Épargne retraite : comment agir pour augmenter ses revenus ?

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Par Émilie Gilmer

Temps de lecture estimé 7 minute(s)

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Jugée complexe ou illisible, l’épargne retraite est encore peu utilisée par les Français. Elle permet pourtant de s’assurer un complément de revenus au moment de la retraite et vient d’être redynamisée par la loi PACTE*. L’éclairage de Constance Bruyelle, directrice des offres épargne retraite au sein du Groupe VYV.

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Portrait Constance Bruyelle

Constance Bruyelle, experte de l’épargne retraite, explique l’intérêt de se renseigner tôt, idéalement dès l’âge de 35-40 ans, sur la souscription d’un produit retraite, dans le but de sécuriser son avenir. Elle décrypte également les caractéristiques du nouveau Plan d’épargne retraite (PER) – issu de la loi PACTE – rendu plus souple et attractif que ses prédécesseurs (PERP, contrat Madelin).

À quoi sert l’épargne retraite ?

Constance Bruyelle : L’épargne retraite vise à vous apporter un complément de revenus qui vous sera versé à la fin de votre vie active, afin de combler le fossé à prévoir entre votre niveau de salaire et votre niveau de retraite.

En effet, pour un salarié non-cadre ayant une carrière complète, les pensions de retraite ne couvriront que 74,6 %** des revenus en fin de carrière (entre 40 et 70 % pour un travailleur non salarié). Bien sûr, ce taux varie considérablement selon les situations, les régimes et les parcours professionnels. En particulier, plus votre revenu est élevé, plus ce taux sera bas. Mais cela signifie que le passage à la retraite se caractérise systématiquement par une diminution de revenus. Cela induit ainsi un niveau moyen de retraite relativement faible. Selon la dernière étude de la DREES***, la pension de retraite moyenne, tous régimes confondus, s’établit à 1 504 euros brut mensuels (1 382 euros net).
Économiser pour sa retraite devient donc une nécessité afin de maintenir son niveau de vie. Cette réalité est par ailleurs renforcée par l’allongement de l’espérance de vie. Car celle-ci exerce une forte pression sur la capacité des systèmes de retraite obligatoires par répartition à assurer le maintien du pouvoir d’achat des retraités et futurs retraités.

Le choix entre une rente et un capital

Vers quel produit se tourner pour l’épargne retraite ?

C.B : Face à une offre jugée peu lisible, le législateur a souhaité uniformiser les produits retraite et apporter plus de transparence via la création du Plan d’épargne retraite (PER).

L’un des avantages de ce produit, comparativement aux anciennes offres, est de vous laisser le choix entre une sortie en capital, c’est-à-dire le versement d’une somme au début de votre retraite, et une sortie en rente. Dans ce dernier cas, votre épargne est transformée en versements réguliers (mensuels par exemple), échelonnés dans le temps, qui sont calculés selon différents paramètres dont votre espérance de vie.

Comment choisir entre capital et rente ?

C.B : Le problème de la rente est qu’elle peut paraître un peu décevante au regard de l’épargne capitalisée, alors que le capital vous permet de toucher en une fois une somme conséquente. Néanmoins, avec la rente, vous avez l’assurance d’un complément de revenus pour le restant de vos jours, ce qui est un gage de sécurité, surtout si vous vivez très longtemps.

A contrario, avec le capital, vous touchez certes une somme conséquente en une seule fois, mais la capacité à vous délivrer un revenu complémentaire tout au long de votre retraite dépendra essentiellement de la gestion sur le long terme de ce capital. À noter enfin que le traitement fiscal de la sortie en capital peut être moins avantageux que celui de la sortie en rente.

35-40 ans, l’âge idéal pour souscrire

À quel âge faut-il commencer à s’intéresser à l’épargne retraite ?

C.B : En toute logique, plus vous commencez à épargner tôt pour votre retraite, moins l’effort d’épargne sera important. Même s’il est plus vraisemblable, en début de carrière, que l’on soit intéressé par l’achat de son premier bien immobilier, il est recommandé de commencer à épargner pour sa retraite vers 35-40 ans. Ainsi, vous bénéficierez d’une période suffisante pour mettre de côté un capital intéressant avec un effort d’épargne acceptable.
Mon conseil, dans tous les cas, est de mettre en place des versements réguliers, qui pourront être augmentés dans le temps en fonction de votre capacité d’épargne. Comme le dit l’adage, les petits ruisseaux font les grandes rivières. Ainsi, verser une somme raisonnable tous les mois pendant plusieurs années est forcément moins douloureux que de devoir débloquer des sommes importantes sur un laps de temps très court.

Et si j’ai besoin de cet argent plus tôt ?

C.B : La loi PACTE a augmenté les cas de déblocage anticipé du PER. Auparavant, les possibilités de déblocage étaient restreintes et variaient d’un produit à l’autre.

Aujourd’hui, vous pouvez par exemple accéder à cet argent pour l’achat de votre résidence principale, ou en cas de coup dur, par exemple au moment de l’expiration des droits à l’assurance chômage pour un salarié ou cessation d’activité pour un non salarié (à la suite d’un jugement de liquidation judiciaire).

Cette flexibilité et cette souplesse apportées au produit ont d’ailleurs pour vocation de le rendre plus attractif.

Des versements déductibles de vos revenus

Justement, en quoi l’épargne-retraite se distingue-t-elle de l’épargne classique ?

C.B : C’est une question de temporalité. Le PER individuel vous accompagne pendant toute votre vie professionnelle avec l’objectif de vous apporter un complément de revenus dès le début de votre retraite. À l’inverse, l’épargne « classique » a vocation à répondre à des projets à court et moyen terme ou à faciliter, par exemple, la transmission aux enfants ou petits-enfants, avec l’assurance-vie.

Autre élément qui distingue le PER : vous pouvez « l’alimenter » par différents canaux. Soit par des versements volontaires (en y effectuant vous-même des versements, de manière ponctuelle ou régulière), soit en y transférant des sommes issues de l’intéressement, de la participation et de l’abondement de votre employeur, des jours de repos ou des versements obligatoires de votre entreprise.

Dernier point notable : le PER possède des avantages fiscaux importants. Il est possible de bénéficier de ces avantages au moment de la souscription (en déduisant de votre revenu imposable les versements effectués sur votre PER) ou « à la sortie » (en profitant d’une taxation allégée**** si vous choisissez le capital ou en profitant d’une imposition réduite si vous choisissez la rente*****).

Quels sont vos conseils pour éviter les erreurs ?

C.B : L’objectif est de trouver le bon équilibre entre un conseil performant et des tarifs raisonnables. En effet, il est essentiel de se faire accompagner par un conseiller comme celui de votre mutuelle par exemple. C’est lui qui vous aidera à calibrer la solution la mieux adaptée à vos besoins et qui vous guidera, éventuellement, vers des labels d’investissement responsable, d’épargne solidaire ou vers le label Greenfin (anciennement label « Transition énergétique et écologique pour le climat »).

Pour autant, il faut se montrer vigilant quant aux frais engagés (notamment les frais de gestion et les frais appliqués sur les versements) : s’ils sont trop élevés, ils peuvent plomber la performance de votre épargne. L’erreur, dans tous les cas, est de rejeter ce type d’épargne au motif que l’on n’a pas les connaissances nécessaires.

* Loi du 22 mai 2019 relative à la croissance et la transformation des entreprises.

L’épargne retraite en pratique

Paul est salarié du secteur privé (non-cadre), il est âgé de 40 ans, célibataire et il touche 2 500 € bruts par mois. Sans évolution de ses revenus professionnels, ses revenus estimés à la retraite sont de 1 517 € bruts* par mois à 65 ans. Paul décide de souscrire un PER avec un versement initial de 500 € et des cotisations périodiques mensuelles de 200 €.

Sortie en rente viagère à 65 ans :

▪ Avec un taux de rendement** de 2,25 %, sa rente annuelle s’élèvera à 2 445 € (soit 203 € par mois).

▪ Dans une hypothèse optimiste (2,75 %), elle s’élèvera à 2 616 € (soit 218 € par mois).

▪ Dans une hypothèse pessimiste (1,75 %), elle s’élèvera à 2 287 € (soit 190 € par mois).

Sortie en capital à 65 ans :

▪ Avec un taux de rendement de 2,25 %, son capital s’élèvera à 79 034 €.

▪ Dans une hypothèse optimiste (2,75 %), il s’élèvera à 84 562 €.

▪ Dans une hypothèse pessimiste (1,75 %), il s’élèvera à 73 935 €.

* Ceci est une estimation purement indicative, qui n’inclut aucunement une reconstitution de carrière

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