Infirmier(e) de pratique avancée : un nouveau métier

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Par Catherine Chausseray (ANPM-FRANCE MUTUALITÉ)

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Ils ne sont qu’une cinquantaine environ sur le terrain pour l’instant en France. Depuis un peu plus d’un an maintenant, les IPA, autrement dit les infirmiers(e)s de pratique avancée, exercent des missions et compétences qui étaient jusqu’alors réservées aux médecins. Zoom sur cette nouvelle profession.

Examens cliniques, interrogatoires précis, adaptation des traitements, propositions de dépistages, renouvellement des ordonnances… En prenant le relais du médecin (avec son accord préalable), l’infirmier(e) de pratique avancée (IPA) permet d’espacer les consultations médicales. Il représente donc un maillon supplémentaire dans la chaîne du soin et apporte au patient un accompagnement plus structuré. Ce nouveau type d’infirmier(e) spécialisé(e), qui a suivi un enseignement universitaire de deux années et qui doit avoir exercé au minimum trois ans en tant qu’infirmier(e), peut travailler aussi bien à l’hôpital que dans le privé. L’État a fixé par décret trois domaines d’intervention : « Les pathologies chroniques stabilisées, les polypathologies courantes ; la cancérologie ; la maladie rénale chronique, la dialyse, la transplantation rénale. »

L’IPA « suivra des patients qui lui auront été confiés par un médecin, avec son accord et celui des patients ». Il verra régulièrement ces derniers pour le suivi de leurs pathologies. Il « discutera du cas des patients lors des temps d’échange, de coordination et de concertation réguliers organisés avec l’équipe. Il reviendra vers le médecin lorsque les limites de son champ de compétences seront atteintes ou lorsqu’il repérera une dégradation de l’état de santé d’un patient », précise le site du ministère des Solidarités et de la Santé.

Un relais pour le médecin

En intervenant davantage dans la prise en charge de certains malades, non seulement il libère du temps pour les médecins, mais il améliore l’accès aux soins et la qualité des parcours. Il peut, par exemple, préconiser l’arrêt des traitements en cas d’effets indésirables ou mettre le patient en relation avec des professionnels de ville. À l’hôpital, notamment, il travaille en étroite collaboration avec les équipes médicales afin de fluidifier et d’optimiser le passage des patients. Enfin, il assure la coordination de parcours entre l’hôpital et la ville.

Concrètement, au cours d’une première rencontre avec son patient, l’IPA fait le point sur l’ensemble de ses besoins – médicaux, sociaux et psychologiques – afin de lui proposer un début de prise en charge adaptée. Il prescrit des traitements non soumis aux prescriptions médicales obligatoires, des examens complémentaires et des bilans sanguins. Il peut également faire de la recherche, de la formation – car l’IPA a une mission pédagogique – mais aussi de la prévention ou de l’éducation thérapeutique. Ainsi, les personnes souffrant de maladie rénale ou de cancer, par exemple, pourront être mieux informées et accompagnées tout au long de l’évolution de leur maladie. Ils trouveront auprès de l’IPA des réponses à leurs questions et de précieux conseils pour adopter des attitudes préventives susceptibles d’améliorer leur qualité de vie.

Une réponse au problème des déserts médicaux

Le ministère des Solidarités et de la Santé compte sur l’arrivée de quelques centaines d’IPA sur le terrain dans un premier temps, et espère atteindre les 5 000 professionnels formés à l’horizon 2023, dont la moitié au moins exercerait en ville. La montée en puissance pourrait ensuite se poursuivre, l’objectif étant d’ouvrir de nouveaux champs d’intervention et d’envisager la pratique avancée pour d’autres auxiliaires médicaux, comme les masseurs-kinésithérapeutes.

Notre système de santé est sous tension. Avec l’allongement de l’espérance de vie, l’augmentation du nombre de personnes âgées – ce qui a pour corollaire une hausse des maladies chroniques et des polypathologies – et le manque criant de professionnels de santé, il devient urgent de trouver des solutions. L’IPA, cet(te) infirmier(e) au champ de compétences élargi, pourrait être une des clés pour répondre à cet afflux de « patients au long cours ». Malheureusement, même si cette nouvelle formation permet à la fois aux infirmier(e)s de faire évoluer leur carrière et aux médecins de gagner du temps, le statut d’IPA est encore insuffisamment valorisé. La différence entre sa rémunération et celle d’un(e) infirmier(e) classique est en effet minime.

Par Catherine Chausseray (ANPM-FRANCE MUTUALITÉ)

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