Un Bus Santé Femmes pour rompre l’isolement

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Par Solal Duchêne

Temps de lecture estimé 3 minute(s)

Illustration
© CD92 Stephanie Gutierrez Ortega

Le Bus Santé Femmes est une antenne mobile de prévention, à destination des femmes isolées. Il circule dans les Hauts-de-Seine et les Yvelines depuis novembre 2019. De façon gratuite et anonyme, les femmes peuvent y recevoir des conseils santé et juridiques, y bénéficier d’entretiens individuels avec un psychologue, une assistante sociale, ou encore y réaliser un dépistage.

L’initiative est venue d’un constat. « De nombreuses femmes ne prennent pas le temps de s’occuper d’elles. Soit par manque de temps, soit parce qu’elles n’osent pas pousser la porte d’une assistante sociale, d’un avocat ou d’un commissariat. Ces femmes n'ont pas connaissance des dispositifs existants, expose Isabelle Russo, chargée de mission Bus Santé Femmes à l’Institut des Hauts-de-Seine. Nous avons imaginé ce bus de prévention itinérant pour aller à la rencontre de ces femmes. »

Le Bus Santé Femmes est une antenne de prévention anonyme

Grace à un partenariat avec la RATP*, un bus a été entièrement réaménagé pour disposer d’espaces d’entretiens individuels ou de dépistage (auditif, visuel, cholestérol, diabète). Depuis novembre 2019, il circule dans les Hauts-de-Seine et les Yvelines, à raison de deux interventions par commune en moyenne. L’objectif : en faire une antenne mobile sociale et de prévention, gratuite et anonyme, à l’attention des femmes isolées. « Et ce, aussi bien en milieu urbain que rural », précise Isabelle Russo.

On peut y rencontrer un médecin, une infirmière, un travailleur social, un psychologue, mais aussi un avocat ou un officier de prévention de la police ou de la gendarmerie. « Notre approche est celle d’une prise en charge globale. Avec une prévention en santé mais aussi un accompagnement à la vie quotidienne », reprend la chargée de mission.

Outre des conseils santé et des opérations de dépistages, les femmes peuvent par exemple y recevoir des conseils juridiques, grâce à un partenariat avec l’Ordre des avocats des Hauts-de-Seine et des Yvelines. La présence d’un gendarme ou d’un policier permet également de mener des actions de prévention liées au harcèlement et aux violences faites aux femmes. « Nous n’avons pas visité une ville sans y rencontrer une femme victime de violence », regrette la chargée de mission.

L‘accès au bus est gratuit et sans rendez-vous

Le Bus Santé Femmes est ouvert à toutes les femmes majeures, françaises et étrangères, sans rendez-vous.

En amont de la venue du bus, un travail de communication est fait avec la commune visitée. Flyers et affiches sont réalisés afin de se faire connaître, accompagnés d’une campagne sur les réseaux sociaux.

Une grande attention est portée au choix de l’emplacement du bus, qui doit être le plus visible possible et fréquenté à pied. Car malgré les opérations menées pour informer les femmes de la venue du bus, « entre 30% et 40% des visiteuses découvrent le dispositif en passant devant », note Isabelle Russo.

Un esprit « village » recréé autour du bus

Le Jour J, des tentes et des tables sont installées autour du bus, lui donnant un petit aspect « village ». « Pour attirer l'œil, nous avons travaillé sur le côté confortable et un peu cocooning de l’évènement », souligne l'organisatrice.

Et le succès est au rendez-vous. « En deux ans, nous avons accueilli plus de 3600 personnes. Ce dispositif itinérant nous permet de capter un public souvent en dehors des radars, notamment en milieu rural, souligne Isabelle Russo. Le Bus Santé Femmes propose des services auxquelles certaines femmes ne pensent pas avoir accès. Elles peuvent ainsi rencontrer des professionnels vers lesquels elles ne se seraient pas dirigées spontanément ».

Dans les Hauts-de-Seine comme dans les Yvelines, le Bus Santé Femmes ne passe qu’une journée ou une demi-journée par commune chaque année. Elles sont pourtant nombreuses à solliciter sa venue. « Notre dispositif est utile et les visiteuses sont reconnaissantes, se réjouit sa chargée de mission. Il faudrait un deuxième bus... »

* Partenariat financé par le département des Hauts-de-Seine, le département des Yvelines et la Région Ile-de-France.

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