Retraite : pourquoi étudier le rachat de trimestres ?

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Par Clémence Dellangnol

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Pour prendre sa retraite à taux plein, il faut avoir atteint l'âge légal de départ à la retraite et avoir cotisé un nombre suffisant de trimestres, variable selon son année de naissance. À défaut, le montant de la pension subit une décote. Pour l'éviter, il est possible de racheter les trimestres manquants. Une opération pas toujours avantageuse, à bien soupeser avant de se lancer.

Première étape : faire le point sur sa carrière. Il suffit pour cela de consulter son relevé de carrière, accessible rapidement (et quel que soit l'âge) dans son espace personnel sur le site de l'Assurance retraite. « Dès le premier emploi, l’Assurance retraite ouvre un compte individuel, dans lequel figurent les rémunérations et toutes les données du parcours professionnel de l’assuré, explique Philippe Bainville, expert retraite à la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav). Mais il peut y avoir des erreurs ou des oublis : un job d'été, un trimestre de majoration pour enfant handicapé… » Justificatifs à l'appui, la régularisation est possible à partir de 55 ans.

Demander un devis pour racheter des trimestres

Une fois le parcours complété, plus de doute sur le nombre de trimestres manquants. L'option du rachat – également appelé « versement pour la retraite » – est alors à étudier. Il permet d'acquérir jusqu'à 12 trimestres supplémentaires, dans des conditions qui varient selon la situation : années d’études supérieures ou années incomplètes, paiement de cotisations arriérées, régularisation spécifique aux artistes-auteurs...

En quelques clics, un simulateur accessible depuis l'espace personnel peut offrir une première estimation du coût du rachat de trimestres et de l'impact sur le montant de la pension. Pour des informations plus détaillées, mieux vaut demander un devis à sa caisse vieillesse. Totalement gratuite, la procédure est ouverte à tous les actifs entre 20 et 67 ans. « En pratique, cela n'a pas d'intérêt de solliciter un devis trop tôt, tant qu'on n'a pas de visibilité sur l'ensemble de sa carrière », souligne l'expert de la Cnav, qui préconise plutôt d'attendre d'être « proche de l'âge de départ à la retraite ».

Comprendre le mécanisme du calcul du montant de la retraite

Le niveau d'une pension dépend de trois facteurs :

  • le revenu des 25 meilleures années (dans la limite du plafond de la sécurité sociale),
  • le taux (50 % maximum),
  • le nombre de trimestres validés par rapport au nombre requis.

Le coût du trimestre, lui, est calculé à partir de l'âge auquel il est acheté (plus l'assuré est jeune, moins le tarif est élevé), du revenu moyen des trois dernières années et de l'option de rachat retenue. Il existe en effet deux possibilités :

  • le rachat « au titre du taux seul » permet de réduire les effets d'une éventuelle décote sur le montant de la pension de retraite de base ;
  • le rachat « au titre du taux et de la durée d’assurance » permet d'intervenir sur les deux paramètres. La seconde formule étant plus avantageuse, elle est aussi plus coûteuse.

« Quelle que soit l’option choisie, le rachat ne permet pas une liquidation anticipée », insiste Philippe Bainville. En clair : le versement pour la retraite ne permet pas de partir avant d'avoir atteint l’âge légal, mais seulement de réduire ou d'annuler un abattement. Attention, les périodes rachetées ne sont pas non plus retenues pour le calcul du revenu annuel moyen.

Bon à savoir enfin : depuis le 1er janvier 2019, l'accès à une retraite à taux plein au régime général ne permet plus de bénéficier automatiquement de la totalité de la retraite complémentaire. Si les deux pensions sont liquidées en même temps, l'Agirc-Arrco applique une minoration  de 10 % pendant trois ans.

Affiner son projet pour améliorer le montant de sa retraite

Ce n'est qu'après avoir collecté toutes ces informations qu'il est possible de déterminer si l'opération est avantageuse. « Concrètement, il s'agit de calculer au bout de combien de temps on récupérera ce qu'on a investi », résume l'expert de la Cnav. C'est-à-dire, de croiser le prix du ou des trimestres avec le gain annoncé sur le montant de la pension, rapporté à l'espérance de vie. « En sachant qu'il est toujours plus coûteux de racheter un trimestre que de l'acquérir en cotisant par son activité professionnelle, il peut être plus intéressant de repousser son départ de quelques mois », observe Philippe Bainville.

Certains assurés à l'inverse – plutôt ceux affichant des revenus élevés – choisissent de s'appuyer sur ces projections pour négocier leur fin de carrière, en contrepartie d'une somme suffisante pour couvrir le rachat de trimestres. L'opération peut également relever d'une stratégie fiscale. En effet, les versements pour la retraite sont entièrement déductibles des revenus bruts imposables l'année du rachat. Une fois la décision prise, les démarches s'effectuent directement auprès de la caisse de retraite, qui propose un calendrier de paiement, comptant ou échelonné. En cas d'échelonnement des versements, la déduction fiscale s'étale dans le temps.

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