IRM mobile de Carhaix : amener l’imagerie là où elle fait défaut

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Par Paola Da Silva

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À Carhaix, dans le centre du Finistère, les habitants ont accès depuis avril 2019 à une IRM mobile 2 jours par semaine. Installée à l’intérieur de la remorque d’un camion spécialement imaginé pour, elle circule entre les centres hospitaliers de Guingamp et de Carhaix. Ce qui donne accès aux meilleures techniques d’imagerie aux habitants de ces communes.

C’est un système qui existe depuis les années 90, mais qu’on ne trouvait plus que dans le département de la Vienne jusqu’à récemment. Il bénéficie désormais aux habitants du centre Finistère depuis avril 2019. Deux fois par semaine, un camion un peu particulier circule entre les communes de Guingamp et de Carhaix. Il dispose, à son bord, d’une IRM (Imagerie par résonance magnétique) de dernière génération à l’intention des patients des deux hôpitaux.

« Nous avions un fort besoin en imagerie sur ce territoire », explique le docteur Philippe Guillo, chef du pôle imagerie du CHRU de Brest dont dépend l’hôpital de Carhaix. « Il y avait un scanner à Carhaix, mais les indications ne sont pas les mêmes. » Un système d’IRM mobile était alors en place entre les hôpitaux de Morlaix, Lannion et Guingamp. « Or, Morlaix et Lannion ont obtenu successivement une IRM fixe. Nous avons donc proposé que l’IRM mobile desserve désormais Carhaix. »

1 135 IRM effectués en 8 mois

L’IRM mobile est présente tous les jeudis et vendredis au centre hospitalier de Carhaix. Et le planning de rendez-vous est déjà plein. « En 8 mois, juste à Carhaix, nous avons effectué 1 135 examens via l’IRM. On est déjà à 2 mois de délai pour avoir un rendez-vous. Notre prévisionnel sur ce territoire a été atteint tout de suite ».

Le territoire, qui couvre la commune de Carhaix et ses alentours sur 25 kilomètres de périphérie, compte 100 000 habitants environ et souffre en partie des problématiques liées aux déserts médicaux.

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IRM mobile de Carhaix - Bretagne

Rapprocher l’IRM de la population

« Cette population est souvent assez âgée, avec des revenus plutôt bas, et se déplace peu », précise Jean-Christophe Paul, directeur adjoint délégué au site de l’hôpital de Carhaix. Or, il fallait effectuer au moins une heure de route auparavant afin d’accéder à un site hospitalier disposant d’une IRM, à Brest ou à Lannion par exemple. « Une partie de la population ne souhaitait pas ou ne pouvait pas faire cette route. C’est donc l’outil qu’il fallait rapprocher. »

Un investissement important

L’investissement de départ a néanmoins été important pour l’arrivée de cette IRM mobile. Car, outre les fouilles justifiées par la présence de ruines gallo-romaines, de nouveaux locaux ont dû être créés (salle d’attente, déshabilloirs, secrétariat…). Et des aménagements pour l’accueil de la remorque ont dû être réalisés.

« L’IRM est une sorte d’énorme aimant qui pèse très lourd, détaille Jean-Christophe Paul. C’est très spécifique et assez difficile à déplacer. Nous avons également fait des travaux significatifs pour que le camion puisse se garer à quelques centimètres du quai. » « Les patients ne se rendent même pas compte qu’ils passent un examen dans une remorque. »

Des liens avec la médecine libérale locale

L’arrivée de l’IRM mobile a également permis d’améliorer la relation avec les médecins libéraux du territoire. « Deux nouveaux manipulateurs radio ont été recrutés afin que les patients puissent passer cet examen à Carhaix », détaille Jean-Christophe Paul. Le personnel présent à l’origine dans le service de radiologie du centre hospitalier de Carhaix a également été formé à l’outil.

« 95 % des IRM réalisées le sont pour des patients externes à l’hôpital. Les médecins libéraux savent que nous disposons d’un plateau technique de qualité et nous envoient leurs patients en confiance. »

Désenclaver le territoire

Quant aux patients, ils sont plus que satisfaits d’avoir cet IRM à proximité. « Je me suis présenté à l’hôpital de Carhaix à 8 heures, et à 9 heures, j’en étais sorti », raconte Tanguy Rannou, patient, qui travaille à Carhaix. « Je suis allé travailler normalement alors que j’aurais dû poser une demi-journée si j’avais dû passer l’IRM ailleurs. Je n’avais aucune réticence à être dans un camion, car les conditions d’examen sont très bonnes. »

L’arrivée de l’IRM dans la ville est un élément d’attractivité médicale pour le territoire. « Le secteur de Carhaix souffre d’un certain isolement géographique. L’IRM mobile est indiscutablement une solution pour désenclaver un territoire, notamment dans les déserts médicaux », estime Jean-Christophe Paul. « Médecins et patients sont ravis. L’accès à cet outil permet une certaine égalité des citoyens par rapport à la santé. »

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