Déserts médicaux, délais d’attente chez les spécialistes différents selon le lieu d’habitation, renoncement aux soins pour des raisons financières… Si les inégalités territoriales et sociales de santé sont bien connues, celles de genre, elles, le sont moins. Il arrive en effet que les hommes et les femmes soient traités différemment en matière de santé. Essentiel Santé Magazine s’est intéressé à cette réalité et a notamment souhaité savoir ce que vous en pensiez.
Notre étude « Santé : les inégalités femmes-hommes »
L’enquête « Santé : les inégalités femmes-hommes » a été menée par l’institut Viavoice pour Essentiel Santé Magazine. Elle a été réalisée en ligne, les 28 et 29 novembre 2018, auprès d’un échantillon de 1 021 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.
Une femme serait sensible tandis qu’un homme serait fort… 28 % des personnes interrogées ont le sentiment de subir des clichés, des stéréotypes comme celui-ci, liés au fait d’être une femme ou un homme. Avec une différence notable selon les sexes. Ce sentiment est partagé par 35 % des Françaises contre seulement 21 % des Français.
Par ailleurs, un tiers des répondants indique qu’il existe des inégalités entre les sexes en matière de prévention, de dépistage ou de traitement de certaines maladies. Le stress, la dépression et les maladies cardiovasculaires arrivent en tête. Avec, là encore, des degrés différents selon que la personne est un homme ou une femme. 41 % des répondantes disent que c’est souvent le cas du stress (contre seulement 29 % des hommes répondants), 40 % pour la dépression (pour 28 % des hommes). Et 32 % des Françaises citent les maladies cardiovasculaires (contre 23 % des Français).
Ainsi, les femmes ressentent plus ces inégalités de traitement que les hommes. Est-ce à dire qu’elles en sont plus souvent victimes ? On sait, par exemple, que l’infarctus est encore trop souvent perçu comme une maladie « réservée » aux hommes, au point qu’il serait sous-diagnostiqué chez les femmes. Les mettant ainsi en danger. Dans notre étude, 27 % des femmes estiment – de façon plus générale – qu’il arrive que leurs maladies soient diagnostiquées avec du retard (contre seulement 22 % des hommes). En revanche, seules 14 % ont le sentiment d’être moins bien prises en charge que les hommes (c’est 9 % chez ces derniers).
Concernant l’accès à la santé, il semble également plus difficile pour les femmes. 58 % d’entre elles éprouvent des difficultés pour accéder à certains médecins spécialistes (contre 54 % des hommes) et 46 % aux professionnels de santé de manière générale (40 % des hommes).
Par ailleurs, la moitié des femmes interrogées disent avoir facilement recours à des soins lorsqu’elles tombent malades (45 % chez les hommes). Toutefois, elles sont dans le même temps près d’un tiers à avouer avoir déjà renoncé à des soins (contre seulement un quart des hommes). Sans doute y a-t-il donc un écart entre la perception des inégalités de genre en santé et sa réalité…
« Ces résultats ne sont pas si étonnants pour ceux qui s’intéressent à ces inégalités, mais elles sont paradoxalement très peu connues du grand public. Autant on parle beaucoup des inégalités territoriales et des déserts médicaux, ou encore des inégalités sociales, autant les inégalités entre les femmes et les hommes en matière de santé sont très peu évoquées dans le débat public. On voit pourtant qu’il s’agit d’un enjeu majeur pour les années à venir. »
Aurélien Preud’Homme, directeur d’études à l’institut Viavoice