Crise des urgences : 41 mesures pour tenter de surmonter « une période estivale à haut risque »

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Par Juliette Plouseau

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Mieux informer la population sur le bon usage des services d’urgence, réguler les admissions… pour surmonter « une période estivale à haut risque » dans les services d’urgence, 41 recommandations ont été présentées le 30 juin 2022 par une « mission flash » commandée par Emmanuel Macron en mai. François Braun, le nouveau ministre de la Santé, a ordonné la mise en oeuvre de cette « mission flash ».

Dans un contexte de crise des urgences et à la veille des vacances d’été, une « mission flash » a présenté le 30 juin 2022 « une boîte à outil » comprenant 41 recommandations pour tenter de surmonter cette période. Le ministre de la Santé, François Braun, a demandé aux Agences régionales de santé de déployer les recommandations de cette « mission flash ».

Limiter les recours inutiles aux urgences

La « mission flash » recommande tout d’abord « d’informer la population avec une campagne nationale et locale sur le bon usage des services d’urgence ». En clair, arrêter de se rendre automatiquement aux urgences, mais plutôt appeler le 15 avant de se déplacer.

« Il s’agit d’organiser la diffusion de messages réguliers et variés sur les grands médias et réseaux sociaux rappelant à chacun la nécessité de modérer la pression inutile sur le système de santé, en sachant se prendre en charge et temporiser ce qui ne relève pas de l’urgence, avec l’aide de son médecin traitant et du SAMU-Centre 15 si nécessaire », explique la « mission flash ». Mais elle tient à souligner que l’objectif de cette campagne « n’est pas de culpabiliser » les citoyens, mais bien « de leur communiquer une information claire, réelle et objective sur la situation actuelle et le bon usage des services d’urgence ».

Mieux orienter les patients

Par ailleurs, la mission préconise de « réguler les admissions », soit à l’entrée du service soit par la régulation médicale préalable par le SAMU. « Si l’accueil de tout patient en urgence reste un principe inébranlable de la mission de service public, le service des urgences n’est pas toujours la filière de soins la plus pertinente », précise la « mission flash ».

Selon une étude de la DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques), 20-30 % de l’activité d’un service d’urgences est liée à une pathologie non urgente qui requiert une consultation simple en cabinet de ville ou une consultation de médecine générale requérant « un plateau technique léger ».

Un « triage » avant ou à l’entrée des urgences permettrait ainsi de mieux orienter les patients vers des horaires définis ou encore des solutions plus adaptées et référencées de soins non programmés (ville ou hôpital).

Recruter des assistants de régulation médicale

La « mission flash » recommande également de faciliter le recrutement d’assistants de régulation médicale (ARM).

A ce jour, 10 % des postes d’ARM sont vacants (selon l’enquête AFARM du 14 avril 2022) ce qui représenterait 250 à 300 postes à temps plein d’assistants de régulation médicale au niveau national.

Attirer des volontaires et éviter la fuite des personnels : des efforts budgétaires nécessaires

Côté budgétaire, la mission demande une revalorisation du travail de nuit. L’objectif visé est clair : « Éviter la poursuite de la fuite des personnels de santé en reconnaissant financièrement la pénibilité du travail de nuit. » Cette revalorisation doit aussi être prise en compte pour ceux qui travaillent durant les deux ponts estivaux (14 juillet et 15 août). Une prime pour les équipes des urgences psychiatriques, pédiatriques et gynécologiques est également préconisée.

D’autres efforts budgétaires sont recommandés pour attirer des volontaires : proposer une rémunération de 100 euros brut de l'heure (défiscalisés) pour les généralistes acceptant de faire de la régulation ; attribuer un supplément de 15 euros par acte aux médecins libéraux recevant un malade hors patientèle à la demande du Samu ou du SAS (service d’accès aux soins), dans la limite d'un plafond hebdomadaire (à titre dérogatoire et temporaire).

Encourager l’activité des médecins retraités

La mission insiste aussi sur l’importance d’encourager l’activité des médecins retraités ou encore de « mobiliser les infirmiers libéraux volontaires pour assurer une réponse aux soins non programmés (SNP) à la demande de la régulation médicale du SAMU ».

Enfin, le rapport suggère de maintenir la prise charge AMO (Assurance maladie obligatoire) à 100 % des téléconsultations cet été.

Quelques éléments de contexte sur la « mission flash »

La « mission flash » sur les services d’urgences à l’hôpital a été commandée par Emmanuel Macron le 31 mai 2022. La mission a été pilotée par le Dr. François Braun, chef de pôle du service des urgences du CHR de Metz-Thionville (Moselle) et président de Samu-Urgences de France. A noter que lundi 4 juillet 2022, François Braun a été nommé ministre de la Santé, en remplacement de Brigitte Bourguignon.

Pour mémoire, en mai dernier, SAMU-Urgences de France a alerté sur le fait que faute de soignants, au moins 120 services d'urgence avaient été forcés de limiter leur activité ou s'y préparaient.

François Braun a présenté les recommandations de la « mission flash » lors d’une réunion de travail organisée à Matignon en présence de Brigitte Bourguignon, alors ministre de la Santé, de l’Assurance maladie et de la fédération d’associations de patients France Assos Santé.

Lors d’un déplacement dans un hôpital de Pontoise (Val-d’Oise) vendredi 1er juillet, la Première ministre Élisabeth Borne a annoncé que le Gouvernement avait décidé de retenir l’ensemble de ces recommandations.

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