La santé, invitée du Grand débat national

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Par Nathania Cahen

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Que pensent les Français de la santé aujourd’hui ? Quelles sont leurs inquiétudes ? Une grande enquête a été menée par la Fédération hospitalière française.

Pour que les questions sur le système de santé soient prises en compte au sein du Grand débat national lancé par le président de la République, la Fédération hospitalière française (FHF), avec l’institut Ipsos, a organisé une consultation de grande envergure sur ce sujet. Près de 6 000 Français répartis dans toute la France, y compris en outre-mer, ont ainsi été interrogés sur 25 questions majeures entre le 27 février et le 1er mars 2019. C’est l’une des plus importantes enquêtes santé de ces dernières années, avec une approche par les territoires permettant de distinguer les préoccupations en fonction des zones rurales, périurbaines et urbaines. Cinq enseignements majeurs en ressortent.

Quel avenir pour les établissements de santé ?

C’est d’abord l’accès à de bons établissements de santé qui est, pour 84 % des Français, le second critère le plus important (après l’accès à de bons établissements scolaires), pour assurer à chaque individu une égalité des chances dans la vie, loin devant la protection de sa personne et de ses biens (53 %), des bonnes infrastructures de transport (49 %) ou un bon accès à la culture et aux loisirs (27 %).

Ils s’inquiètent notamment des moyens et de l’avenir de leurs établissements de santé - maisons de retraite, Ehpad*, services de psychiatrie et surtout hôpitaux. Près de 9 Français sur 10 estiment en effet que l’hôpital est aujourd’hui « en danger » (88 %), quelle que soit la zone d’habitation. Près de 8 Français sur 10 considèrent par ailleurs que les mesures mises en place pour rendre attractifs les métiers de l’hôpital public sont aujourd’hui insuffisantes. Concernant les structures d’accueil des personnes âgées, pour 76 % des sondés, l’accompagnement ne correspond pas aux attentes. Ces différents chiffres expliquent que 94 % des Français sont favorables à une augmentation des moyens financiers de l’hôpital public français.

* Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes.

Des délais de rendez-vous préoccupants

Concernant le deuxième thème, l’accès aux soins, l’éloignement géographique des infrastructures et des professionnels de santé semble être au maximum de ce que peuvent accepter les Français, tout comme les délais d’obtention de rendez-vous. Les délais moyens pour un rendez-vous avec un médecin spécialiste sont fortement préoccupants : presque 2 mois pour un cardiologue, davantage pour un dermatologue et plus de 3 mois pour un ophtalmologiste. Principale conséquence : face à des problèmes de santé peu graves, de nombreux Français recourent aux services des urgences. Un quart des sondés déclare s’y être rendu au cours de la dernière année (29 %) et plus de 4 sur 10 pour de mauvaises raisons (difficulté d’obtention de rendez-vous, refus de prise en charge, facilité et praticité, réalisation de l’ensemble des examens…).

Troisième enseignement qui ressort de cette consultation : les Français avouent ne pas bien comprendre comment le système de santé français fonctionne (70 %). Son financement est un sujet qui leur semble encore plus complexe et ils sont 9 sur 10 à pas savoir à quoi les différentes cotisations (sociales, CSG, mutuelle…) servent (86 %). Constat assorti d’un doute : 56 % considèrent contribuer plus qu’ils ne bénéficient du système de santé. Une demande de refonte de la gouvernance avec, par exemple, une fusion du ministère de la Santé et de l’Assurance maladie est souhaitée par plus de deux tiers des Français.

Plus de personnel à l’hôpital

Mais, ambitieux pour leur système de santé, les Français souhaitent des réformes ! Pour améliorer le fonctionnement de l’hôpital public, ils estiment qu’il faut en priorité plus de personnel (87 %) et de budget (77 %). Ils ne demandent pas plus d’excellence (23 %), de spécialisation (23 %) ou de flexibilité (20 %), qui sont déjà des atouts majeurs reconnus de l’hôpital public. Autre chiffre intéressant, pour 92 % d’entre eux, la lutte contre les actes inutiles ou en doublon représente une source d’économie pertinente. Et ils sont prêts pour la digitalisation de leur parcours de soins.

Enfin, quand on leur demande la principale mesure qu’ils prendraient pour améliorer le système de santé, les Français proposent spontanément et majoritairement d’augmenter les effectifs (34 %), de donner plus de moyens financiers aux établissements de santé et médico-sociaux mais aussi de lutter contre les déserts médicaux.

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