mode « dégradé », mais bien de proposer une alternative au patient pour une consultation de suivi ou d’urgence lorsque l’attente est excessive. »
Autrement dit : en cas de planning surchargé ou d’absence d’un professionnel pour X raisons (congés, formation, maladie), une téléconsultation avec un autre audioprothésiste du réseau est systématiquement proposée.
Pour cette consultation, le patient se rend néanmoins dans son centre Écouter Voir habituel où il est pris en charge par un(e) assistant(e) qu’il connaît déjà. Le rendez-vous se déroule dans une cabine dédiée, dans laquelle un écran permet de voir et d’échanger avec l’audioprothésiste à distance.
« Grâce à un logiciel, le professionnel a accès à l’historique du patient et « prend la main » sur ses aides auditives », précise Fabrice Natovova. Cela signifie qu’il peut réaliser 95 % des gestes techniques que l’on fait généralement « en présentiel » : test de localisation spatiale, réglage de l’appareil, etc.
« La seule mesure que l’on ne fait pas à distance est la mesure in vivo car elle nécessite de placer une sonde dans l’oreille, indique l’expert. Il s’agit d’un geste technique que seul un audioprothésiste présent aux côtés du patient est apte à réaliser. »
La législation impose deux rendez-vous par an minimum, pendant quatre ans, pour le suivi d’une personne appareillée. « La prestation est réglée d’emblée par le patient lorsqu’il achète ses aides auditives », remarque Fabrice Natovova. Charge ensuite à l’enseigne d’assurer cette continuité de service. La téléaudiologie représente ainsi un atout complémentaire pour éviter les ruptures dans le parcours du patient, mais n’a aucunement vocation à remplacer un rendez-vous traditionnel qui peut être assuré dans des délais raisonnables.
« De même, il n’y a pas d’obligation pour le patient d’accepter une consultation à distance, souligne l’audioprothésiste. Si ce dernier préfère attendre le retour de son audioprothésiste habituel, son choix s’impose. »
* Données issues du Syndicat national de l’industrie des technologies médicales (Snitem).