Les auteurs, Étienne Caniard et Gaby Bonnand, ont à eux deux une très bonne connaissance du système de santé français, de ses failles, de ses forces et de ses enjeux.
Étienne Caniard, après avoir été membre du Haut comité de la santé publique lors de sa création en 1991, a exercé de nombreuses responsabilités dans le monde de la protection sociale. Il a notamment présidé la Fédération nationale de la Mutualité française (FNMF) de 2010 à 2016. Il a également été co-organisateur des États généraux de la santé en 1998, auteur d’un rapport sur la place des usagers dans le système de santé qui a inspiré une partie de la loi sur les droits des malades de 2002. Étienne Caniard a été nommé membre du premier collège de la Haute autorité de santé lors de sa création en 2004.
Gaby Bonnand a quant à lui été chargé de 2002 à 2010, au sein de la confédération CFDT, des questions de protection sociale et de santé, et à ce titre membre de 2004 à 2010 du Haut conseil pour l’avenir de l’Assurance maladie. Conseiller protection sociale à Harmonie Mutuelle de 2012 à 2016, il est aujourd’hui délégué mutualiste Harmonie Mutuelle en Ille-et-Vilaine et pilote un travail sur les évolutions de la protection sociale et la place des mutuelles.
Le livre Santé : je veux qu’on m’écoute ! Patients, soignants, citoyens, ouvrons le débat de Gaby Bonnand et Étienne Caniard est sorti le 25 avril 2019 aux éditions de l’Atelier.
La question de la santé est délicate car s’y confrontent l’expérience personnelle et l’intérêt collectif. Si la médecine a gagné en technologie, efficacité et réactivité, beaucoup considèrent que c’est au détriment de l’humain, de l’empathie et de la considération. Pour dresser l’état des lieux de ce grand corps fragile, les deux auteurs ont exploré, interrogé et beaucoup écouté.
Ils ont recueilli les récits et expériences d’une quarantaine de témoins, aux profils divers – usagers du système, patients mais aussi professionnels de la santé. À la manière d’une boîte de dialogue, et sans qu’un jugement ne s’esquisse. Chacun pourra ainsi, de près ou de loin, s’identifier à l’un des protagonistes, y trouver une résonance avec une situation vécue par un proche, un voisin, un ami, un soignant. Y trouver, peut-être, des explications ou mieux : des réponses.
Les différents témoignages ont été regroupés et croisés par thèmes. Soit douze chapitres qui s’intéressent aux urgences, à la culpabilité du malade, à l’entrée en Ehpad*, au handicap ou à la solitude de l’aidant. Chacun se clôt par une rubrique intitulée « Des clés pour comprendre » : précieuse boîte à outils qui compile textes de lois, chiffres et statistiques utiles à la compréhension du système. Au fil des pages, on croise Anna avec son enfant malade et désemparée par les urgences citadines, Françoise qui longtemps a eu honte d’être malade, Jean-Pierre et son père à l’heure du placement en Ehpad*, Hélène l’aide-soignante et ses états d’âme, Pierrette et ses cancers…
* Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes.
Confrontés pour une raison ou une autre au système de santé, bousculés alors qu’ils étaient en situation de fragilité, témoins ou acteurs, ils confient leur désarroi, la perte de repères, leur colère parfois. Mais ils évoquent aussi les personnes et les ressources qu’ils ont pu trouver pour dénouer les nœuds, aller de l’avant.
Et c’est autant de portes ouvertes sur des problématiques et des pistes de réflexion pour les résoudre : l’opportunité de maintenir un système centralisé, la valeur et l’utilité de l’engagement militant, les modes d’exercice de la médecine à privilégier, les règles de financement et de rémunération des actes médicaux, la nécessité de raisonner en termes de parcours de santé…
Ces questions doivent trouver leur place dans ce vaste chantier de réorganisation du système, pour qu’il réponde à la double exigence de l’égalité d’accès aux soins et de la prise en compte des particularités de chaque individu et de son environnement. L’équation n’est pas simple, mais la résoudre en conjuguant mathématiques et sciences humaines serait un formidable progrès…