La lecture à l’hôpital, des initiatives pour les patients

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Par Paola Da Silva

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© Service communication CHU de Nantes

La lecture, que l’on considère parfois en déclin, fait toujours l’objet de nombreuses attentions de la part de tous les hôpitaux de France. Pourquoi ? Avec quels bénéfices pour les patients ? Tour d’horizon d’initiatives à La Rochelle, Nantes et Lyon.

« Lire, c’est voyager ; voyager, c’est lire », écrivait Victor Hugo. S’évader le temps d’une lecture par le biais de l’imaginaire, occuper un temps qui peut être long… Les principaux intérêts de la lecture pour les patients hospitalisés sont bien connus des dirigeants d’établissements de santé. Tous les hôpitaux de France mettent aujourd’hui des ouvrages variés à disposition des patients. Certains se trouvent dans un simple placard, d’autres au sein d’une médiathèque dédiée.

Le groupe hospitalier de La Rochelle Ré-Aunis a décidé de se doter d’un tel espace dès 1986. La médiathèque, qui est une antenne du réseau municipal, ouvre ses portes du lundi au vendredi. « Nous sommes très bien situés, au rez-de-chaussée, dans l’entrée principale de l’hôpital », détaille Christine Mouilleron, responsable de la médiathèque. « Nous disposons d’une collection riche et d’un fonds important. Nous sommes ouverts à tous : patients, familles, personnel, et même visiteurs… comme une médiathèque classique. Je fais partie du personnel municipal mais c’est l’hôpital qui fournit le local et paie le salaire ». Un exemple rare en France, principalement pour des raisons de coût.

 

Innover en faveur de la lecture

Dans un contexte financier contraint, investir en faveur de la culture dans un hôpital peut en effet s’avérer compliqué. Certains établissements ont donc décidé de trouver des solutions innovantes. « On considère l’hôpital comme un lieu de vie, explique Anne-Sophie De Lima Lopes, directrice adjointe en charge des usagers, services aux patients et partenariats innovants au CHU de Nantes. « Ce qui est important, c’est que l’hôpital ne soit pas une parenthèse dans le parcours de la personne. Nous souhaitons donc faire entrer au maximum la littérature et la lecture pour tous à l’hôpital. Nous voulons en outre être aussi moderne qu’à l’extérieur, et offrir de nouveaux services culturels aux usagers. »

 

Distribuer des histoires courtes

Un Distributeur d’Histoires Courtes© va ainsi être installé dans le hall principal du CHU de Nantes, là où les flux de personnes sont les plus importants. Financé par le fonds de dotation du CHU et une campagne de financement participatif, le distributeur imprime des nouvelles au hasard. « C’est gratuit, pour tous, et on peut choisir la durée de lecture : 1, 3, ou 5 minutes… C’est un concept moderne. Esthétiquement, les distributeurs interpellent, intriguent. C’est une première, on en installera d’autres en fonction des retours », précise Anne Sophie De Lima Lopes.

Le CHU de Nantes a également installé des boîtes à lire en partenariat avec des libraires locaux. « Nous avons de très bons retours des patients et des professionnels. Elles vivent leur vie, des livres partent, d’autres arrivent. D’autres boîtes sont déjà prévues. »

 

S’adapter aux nouvelles formes d’hospitalisation

À Lyon, c’est par le bais de l’Association des Bibliothèques d’Hôpitaux, implantée de longue date et dont l’action est parfaitement rodée, que la lecture vit. « Nous fêtons nos 80 ans cette année ! Nous couvrons 60 hôpitaux, des cliniques, des EHPAD… », raconte Frédérique Oraison, salariée de l’association.

Dans chaque hôpital, une équipe de bénévoles (de 2 à 15 personnes) s’organise pour passer dans les chambres prêter des livres et magazines aux patients. « Mais les temps d’hospitalisation raccourcissent désormais. Quand les personnes sont là, elles sont souvent très fatiguées. Donc on s’est adaptés : on propose la venue de conteurs notamment. Ils sont très appréciés, y compris par les adultes. »

 

Un désintérêt très relatif

Si la lecture est souvent considérée en déclin depuis l’arrivée d’Internet, elle trouve toujours sa place dans le temps de l’hospitalisation. « La médiathèque de La Rochelle a déjà été menacée de fermeture, raconte Christine Mouilleron, mais c’était il y a longtemps maintenant, et surtout pour des raisons de budget. Elle reste un lieu de vie important et apprécié. »

Partout, le même constat est partagé : « certes, Internet a apporté d’autres offres, pratiques et accessibles. Mais les grands lecteurs existent toujours, y compris chez les jeunes ! », rapporte Frédérique Oraison. « Quand nous organisons des lectures aux urgences pédiatriques par exemple, le niveau de tension baisse considérablement. C’est à nous d’apporter une offre complémentaire aux patients : des prises, du wifi, mais aussi des contes et des livres variés. C’est aux patients qu’il faut penser en premier ».

Signe que la lecture captive toujours, le nombre de retours de patients envers les initiatives ne baisse pas. « Quand on voit la gentillesse des petits mots laissés par les patients, c’est gratifiant. La lecture sert aussi à ça, à créer du contact. »

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