Thierry Beaudet, président du Groupe VYV, a introduit le colloque organisé par VYV Care : « VYV Care fournit la pleine démonstration du positionnement original de notre groupe dans le paysage de la Mutualité et, plus largement, dans celui de la protection sociale ». Et d’expliquer : « Au terme mutuelle, on associe communément assurance santé. Mais nous sommes plus que des assurances santé. Nous ne sommes pas solubles dans l’assurance, nous sommes des acteurs de prévention, offreurs de soins, gestionnaires de services et d’établissements qui bénéficient à tous les Français, de la crèche à l’Ehpad*, dans tous les territoires ». En d’autres termes, « être mutualiste, c’est une manière de vouloir répondre aux risques sociaux auxquels sont confrontés nos concitoyens ».
Autant de raisons qui justifient la volonté d’intervenir dans le débat public annoncé par les pouvoirs publics sur l’organisation des soins. Dans ce contexte, le mouvement mutualiste a analysé un récent rapport du Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance maladie (Hcaam), organe de réflexion et d’anticipation des besoins, qui prône un changement important de l’architecture de notre système de soins. Actuellement, celui-ci repose sur le maillage hospitalier. Or, il devrait, selon le Hcaam, être articulé autour des bassins de vie, remettant ainsi le citoyen au centre de l’organisation. Des propositions qui, selon Thierry Beaudet, « résonnent avec les perceptions qui sont les nôtres ».
Présentant, pour la première fois, la contribution du Hcaam à la réforme, Anne-Marie Brocas, sa présidente, a témoigné « d’une conscience partagée d’un sentiment de crise dans notre système de santé ». Elle a constaté que le système actuel n’est plus adapté à la prise en charge des malades chroniques. Pire, il est facteur d’inégalités sociales et territoriales, « donnant le sentiment d’abandon de certains territoires », tout en soulevant des questions sur la place des usagers et des professionnels de santé. Pour répondre à cela, le Hcaam préconise « une transformation profonde du système et non une transformation par petites touches ». L’idée est de partir des services attendus par la population et non de l’offre qui existe. Ce qui revient à inverser la logique qui prévaut encore aujourd’hui.
Pour Anne-Marie Brocas, ce que la population attend d’abord, c’est d’avoir facilement, et rapidement, accès à un médecin traitant et, en cas de besoin, à un spécialiste. « Pour répondre à ces services attendus, il nous semble capital d’avoir des professionnels et des structures porteurs de valeurs qui leur permettent de s’engager », a-t-elle précisé.
En ce sens, une piste majeure, au centre d’un « schéma de rupture » : « mettre fin au cloisonnement institué au milieu des années 1970 entre prévention, soins et médico-social ». Ce qui permet de mettre « un réseau territorial de proximité fortement intégré », permettant d’associer soins ambulatoires et hospitaliers pour répondre aux besoins de la population d’un bassin de vie, et de redéfinir les missions des différents établissements pouvant intervenir dans la chaîne de soins. « Tous les exemples nous montrent que c’est le maillage de proximité qui permet de répondre aux besoins de santé globaux et de réduire les inégalités sociales de santé », a souligné Anne-Marie Brocas.
Les échanges qui ont suivi cette présentation ont permis à Bruno Favier, directeur médical de MGEN, de considérer que « ce rapport, à chaque page, correspond à des valeurs soutenues par le monde mutualiste ».
« Compte tenu des fractures de notre pays, je pense que l’on peut être dans une logique de rupture », a estimé pour sa part Stéphane Junique, président de VYV Care et d’Harmonie Mutuelle. Ainsi, la volonté de décloisonnement constitue une opportunité pour VYV Care de s’inscrire dans le mouvement de transformation. Stéphane Junique a évoqué un exemple : « Nous allons expérimenter dans nos Ehpad* des consultations de médecine générale pour toute la population » car, a-t-il expliqué en pointant la question de la désertification médicale, « autant utiliser les établissements existants ».
Dans le même sens, on retiendra l’invitation de Nathalie Nieson, maire de Bourg-de-Péage et trésorière de l’Association des petites villes de France, qui « ne rêve que d’une chose, c’est qu’une structure telle que la vôtre vienne me voir en me proposant l’installation d’un centre mutualiste sur ma commune ou mon territoire ». Quelle serait sa réaction ? « Je reprendrais mon rôle d’élue en vous trouvant des terrains, en installant des parkings, des transports… ».
« Avec les mutualistes, les associations d’usagers ont des choses et des valeurs en commun, qui font que l’on travaille déjà ensemble et que l’on pourrait encore faire plus, y compris sur les questions de prévention », a complété Arnaud de Broca, représentant des associations d’usagers de France Assos Santé.
En conclusion, Stéphane Junique a porté une conviction : « Nous pensons que nous ne sommes qu’au début de l’adaptation des réponses et des services à apporter pour faire face à tous les enjeux de la transformation de notre société ». Les réalités sont très différentes d’un territoire à l’autre. « Pour autant, la réponse aux besoins doit être apportée de la même manière. Donner dans les territoires les moyens qui permettent d’agir est quelque chose que nous portons. La proximité est un élément de l’ADN de VYV Care ».
De façon concrète, le président de VYV Care et d’Harmonie Mutuelle considère qu’à travers la diversité des métiers et des offres du Groupe VYV, « ses différentes composantes sont en capacité de proposer des solutions qui donnent aux mutualistes l’occasion d’être des acteurs de la transformation du système de santé ». Il propose de poursuivre dans ce sens afin de trouver les moyens d’agir pour donner au rapport du Hcaam des applications pratiques, et participer à la nouvelle stratégie nationale de santé.
* Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes.
Quelques repères sur VYV Care
Cette union regroupe 24 unions mutualistes territoriales, mutuelles dédiées ou associations ainsi que 6 structures associées. Elle compte plus de 1 000 établissements dans lesquels sont pratiqués 17 métiers (santé visuelle, dentaire et auditive, pharmacies, matériel médical, transport sanitaire, aide et soins à domicile, maintien à domicile, enfance, handicap, accompagnement des personnes âgées, centres et établissements de santé, y compris mentale, logement social, service funéraire…).