Cette première Agora mutualiste organisée par les délégués d’Harmonie Mutuelle de Meurthe et Moselle a permis de faire comprendre aux adhérents de la mutuelle, que la question du « comment serons-nous soignés demain ? » impliquait une prise de conscience sur le travailler et s’engager collectivement, que le monde des professionnels de santé devait intégrer les usagers, les malades leurs familles. Qu’une nouvelle organisation de la santé devait se mettre en place, que cette nouvelle médecine devait être préventive, prédictive, personnalisée et participative.
Un constat sur l’actualité en matière de santé et un rappel d’actions de prévention auprès des adhérents ,mené par Harmonie Mutuelle, a été fait par Madame Josiane LUTIQUE présidente du territoire. Josiane LUTIQUE a rappelé les engagements du mouvement mutualiste en matière d’éthique, qui place l’humain au centre de ses préoccupations, qui prône un accès égal pour tous, à des soins de qualité, de proximité.
Des professionnels de santé ont été invités à cette Agora, afin d’apporter des réponses aux questions préparées pour la manifestation, relatives à l’organisation de la santé, à la loi santé 2022, qui prévoit de réduire les déserts médicaux, d’avoir plus de médecins, de maisons de santé, d’utiliser le numérique, le déploiement des communautés professionnelles de santé (CPTS).
Madame Éliane PIQUET médecin et déléguée de l’ARS (agence régionale de santé) de Meurthe et Moselle a présenté le rôle de l’ARS 54. Les problèmes liés aux urgences ont été abordés. Le projet de santé régional a été évoqué. Les médecins généralistes ont un parcours individuel, les maladies chroniques comme le diabète par exemple,nécessitent un suivi pluridisciplinaire. Les maisons de santé sont une révolution pour les médecins travaillant dans ces établissements, car le partage entre les professionnels de santé offre une vision à « 360 degrés »sur la pathologie d’un patient. Par exemple, le traitement d’un diabète pour un conducteur routier et d’une personne âgée est différent pour la même maladie. Le médecin doit être formé à cette approche d’exercice coordonné qui prend en compte également, ce qui entoure le patient ,sa famille, les aidants…. Madame PIQUET, sur la question du déploiement des CPTS, pense que cela ne doit pas se faire contre la volonté des professionnels de santé.
Madame Beauregard, ergothérapeute et coordinatrice de la CPTS du sud Toulois, rappelle que c’est à l’initiative de L’ARS 54 que la CPTS a été créée. Les professionnels de ce secteur rural ont écrit ce projet de santé à partir des besoins recensés par l’ARS et les besoins recensés par eux même sur le territoire. La CPTS est en place depuis un an. D’autres acteurs comme des associations, communes, communauté de communes,qui ne sont pas des professionnels de santé, mais qui de part leurs fonctionnement sont en contacts avec les problèmes de santé, intègrent cette organisation afin de proposer des réponses à des besoins sociaux comme l’emploi, l’insertion, la famille….. Cette organisation implique tous les acteurs de ce territoire, qui par son histoire, a toujours habitué les forces vives du secteur à travailler collectivement. La présence de maisons de santé sur ce secteur a permis naturellement la création de la CPTS. Les acteurs développent une expérience qui préfigure le comment serons nous soignés demain avec « l’itinéraire thérapeutique du patient ». Le mot patient sera remplacé par le mot habitant. Cette expérience sera proposée aux habitants dans les villages. Actuellement cela est proposé dans les hôpitaux. Le but est de faciliter l’accès aux soins près des habitants, de les rendre acteurs , de leur faire comprendre ce qui arrive, de leur donner les moyens de trouver des solutions. Tout cela se passe en coopération avec l’hôpital.la CPTS est le liant entre les professionnels de santé, l’hôpital, les autres acteurs.Les médecins se forment à l’éducation thérapeutique du patient. Les actes de prévention sont rémunérés. Un exemple, un médecin pourra conseiller à un patient diabétique d’aller faire une activité dans une association du territoire pour ne plus s’ennuyer, et éviter ainsi de manger plus, parce que celui ci s’ennuie à la maison. Le lien se fait entre l’habitant, le professionnel de santé, l’association. Cette approche globale, les professionnels de santé ne l’ont pas appris, il faudra leur laisser le temps de se former. L’habitant a toute la possibilité de suivre ou ne pas suivre les recommandations. La liberté individuelle du malade est respectée, il n’est pas question de culpabiliser le malade. Le constat est que les professionnels de santé ont changé leur regard vis à vis de leurs patients, ils prennent plus de temps pour les examiner, leur parler. Madame BEAUREGARD indique que prochainement les habitants du territoire seront représentés au niveau de la CPTS.
Monsieur Hervé PIERROT directeur de deux EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) représentait l’OHS de lorraine,établissement privé à but non lucratif qui aura 100 ans en 2020. l’OHS de Lorraine est un acteur important dans l’organisation de la santé en Lorraine puisque qu’il gère plus de 30 établissements pour personnes âgées , personnes handicapées et de filières de soins pour la rééducation de certains patients après leur passage à l’hôpital. L’accompagnement des personnes en perte d’autonomie doit être coordonné, la réflexion doit se faire à partir du domicile avec les SSIAD (services de soins infirmiers à domicile) jusqu’à l’accueil en EHPAD. le projet de l’OHS c’et la coordination qui va jusqu’à l’échange de services entre acteurs différents, comme par exemple l’EHPAD de la ville de FOUG dans le Nord Toulois et la Mairie de FOUG ou des écoliers prennent leur repas de midi à l’intérieur de l’EHPAD. Concernant la télémédecine, une analyse des besoins du territoire doit se faire, il faut éviter de faire des copiés-collés. La coordination des acteurs de santé est nécessaire pour avoir un vision territoriale, afin de savoir ce que chacun est en capacité de faire.
Messieurs Sébastien DENOMME et Olivier PRADIER représentaient la CPAM 54 (Caisse primaire d’assurance maladie). Ils ont présenté le DMP.
Le DMP ou carnet de santé numérique contiendra des informations personnelles du patient comme la ou les pathologies, les analyses, les comptes rendus d’imageries. Ce sera à terme un confort pour les professionnels de santé et le patient. Cela nécessite une coordination dans les échanges, pour que le patient soit pris en charge correctement. La loi santé 2022 prévoit un DMP pour tous mais il n’est pas obligatoire. C’est un grand défi pour les CPAM, car le DMP devra être complété par les professionnels de santé libéraux. En terme de protection des données, l’accès au dossier se fait avec l’accord du patient, c’est sa carte vitale qui donne l’accès aux contenus de son DMP. Toute action dans le DMP sera tracée et le patient pourra savoir qui et quand a enrichi le dossier. Les professionnels de santé n’auront pas tous le même accès au DMP. la CPAM n’aura pas accès au DMP. Les patients qui actuellement n’ont pas ou peu d’accès internet auront toujours la possibilité de consulter leur dossier auprès d’une tierce personne.
Les hôpitaux de proximité ont fait l’objet d’explications quant à leur déploiement dans le département, et également à leurs missions notamment au niveau des urgences, l’hôpital doit être en réseau avec son territoire. Le problème du nombre de médecins en Meurthe et Moselle se pose dans le pays Haut avec la proximité du Luxembourg . L’intérêt des maisons de santé qui permet de travailler autrement a été rappelé. La présence d’assistants médicaux dégagera du temps administratif pour les médecins ( exemple,un dossier MDPH est lourd à établir).