Alert’AVC : une application pour géolocaliser les victimes d’AVC

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Par Patricia Guipponi

Temps de lecture estimé 5 minute(s)

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L’outil digital de géolocalisation Alert’AVC fluidifie et raccourcit le parcours des patients victimes d’accident vasculaire cérébral, du transport au traitement en centre de soins. Les équipes de secours et les soignants sont ainsi mieux coordonnés et plus efficaces.

La prise en charge d’un accident vasculaire cérébral (AVC) est une course contre la montre pour les équipes de secours et les soignants afin d’éviter toute complication et séquelle. En effet, chaque minute passée marque la mort de deux millions de neurones dans le cerveau du patient victime d’AVC. « Toute demi-heure perdue équivaut à 15 % du champ de récupération en moins », confie le docteur Bertrand Lapergue, chef du service de neurologie de l’hôpital Foch à Suresnes dans les Hauts-de-Seine.

Ce dernier est à l’origine d’Alert’AVC, une application de géolocalisation et de coordination qui fluidifie et raccourcit le parcours des patients en alerte AVC. Le neurologue a travaillé à son développement avec Émilie Besnard, cheffe de projet digital, et avec le docteur Caroline Arquizan, responsable de l’équipe médicale neurovasculaire du CHU de Montpellier.

L’outil Alert’AVC est gratuit et strictement réservé aux professionnels de santé qui peuvent l’installer sur leur smartphone ou tablette via les stores en ligne.

Alert’AVC notifie aux soignants de se tenir prêts

L’application Alert’AVC donne en temps réel le délai estimé d’arrivée du patient aux équipes qui le réceptionnent. Elle permet de savoir à la minute près où il se trouve. L’équipe du Samu ou de pompiers qui achemine le patient se connecte sur l’application. L’alerte AVC est déclenchée. Une notification est envoyée à l’équipe de soignants à l’hôpital.

« À moins de 400 m de l’arrivée, une autre notification est expédiée », explique le docteur Lapergue. Les équipes soignantes se tiennent alors prêtes. « La coordination d’au moins une quinzaine de personnes, dont des spécialistes, s’impose pour la prise en charge aux urgences, la prise de sang, l’imagerie cérébrale, le traitement par thrombectomie mécanique* pour les AVC sévères… », poursuit le chef du service de neurologie de l’hôpital Foch.

Les patients en alerte AVC, qui nécessitent un traitement par thrombectomie, peuvent arriver à toute heure du jour et de la nuit. « On manque de synchronisation. L’enjeu d’Alert’AVC est de mettre en contact et de mieux coordonner tous les soignants pour améliorer cette prise en charge. » On estime que 10 000 procédures de traitements par thrombectomie sont pratiquées en France chaque année.

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L’application Alert’AVC permet aux équipes soignantes d’accélérer la prise en charge d’une victime d’AVC et ainsi de gagner de précieuses minutes. Crédit photo : DR.

Équiper les soignants en charge des AVC de smartphones et tablettes

L’hôpital Foch de Suresnes est le principal financeur d’Alert’AVC, lancée depuis deux ans. L’outil est principalement utilisé à l’ouest de l’Île-de-France. « Le déploiement de l’application a été ralentie par le Covid. Par ailleurs, il faut équiper les équipes de secours et les services hospitaliers en smartphones et tablettes. C’est en cours pour les pompiers de Paris », reconnaît le docteur Lapergue.

Cette année 2022, l’application est attendue dans toute l’Île-de-France, à Nantes, Tours, Orléans, Bordeaux et en Occitanie sur le CHU de Montpellier. « C’est un centre de soins précurseur dans le développement de nouveaux modes d’admission des patients en AVC graves », souligne le neurologue suresnois. Le Grand-Est bénéficiera cette année aussi d’Alert’AVC. « Le docteur Benjamin Gory, radiologue à Nancy, est lui aussi très impliqué dans l’amélioration de la prise en charge des AVC. »

Le docteur Bertrand Lapergue espère une couverture nationale rapide. « L’application est un outil supplémentaire dans la gestion de l’AVC. L’évolution digitale sécurisée de la santé permettent au corps médical de travailler plus vite et avec efficacité. » L’évaluation d’Alert’AVC et ses résultats seront décisifs. « Les premiers tomberont d’ici deux ans. Ils permettront de voir quel est le gain de temps induit par l’utilisation de l’application, le bénéfice apporté aux équipes qui s’en servent et aux patients ».

* La thrombectomie mécanique consiste à déboucher l’artère obstruée dans le cerveau.

150 000 AVC par an en France

L’accident vasculaire cérébral (AVC), communément appelé « attaque », survient lorsque la circulation du sang vers ou dans le cerveau est interrompue par un vaisseau sanguin bouché (85 % des cas) ou par un vaisseau sanguin rompu. C’est la troisième cause de mortalité en France après le cancer et les maladies cardiovasculaires.

L’AVC est la première cause de handicap acquis chez l’adulte et la deuxième cause de démence. Chaque année, environ 150 000 personnes sont atteintes d’AVC. 40 000 d’entre elles en meurent. Les trois quarts des personnes touchées par un AVC ont plus de 60 ans. Elles présentent la plupart du temps des facteurs de risques vasculaires (en particulier de l’hypertension artérielle mal soignée) ou font de l’arythmie cardiaque par fibrillation auriculaire.

À l’apparition des premiers symptômes de l’AVC, il faut appeler immédiatement le 15 pour que les secours arrivent au plus vite. Ces signes dépendent de la zone du cerveau atteinte et de l’étendue de la lésion. Les trois principaux symptômes sont la perte de la parole, une déformation de la bouche, une faiblesse d’un côté du corps (bras, jambe). Ils peuvent être accompagnés de troubles de l’équilibre, de forts maux de tête ou d’une baisse de la vision.

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