Maladies cardiovasculaires : les femmes jeunes aussi

Publié le , actualisé le

Par Cécile Fratellini

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Les maladies cardiovasculaires ne sont pas qu’une affaire d’hommes. C’est même la première cause de mortalité chez les femmes. Et elles tuent plus de femmes que d’hommes. Explications.

54 % des 147 000 personnes qui décèdent de maladies cardiovasculaires* chaque année sont des femmes. Pourquoi ? En partie parce qu’elles sont sous diagnostiquées. Et les femmes sont touchées de plus en plus jeunes. En 15 ans, le nombre d’infarctus du myocarde a triplé chez les femmes de moins de 50 ans. « Ce sont souvent des femmes qui ont un travail sédentaire, elles mangent trop salé, trop sucré car elles achètent du tout prêt. Et elles fument », explique la Pre Claire Mounier-Vehier, cardiologue au CHU de Lille. Et les symptômes diffèrent aussi parfois. L’homme ressent une douleur dans le thorax, qui irradie dans le bras gauche. Chez la femme, cette douleur peut exister, mais d’autres symptômes peuvent s’ajouter comme des palpitations pendant un effort, des difficultés à respirer, des nausées, des vomissements, une fatigue persistante… « Il ne faut pas banaliser les symptômes chez la femme. C’est ce que je répète à mes internes, précise la Pre Claire Mounier-Vehier. Si vous avez le moindre doute lorsqu’une femme vous décrit une douleur typique, qu’elle fume et qu’elle a une contraception, vous devez écarter le diagnostic jusqu’à preuve du contraire. Il vaut mieux envoyer une femme aux urgences cardiologiques à tort que de ne pas l’envoyer. C’est le principe de base ».

Une consultation longue à la ménopause ?

Trois périodes clés sont à surveiller chez la femme : la contraception, la grossesse et la ménopause. « Quand on prescrit la première contraception, il y a une consultation longue qui est remboursée. On doit vérifier qu’il n’y a pas d’antécédents personnels d’accidents artériels ou veineux, d’hypercholestérolémie, d’hypertension, de tabac, de migraines. La contraception ce n’est pas un jouet, c’est utile mais il faut vérifier qu’il n’y ait pas de contre-indications », rappelle la Pre Claire Mounier-Vehier.

Pendant la grossesse, le placenta doit être surveillé car s’il se développe mal, il peut provoquer une hypertension artérielle. Au moment de la ménopause, le risque d’infarctus et d’AVC (accident vasculaire cérébral) est important. « Selon moi, il faudrait mettre en place une consultation longue pour les femmes de 50 ans auprès du gynécologue ou du médecin généraliste comme la première consultation pour la contraception. Objectif ? Faire un repérage des facteurs de risques et informer. Si ces femmes sont à risque intermédiaire ou élevé, on les adresse alors à un cardiologue pour faire un checkup », explique la présidente de la Fédération française de cardiologie.

Un parcours de soins pour évaluer les risques cardiovasculaires

Un meilleur suivi est une piste pour améliorer la prise en charge des maladies cardiovasculaires chez les femmes. Au CHU de Lille, un parcours de soins « Cœur, artères et femmes » a été mis en place il y a cinq ans. Les femmes sont prises en charge par un cardiologue, un gynécologue et un médecin traitant pour mieux évaluer le risque cardiovasculaire. « C’est un vrai service rendu, on travaille également avec des pneumologues, des diabétologues, des neurologues… On va essayer de démultiplier ce parcours en France afin de partager nos pratiques », ajoute la Pre Claire Mounier-Véhier.

À cela s’ajoute la prévention. « Les maladies cardiovasculaires comme l’hypertension sont des maladies de l’environnement, même s’il y a une part génétique. Donc la prévention est fondamentale. Le premier facteur évitable chez la femme de moins de 50 ans, c’est le tabac. Huit infarctus sur dix chez la femme sont liés au tabac. Et il n’y a pas de petite cigarette. Au tabac s’ajoute souvent un contraceptif avec des œstrogènes de synthèse (pilule, anneau vaginal, patch) qui active la coagulation et renforce l’action du tabac. C’est une association de malfaiteurs », conclut-elle.

Bety, 35 ans : « Rien ne sera plus comme avant »

En février 2018, Bety, une aide-soignante de 35 ans a été victime d’un infarctus. Diagnostiqué tardivement. « Je ne me sentais pas bien, je vomissais, je n’avais plus de force et je me sentais oppressée. Mon compagnon a appelé le médecin qui lui a dit que je devais me reposer et que ça passerait. Je ne pensais pas à un infarctus mais je me disais que c’était grave donc nous sommes partis aux urgences. Et là, j’ai dû être transférée en catastrophe dans un centre hospitalier pour la pose d’un stent », raconte la jeune femme. La rééducation qui suit l’opération est longue et difficile. « J’ai eu un défibrillateur portatif pendant trois ou quatre mois, maintenant je fais de la rééducation. Mais rien ne sera plus jamais comme avant. C’est dur à accepter », ajoute-t-elle. Souffrant d’insuffisance cardiaque, Bety ne pourra plus exercer son métier d’aide-soignante et pense aujourd’hui à une reconversion. « Un conseil : il faut s’écouter et écouter son corps », conclut la jeune femme.

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