Don d’organes : sauvés par une greffe, ils témoignent

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Par Patricia Guipponi

Temps de lecture estimé 6 minute(s)

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Quelque 20 400 Français attendent d’être transplantés à la suite de la défaillance d’un rein, d’un cœur ou encore d’artères. Seuls 6 000 patients le sont chaque année. Grâce au don d’organes et de tissus, la vie de certains de nos lecteurs a été préservée. Ils nous racontent leur vécu.

« Une résurrection. » « Une renaissance. » « Une nouvelle existence. » « Une chance ». « Un état de santé grandement amélioré. » Les mots prononcés par les lecteurs greffés, qui ont répondu à notre appel à témoignages sur le don d’organes et de tissus, sont sans équivoque. Faire cet acte généreux et solidaire, c’est dire oui à la vie.

Leur parcours d’avant greffe n’était que souffrance. Leur état de santé déclinait un peu plus chaque jour. Leur vie était suspendue à un compte à rebours. Sans le geste d’un donneur anonyme ou d’un proche vivant (pour ce qui est d’un rein ou d’un lobe du foie), leur seule perspective aurait été de subir des soins contraignants et/ou une mort prématurée.

Yves, qui habite près de Nancy, a bénéficié de la greffe d’un rein, le 7 octobre 2021. Cet ancien artisan pâtissier chocolatier a découvert qu’il souffrait d’une néphropathie à l’IgA* lors d’un banal examen de la prostate. « Je devais la surveiller car mon frère avait été malade. La mienne allait bien. Pas mes reins. Je m’estime heureux d’avoir été diagnostiqué tôt. » Cela n’a pas empêché son état de santé de décliner peu à peu au point de devoir suivre une dialyse trois jours par semaine.

« J’ai vu les bienfaits de la greffe rapidement »

Yves a attendu cinq ans et trois mois avant de recevoir un rein sain après sa première hospitalisation. « Au début, ma sœur et ma belle-sœur se sont portées volontaires pour un don d’organe. Les tests de compatibilité en ont décidé autrement. » Puis, un cancer de la prostate interrompt la procédure d’attente de greffon. « Après la curiethérapie** pour me soigner, j’ai dû laisser passer 18 mois avant d’être à nouveau apte physiquement à être greffé. »

Depuis, le pâtissier retraité revit. « J’ai vu les bienfaits de la transplantation rapidement. Certes, il y a les contrôles médicaux, le traitement antirejet et ses contraintes, mais ce n’est rien comparé à la dialyse et à tout ce qui m’empêchait d’avoir une existence normale. Je peux jardiner toute la matinée alors qu’avant je m’épuisais très vite. »

Même constat pour Candice, 24 ans, atteinte d’une mucoviscidose. Depuis qu’elle a été greffée en urgence des deux poumons en novembre 2019, après un grave pneumothorax et un placement dans le coma, son existence n’est plus la même. « Je respire ! Mon état de santé s’est nettement amélioré. Je ne tousse plus. »

Si bien que de nouvelles perspectives s’offrent à elle. Notamment sur le plan professionnel. « Ma maladie est toujours là mais elle est beaucoup moins handicapante. » La jeune femme n’a plus besoin de kinésithérapie respiratoire et d’autant de traitements au quotidien : « Je suis passée de cinq à une prise de médicaments à inhaler. »

« Si j’ai une belle vie aujourd’hui, c’est grâce au donneur d’organe »

En 2011, après deux ans d’attente, Martine, qui réside à Narbonne, a retrouvé la vue grâce à une greffe de la cornée à l’œil gauche. « Je souffrais d’un kératocône*** qui s’aggravait. » Ainsi, cette jeune retraitée a pu à nouveau lire, revoir les visages de ses proches dont elle ne distinguait plus les traits.

Elle voue une reconnaissance sans borne et pense souvent à son donneur et à la famille de ce dernier, qu’elle ne connaît pas car l’anonymat est l’un des grands principes du don d’organes et de tissus. « Si j’ai une belle vie aujourd’hui, c’est grâce à eux. »

Marina doit sa survie à son frère qui lui a donné un rein, de son vivant, en février 2021. « Il m’a sauvée. Tous les mercis du monde ne suffiront pas. » En septembre 1987, elle a bénéficié d’une première transplantation, grâce à la générosité d’un donneur anonyme, mais une thrombose rénale a tout remis en question. « Jusqu’alors, j’avais pu vivre normalement, avoir un enfant en 1997, vaincre un cancer en 2002. »

Marina a repris le dur rythme de la dialyse qu’elle avait déjà subi durant des années. « J’étais tellement fatiguée. À l’adolescence, quand on a appris que mes reins étaient foutus, j’étais dialysée trois fois par semaine, cinq heures par séance, après l’école. » Aujourd’hui, un an après sa deuxième greffe, elle assure que tout va bien. Il en est de même pour son donneur.

La vie des proches de receveur d’organes est aussi améliorée

La vie de l’entourage des greffés est également bouleversée par la transplantation. Certains témoignages de lecteurs recueillis proviennent des membres de la famille de receveurs. Ils sont tout aussi reconnaissants du don d’organes et de tissus qui a préservé la vie de leur parent.

« Je ne remercierai jamais assez la personne ou sa famille qui a permis de sauver la vie de mon enfant », écrit Eliane, dont le fils, âgé aujourd’hui de 40 ans, est né sans voies biliaires. Après de multiples opérations tout au long de sa vie et un état de santé qui déclinait considérablement, il a pu être greffé du foie en juillet 2021 à Pessac, près de Bordeaux.

Le mari de Liliane doit aussi son salut à un don d’organes. Il était atteint d’une polykystose hépatorénale génétique. Les kystes qui se développaient sur ses reins empêchaient leur bon fonctionnement. Et il ne supportait plus les séances de dialyse éprouvantes.

« Depuis sa vie et celle de notre famille a changé : plus de syncope après chaque dialyse, plus de régime strict. Malgré un traitement assez lourd, nous vivons presque normalement ». La polykystose ne se guérit pas mais ses graves effets secondaires, générés par les traitements lourds qu’elle impose, sont du passé depuis la greffe de reins.

Des remerciements aux personnels soignants

Les remerciements nourris de nos lecteurs vont aussi au personnel soignant, très dévoué et disponible. Yves, l’artisan chocolatier retraité, rend hommage aux équipes médicales : « Le suivi après greffe est extraordinaire. Les docteurs, les infirmières thérapeutiques sont admirables. On est là pour vous 24 h sur 24, sept jours sur sept. Et vous disposez de numéros d’urgence pour la nuit, les fêtes, les jours fériés. »

C’est ce que pense également Béatrice dont la mère a bénéficié d’un don de rein en 1991 à l’âge de 62 ans. « Elle a vu sa vie prolongée pour notre plus grand bonheur et le sien. Les services du CHU de Brabois-Nancy sont à la pointe avec un formidable personnel expérimenté. »

Et de poursuivre : « Les dons d’organes sont une chance pour chaque personne dont la santé vacille. » Il ne faut pas l’oublier : « Nous pourrions tous en avoir besoin un jour ».

*La néphropathie à l’IgA, appelée aussi maladie de Berger, atteint les reins. La production anormale de certains anticorps (les IgA) en quantité et en qualité entraîne la formation d’agglomérats de ces anticorps qui vont se déposer dans les petits filtres rénaux et entraîner leur fonctionnement anormal.

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