La prise de décision médicale partagée, c’est quoi ?

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Par Isabelle Blin

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© FatCamera / Getty

Informer le patient et l’associer à la prise de décision tout au long de son parcours de soins est une pratique qui tarde à se généraliser. Mais elle est positive pour le patient.

Chaque fois qu’une décision médicale doit être prise (dépistage, nouveau traitement, examens ou surveillance), et sauf en cas d’urgence médicale, un échange doit s’instaurer entre le professionnel de santé et son patient.

Fondée sur le principe du respect de la personne, la prise de décision partagée a été initiée par la loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé, dite « loi Kouchner ». Au cours de cet échange, le médecin explique à son patient les différentes options possibles en se basant à la fois sur des données médicales et scientifiques et sur son expérience professionnelle.

Selon les cas, il l’informe du pourcentage de risque de complications de tel ou tel acte chirurgical, des alternatives possibles avec leur taux de succès habituel, du mode d’action du nouveau médicament qu’il propose… Si besoin le praticien utilise des documents écrits, des vidéos, des graphiques, tout ce qui peut faciliter la compréhension du malade. Le Dr Jacques Battistoni, président du syndicat des médecins généralistes de France (MG France) avoue beaucoup dessiner : « De nombreuses personnes connaissent mal le corps humain et de simples croquis sont souvent très parlants. »

Le patient quant à lui, profite de cette rencontre pour décrire ses symptômes, ses conditions de vie, exprimer ses valeurs morales, religieuses… et ses préférences : plutôt l’ablation du sein que sa conservation qui comporte davantage de risques de récidives, un traitement par injection mensuelle moins contraignant que des comprimés quotidiens, ne pas faire un dépistage si on ne sait pas encore guérir la maladie…

 

La liberté de choix

Ce temps d’échange et de dialogue permet au médecin et au patient d’élaborer conjointement une « décision éclairée » d’un commun accord. « L’objectif est avant tout de rendre le malade acteur de sa prise en charge, s’il le souhaite », souligne Joëlle André-Vert, chef de projet au sein du service des recommandations de bonne pratique professionnelle à la Haute autorité de santé (HAS).

Pas question en effet pour le médecin de se décharger sur le patient et de lui laisser porter la responsabilité de la décision médicale. Mais on l’informe, on lui donne l’occasion de s’exprimer et on lui laisse la liberté du choix. Quitte à ce qu’il refuse de prendre part à la décision s’il préfère s’en remettre au praticien.

« Les bénéfices sont nombreux, assure Joëlle André-Vert : une personne à qui on a permis de s’exprimer ressent moins d’angoisse, un patient bien informé connaît mieux sa maladie, il la gère mieux. Le risque d'un événement indésirable évitable est également moins élevé chez les malades qui participent aux décisions durant leur hospitalisation. »

 

Une pratique encore trop peu généralisée

« Cet échange fait partie intégrante de l’exercice habituel du médecin généraliste, assure le Dr Jacques Battistoni. Il n’y a pas un avant et un après la loi Kouchner. Les recommandations de la Haute autorité de santé (HAS) sont venues formaliser et conforter la pratique des médecins. La médecine générale est centrée sur un patient suivi souvent depuis plusieurs années, dont nous connaissons les conditions de vie et l’environnement familial, social et économique. Chaque consultation et chaque prise de décision sont donc le fruit d’un échange orienté en priorité sur l’intérêt du patient. »

Pourtant, quinze ans après la promulgation de la loi, cette pratique n’est pas encore totalement généralisée en France, notamment chez les médecins qui ne voient les patients que ponctuellement. Certains praticiens sont réticents, d’autres n’ont pas été formés à cette nouvelle communication…

Un nombre croissant de médecins acceptent néanmoins de partager leurs compétences et leurs connaissances avec leurs patients qui, eux-mêmes sont de plus en plus nombreux à oser poser des questions, exprimer leurs souhaits… Un vrai cercle vertueux !

 

Sources :

« Toute personne prend, avec le professionnel de santé et compte tenu des informations et des préconisations qu’il lui fournit, les décisions concernant sa santé. » (article L.1111-4 du code de la santé publique)

Haute autorité de santé : « Patient et professionnels de santé : décider ensemble » (octobre 2013).

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