Covid-19 : pourquoi et comment continuer à se faire soigner ?

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Par Patricia Guipponi

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Lors du premier confinement, les Français ont renoncé massivement aux soins par crainte du Covid-19. En ce reconfinement, l’ensemble des ordres de la santé* alerte sur les risques encourus à ne pas se soigner. Le point avec les conseils nationaux des médecins, sages-femmes et pédicures-podologues.

Pourquoi faut-il continuer à se soigner ? 

La continuité des dépistages et des soins est essentielle afin d’éviter que la santé des patients ne se dégrade. « Le suivi médical est nécessaire, surtout dans quatre types de pathologies : les maladies métaboliques comme le diabète, les maladies cardio-vasculaires, les cancers, les maladies mentales », observe le docteur Jean-Marcel Mourgues, vice-président du conseil national de l’Ordre des médecins. Et Éric Prou, président du conseil national des pédicures-podologues d’ajouter : « La prévention, la détection précoce et la prise en charge de certaines pathologies par les cabinets de ville peuvent soulager et désencombrer les services hospitaliers. »

La patientèle des pédicures-podologues est constituée d’un nombre important de personnes atteintes d’affections chroniques. Il faut prévenir « la perte d’autonomie, préserver des risques de chute. Une inflammation, une infection, une douleur à un orteil sont parfois insupportables et ne doivent pas subir un retard de prise en charge ».

La continuité des soins est fondamentale pour les patientes des sages-femmes, qu’il s’agisse d’un suivi de grossesse ou d’un suivi gynécologique. « Une consultation médicale mensuelle à partir du quatrième mois et trois échographies sont recommandées quand on est enceinte. » La période du post-partum ne doit pas non plus être négligée. « L’arrivée d’un bébé et les suites de l’accouchement entraînent de la fatigue, des questions, des bouleversements. »

Le suivi gynécologique de toutes patientes induit une consultation par an pour évoquer la contraception et dépister certaines maladies comme les cancers ou les infections sexuellement transmissibles.

Port du masque dès 6 ans

Quelles sont les garanties de sécurité des cabinets de ville ? 

Les cabinets disposent de suffisamment d’équipements de protection pour assurer le bon suivi des actes de santé : masques, gel hydroalcoolique… « On nous demande d’avoir des réserves pour trois semaines au moins », explique le docteur Jean-Marcel Mourgues.

« Aujourd’hui, le pédicure-podologue assure tous les gestes barrières et l’hygiène au cabinet », assure Éric Prou. « Il porte une tenue adaptée, désinfectée en fin de journée de consultation. » Il en est de même, entre chaque rendez-vous médical, pour le matériel, de la table d’examen au fauteuil de soins.

La téléconsultation, largement développée par les praticiens, est une option qui peut être proposée au patient pour les consultations, examens et soins possibles à distance. « Cela rassure ceux qui craignent pour leur santé du fait d’une fragilité », reconnaît le vice-président de l’ordre des médecins.

Quelle démarche doit suivre le patient lors de la consultation ?

Le port d'un masque personnel est obligatoire dès l’âge de 6 ans. Le patient devra se désinfecter les mains à l’entrée du cabinet avec le gel ou la solution hydroalcoolique à disposition. Il est invité à se déchausser sur un emplacement délimité au sol et se rechausse au même endroit. Il est reconduit à la sortie sans stationner en salle d’attente.

Il est conseillé aux patients de limiter les effets personnels, de présenter la carte Vitale en début de consultation. Celle-ci sera désinfectée à la lingette. La carte bancaire est privilégiée aux espèces pour régler la visite. En cas d’émission de chèque, il est préférable d’utiliser son propre stylo.

Peut-on être accompagné ?

Les accompagnants sont déconseillés. L’objectif est d’éviter au maximum le croisement des personnes pour que le virus ne se propage pas. Il en va autrement pour les accouchements. Les maternités font leur maximum pour que les partenaires puissent y assister et être présents en suites de couches.

« Si le patient est mineur, ou en situation de handicap ou de perte d’autonomie, il peut être accompagné. L’accompagnant devra se munir d’une attestation de déplacement dérogatoire », précise le podologue Éric Prou.

Soins à domicile sous conditions

A-t-on besoin d'un autre document que l'attestation de déplacement pour motif médical pour consulter ?

Les soignants n’ont pas à délivrer de documents complémentaires. En cas de contrôle par les forces de l’ordre, les patients munis de leur attestation n’ont pas à justifier leur déplacement. Le motif de consultation relève du secret médical.

Le cabinet de consultation se trouve dans une autre ville. Dans quel périmètre peut-on se déplacer et pour combien de temps ?

Les patients peuvent se rendre dans une autre ville que la leur, munis d’une attestation de déplacement pour motif médical. Les limites kilométriques et d’horaires ne s’appliquent pas dans ce cas-là. « Il serait saugrenu de l’imposer. La désertification médicale sur certains territoires oblige beaucoup de patients à parcourir des kilomètres pour se rendre chez le médecin », remarque le docteur Jean-Marcel Mourgues.

Le praticien peut-il se déplacer jusqu'au domicile du patient ?

Les soins à domicile sont possibles sous certaines conditions de respect des gestes barrières : port du masque, hygiène des mains, aération du domicile quelques minutes avant l’arrivée du praticien.

Des règles sanitaires s’imposent pour le soignant, comme l’explique Éric Prou. « Le podologue-pédicure doit revêtir les équipements de protection individuels adaptés (masque, surblouse…), se munir d’une instrumentation stérile, des moyens de désinfection (solution hydroalcoolique, lingettes désinfectantes). » Il doit s’asseoir sur une chaise dont l’assise est recouverte d’un drap d’examen jetable.

Certains actes de soignants ne peuvent s’effectuer qu’au domicile du patient. C’est le cas des visites postnatales pour les sages-femmes.

Un autre état d’esprit

Les consultations chez les médecins généralistes ont chuté de 44 % durant le premier confinement. Certains spécialistes ont accusé une baisse de 80 % de fréquentations de leurs cabinets. « Plus des trois quarts des consultations déprogrammées n’ont pas été reprises à ce jour. », observe le docteur Jean-Marcel Mourgues.

L’état d’esprit des Français a changé depuis le premier confinement. C’est ce que les praticiens constatent dans leurs cabinets. La patientèle honore les rendez-vous pris avant le reconfinement et vient consulter avec moins de craintes. « La situation n’est plus la même. En mars-mai 2020, les équipements de protection faisaient défaut. Ce n’était pas rassurant. Ce n’est plus le cas ».

*Les ordres des professions de santé mobilisés sont : les conseils nationaux des médecins, des pharmaciens, des chirurgiens-dentistes, des sages-femmes, des infirmiers, des masseurs-kinésithérapeutes, des pédicures-podologues.

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