Quand l’école s’invite à l’hôpital

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Par Cécile Fratellini

Temps de lecture estimé 3 minute(s)

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© Daniel Vijorovic

Près de 800 enseignants spécialisés travaillent dans les hôpitaux. Objectif ? Assurer la continuité de la scolarité de l’élève. Exemple au CHU de Toulouse.

Allongée dans son lit, Océane 11 ans, tout sourire, en séance de dialyse, demande à son enseignante : « On va faire quoi aujourd’hui ? ». À l’hôpital, le programme est adapté. Selon les soins de l’enfant, sa disponibilité, sa fatigue, ses besoins. À l’école des enfants et des adolescents hospitalisés de Toulouse, une vingtaine d’enseignants dispensent des cours de la grande section au BTS, tous services confondus. Dans la majorité des cas, le cours est donné « au chevet ». C’est le cas par exemple pour Océane qui vient plusieurs fois par semaine se faire dialyser. « Je lui fais cours alors qu’elle est couchée et branchée à une machine. L’un de ses bras est immobilisé. Il faut donc aussi adapter les supports pour travailler. Si elle est trop fatiguée, ou si son état nécessite des soins, j’arrête. Priorité aux soins, nous nous effaçons », explique Corinne Pons-Dagou, enseignante spécialisée.

 

Un maître-mot : l’adaptation

À quelques pas du service de néphrologie, se trouve le secteur d’hématologie-oncologie de l’hôpital des enfants. Deux enseignants interviennent dans ce service. « Pour nous, le maître mot est l’adaptation. Selon leurs disponibilités, on privilégie les cours en classe en constituant des groupes, cela crée une dynamique. Dans le cas contraire nous nous rendons au chevet. Hier matin, par exemple, ils étaient trois et nous avons fait du français pendant environ une heure », précise José Cosse, enseignant spécialisé. Chaque matin, les enseignants échangent avec le personnel médical pour connaître la journée de l’enfant au niveau des soins et ainsi programmer les cours. « Il y a un vrai suivi et une continuité avec son école, raconte la maman de Florent, 11 ans, hospitalisé en hématologie. Les cours lui changent les idées ».

 

Une classe pour les troubles du langage

Au deuxième étage de l’hôpital des enfants, si l’on pousse l’une des portes du secteur animation-éducation, on trouve une autre salle de classe avec deux, trois ou quatre enfants. Eux ne sont pas hospitalisés mais souffrent de troubles du langage. Ils ont entre 5 et 9 ans et viennent quatre matinées par semaine en cours au centre de références pour les troubles des apprentissages. « Nous accueillons des enfants en perte de confiance du fait de leur trouble du langage. L’écart se creuse avec leurs camarades de classe et ils en prennent conscience. Notre objectif est de leur prouver leurs capacités réelles au sein d’un groupe à effectif réduit », explique Véronique Dauviau, enseignante spécialisée. Ces élèves bénéficient également, à l’hôpital, de séances d’orthophonie et de psychomotricité. L’après-midi, ils retournent dans leur école. L’objectif est clair : rejoindre leur classe à temps plein au bout d’un ou deux ans.

 

Maintenir le lien avec l’extérieur

Quant aux enfants hospitalisés, les cours leur permettent de rester au niveau. « Notre mission est l’enseignement, cela passe aussi par le maintien d’un lien avec l’extérieur. L’objectif étant que ces élèves ne subissent pas de double peine : la maladie et la déscolarisation », explique Yves Tronche, directeur de l’école des enfants et des adolescents hospitalisés du CHU de Toulouse. L’école de l’hôpital est d’ailleurs centre d’examen. Donc chaque année, une vingtaine d’élèves passent leur brevet des collèges ou leur baccalauréat. Ce sont bien évidemment les mêmes sujets que partout ailleurs. Certains font le choix de le passer à l’extérieur. Symbole peut-être d’un nouveau départ.

 

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