Poursuivre sa scolarité à l’hôpital

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Par Isabelle Coston (anpm)

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Chaque année, près de 11 000 élèves, des plus petits aux plus grands, suivent des cours alors qu’ils sont hospitalisés.

La loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades prévoit que, « dans la mesure où leurs conditions d’hospitalisation le permettent, les enfants en âge scolaire ont droit à un suivi scolaire adapté au sein des établissements de santé ». Quelle que soit la durée de leur hospitalisation, enfants et adolescents peuvent suivre des cours dispensés par des enseignants de l’Éducation nationale ou des professeurs bénévoles, envoyés à leur chevet par des associations.

Près de 800 enseignants du primaire au collège sont détachés par l’Éducation nationale, essentiellement dans les grands services hospitaliers. Ils donnent principalement des cours de français et de mathématiques, mais aussi, lorsque les jeunes patients sont suffisamment en forme, d’histoire-géographie et de sciences. Des classes sont aménagées dans des hôpitaux pour les enfants qui peuvent s’y rendre. Certains jeunes y passent même leur brevet ou leur bac.

Quant aux associations, véritables partenaires de l’Éducation nationale, elles sont indispensables : plusieurs milliers de bénévoles complètent l’offre de cours partout en France, notamment pour les collégiens et les lycéens, voire pour les étudiants en classes préparatoires.

 

Un enseignement sur mesure

Réviser un contrôle, faire ses devoirs…, « il y a autant d’attentes et de besoins que d’élèves, explique Joséphine Piat, directrice de l’association L’École à l’hôpital pour Paris et l’Ile-de-France. Le médecin hospitalier fait une demande de prise en charge. La coordinatrice de l’association, qui dispose d’un bureau au sein de l’établissement hospitalier, rencontre chacun des jeunes individuellement afin de proposer un ou plusieurs cours en fonction de leurs souhaits », précise-t-elle. Une organisation bien rodée, puisque cette association, créée en 1929 et agréée par l’Éducation nationale depuis 1996, compte pas moins de vingt-deux coordinatrices en région parisienne, dont quatre sont des bénévoles.

À l’hôpital Mignot, à Versailles, par exemple, la coordinatrice travaille avec l’équipe médicale du service de pédiatrie, qui lui confie les jeunes en capacité d’avoir cours. Elle constitue son équipe d’enseignants bénévoles au début de l’année et établit un planning de leurs disponibilités par demi-journées. Elle prépare également leurs interventions, ce qui permet à l’enseignant, lorsqu’il se rend au chevet du patient, de connaître exactement les attentes de ce dernier.

Certains élèves souhaitent être à jour lorsqu’ils retrouveront les bancs de l’école ; d’autres veulent davantage se préparer aux épreuves, comme le brevet ou le bac ; d’autres encore profiteront de cette occasion d’avoir un cours particulier pour combler une lacune, revoir un point précis qui n’a pas été complètement assimilé en classe. « Le professeur s’adapte aussi au contexte médical. Certains cours durent vingt minutes, d’autres une heure et demie, tout dépend de l’état de fatigue du jeune », souligne Béatrice Oudot, présidente de la Fédération pour l’enseignement des malades à domicile et à l’hôpital (FEMDH).

 

Maintenir le plaisir d’apprendre

Une hospitalisation en pédiatrie dure en moyenne 2,8 jours. Même pour un séjour de courte durée, l’enfant peut recevoir un cours, s’il le désire. « Certains jeunes atteints de maladie chronique ou qui doivent subir des dialyses ou une chimiothérapie, par exemple, viennent régulièrement à l’hôpital. Tous les cas de figure sont possibles », indique Joséphine Piat.

Aujourd’hui, la tendance des hôpitaux est à la réduction des temps de séjour. Les enfants rentrent plus tôt chez eux, mais ils ne sont pas toujours en mesure de reprendre immédiatement l’école. Toujours à l’initiative des équipes médicales, ils peuvent alors se voir prodiguer des cours à domicile.

La grande majorité des enfants acceptent ces cours individuels. Fragilisés par la maladie, ils reprennent confiance. « Ils sont fiers d’eux malgré la fatigue, et cela contribue à leur guérison, constate Béatrice Oudot. Comme ils ne sont pas contraints, ils redécouvrent le plaisir d’apprendre. » Les jeunes de plus de 15 ans, ne fréquentant donc plus les services pédiatriques, mais ceux qui sont dévolus aux adultes, ont aussi la possibilité d’apprendre à l’hôpital. « Pour ceux qui ont quitté l’école, cela peut être l’opportunité de se remettre en route pour les études, ajoute Béatrice Oudot. Nous pouvons monter un projet avec eux. »

 

Un pont entre la vie « normale » et la maladie

Les cours à l’hôpital font du bien aux enfants, c’est un constat des médecins et des enseignants : « Les médecins sont convaincus des bienfaits de la poursuite de la scolarité des enfants. Cela participe du soin », assure Joséphine Piat. L’école tient une place prépondérante dans la vie de l’enfant et il est important de ne pas le couper de son quotidien. « Si tout à l’hôpital le renvoie à sa maladie, les cours lui permettent de conserver un lien social, une dynamique », observe Béatrice Oudot.

Penser à l’école projette le jeune patient en dehors de l’hôpital, dans la « vraie vie ». « Me concentrer sur le bac, ça m’aide beaucoup dans la guérison, parce que je suis “après” la maladie », déclare Thibault sur une vidéo mise en ligne sur le site de L’École à l’hôpital. Thibault a d’ailleurs obtenu son bac, qu’il a passé dans l’établissement hospitalier. Il est aujourd’hui en rémission et envisage des études de médecine. Grâce aux cours, la vie continue.

 

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Par Isabelle Coston (anpm)

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