Autisme : ces initiatives pour sortir de la solitude

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Par Pauline Leduc

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Alors que la France souffre de carences dans la prise en charge des jeunes autistes, associations et professionnels se battent au quotidien pour les aider à trouver leur place dans la société.

S’il est difficile de guérir de l’autisme - voire impossible selon certains spécialistes -, une prise en charge adaptée, dès le plus jeune âge, donne aux enfants une chance de pouvoir s’épanouir et s’intégrer dans une société qui tend à les isoler.

« La première marche pour accéder à une vie en société, c’est l’école : c’est d’autant plus essentiel pour les jeunes autistes qu’ils souffrent de problèmes de socialisation », explique Aurélie Camm-Chapel, directrice de la communication du réseau Autistes sans frontières.

 

L’école pour tous

Alors que les deux-tiers de ces enfants ne seraient pas scolarisés, cette fédération d’associations œuvre à leur intégration en milieu scolaire ordinaire. Pour ce faire, le réseau recrute et forme des éducateurs spécialisés qui accompagneront ensuite les enfants à l’école pour les aider à faire le lien avec les autres élèves ou le professeur.

« Certains jeunes ne pourront pas être scolarisés " normalement " mais d’autres peuvent l’être à temps partiel ou même à temps complet et ça, c’est une grande victoire », conclut Aurélie Camm-Chapel.

Malgré le manque de financement, d’autres associations agissent dans le même sens, comme VAINCRE L'AUTISME. Sur le terrain comme à coup de campagnes de sensibilisation et d’actions auprès des politiques, elle fait partie avec Autistes sans Frontières de ces mouvements militants qui entendent faire respecter les droits des enfants, dont celui à l’éducation. Son président M’Hammed Sajidi, a créé en 2004 « Futuroschool ». Cette école – dont les locaux sont situés à Paris et à Toulouse – peut accueillir jusqu’à 12 enfants, pris en charge par autant de professionnels. « On ajuste les apprentissages au cas par cas – en impliquant les parents qui sont eux-mêmes formés – dans l’optique d’apprendre aux jeunes les gestes simples qui leur permettront de s’intégrer peu à peu avec les autres », développe-t-il. Cette structure n’a pas pour objectif de remplacer l’école mais plutôt d’apporter aux enfants les bases nécessaires à une scolarisation en milieu ordinaire.

 

Trouver sa place dans la société

Malgré d’interminables listes d’attentes, il existe bien, en France, des structures d’accueil pour les jeunes autistes et elles peuvent aussi être le berceau d’initiatives novatrices. C’est le cas d'un Institut Médico Éducatif (IME) de Bourg-La-Reine, qui accueille des adolescents autistes âgés de 14 à 20 ans. Au cours d’un atelier d’écriture et de poésie en 2009, ils ont créé Astéréotypie, un collectif de slam qui a déjà enregistré un CD et se produit régulièrement en concert.

« On s’est rendu compte que les jeunes utilisaient les mots de façon esthétique, qu’ils aimaient jouer avec et on a décidé qu’il fallait mettre ce potentiel en valeur », explique Christophe Lhuillier un des éducateurs à l’origine du projet. « Il n’y a pas de visée thérapeutique et le public n’est pas prévenu qu’ils sont autistes avant les concerts : c’est un projet artistique qui évolue dans le monde ordinaire ». Dans les textes qu’ils déclament sur scène, les adolescents parlent avec leurs mots de la maladie, du quotidien, de leurs rêves ou angoisses. Pour eux, la prochaine étape consistera à être rémunérée pour leurs prestations, comme tous les artistes.

Avoir droit aux mêmes chances que les autres, c’est aussi le projet d’Handisup Normandie, une association qui œuvre pour l’intégration en entreprise des jeunes ayant tous types de handicap et notamment les autistes dits « de haut niveau » et Asperger*. « Depuis 2012, nous avons accompagné individuellement environ 80 jeunes de la terminale jusqu’à leur premier emploi grâce à des " jobs coach " spécialement formés. Être autiste sous-entend des difficultés dans l’interaction sociale qui peuvent les desservir autant dans l’entretien d’embauche que dans leur rapport avec leurs collègues, alors qu’ils ont beaucoup à apporter à l’entreprise », insiste Charlotte Lemoine, sa déléguée générale.

Afin de sensibiliser les potentiels employeurs et faire tomber les idées reçues, l’association a édité un guide ludique à leur intention expliquant ce qu’est l’autisme et les réactions jugées « étranges » que cette maladie peut engendrer. Trouver sa place dans la société et y être intégré, socialement et professionnellement, c’est bien là tout l’enjeu de la prise en charge des enfants autistes qui deviendront, un jour, des adultes.

* Le syndrome d’Asperger et l’autisme de haut niveau sont des formes d’autisme qui concernent des personnes d’intelligence normale ou supérieure à la moyenne, douées pour des savoirs très théoriques ou des domaines de technicité réputés très difficiles (Source : Handisup Normandie).

 

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