Le mutualisme : un modèle d’avenir ?

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Alors que le modèle mutualiste est parfois remis en cause par certains, il est toujours aussi moderne et fait la preuve de son utilité dans notre société. Le point avec Olivier Pastré.

Le mutualisme : un modèle d’avenir ?

Olivier Pastré en quelques mots

Olivier Pastré« Fondateur avec Jean-Hervé Lorenzi des Assises Internationales de la Coopération et du Mutualisme, Olivier Pastré est également professeur d’économie à l’Université Paris VIII et auteur de nombreux ouvrages dont « Le roman vrai de la crise financière ». »

 

La proximité, la solidarité, la non-obsession du profit et la démocratie sont les fondements philosophiques des mutuelles. En quoi ces valeurs sont-elles actuelles ou dépassées ?

Les valeurs concrètes et vivantes du mutualisme sont particulièrement adaptées à notre période de transformations multiples. Le client (adhérent ou sociétaire) est associé au projet économique, social et politique de la mutuelle ou de la coopérative. Cette proximité d’intérêt et souvent géographique, ainsi que le fonctionnement démocratique (un homme égale une voix) constituent une force dans cette époque marquée par la mondialisation car les décisions sont prises par ceux qui sont concernés, par les représentants des clients. La solidarité est bien entendu essentielle alors que les inégalités et l’exclusion augmentent. Enfin, la non-obsession du profit tranche avec les obsessions lucratives : la prise de risques excessifs est limitée car la mutuelle n’y est pas poussée par des actionnaires en quête de dividendes à court terme. Elle permet aussi de dégager des capacités d’investissement pour préparer l’avenir.

 

Pour autant, si le modèle est actuel, dans quelle direction doit-il progresser ?

Toutes les organisations doivent se moderniser, et le mouvement mutualiste n’y fait pas exception. C’est sans doute sur le terrain de la communication et de la pédagogie que le système mutualiste a le plus de progrès à accomplir. Le « savoir-faire », c’est bien, mais, dans un monde surmédiatisé, le « faire savoir » est au moins aussi indispensable.

Tout d’abord, ce système doit se moderniser de l’intérieur, en continuant ses efforts sur la transparence de son fonctionnement. Combien de clients des mutuelles connaissent et comprennent les principes et les vertus du mutualisme ? En d’autres termes, combien de clients des mutuelles sont de « véritables » adhérents ?

Il doit également renouveler sa communication vers le grand public. Pour cela, il ne doit pas simplement copier les codes des sociétés de droit capitalistes, il doit au contraire y intégrer ses spécificités et intensifier ses efforts car il est vulnérable et ses atouts sont encore relativement méconnus aujourd’hui.

 

Des efforts de communication auprès des décideurs politiques doivent-ils également être poursuivis ?

Les Assises de la Coopération et du Mutualisme que nous organisons depuis quatre ans sont parmi les rares manifestations où les différentes familles de mutualistes et de la coopération se parlent et où ils peuvent parler au pouvoir politique.

La période actuelle est une période de réglementation et les mutualistes doivent davantage s’exprimer, tant auprès des instances nationales qu’européennes, pour faire mieux connaître et reconnaître leur spécificité.

Les dirigeants des coopératives et des mutuelles doivent être plus offensifs et unis pour défendre et promouvoir ce qui fait la force du modèle. Le mutualisme est peut-être l’avenir de nos économies de marché. Encore faut-il qu’il s’en convainque et qu’il en convainque les autres.

  • Jean Chezaubernard
  • Crédit photo : Skynesher/Istockphotos

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