La classe ressemble à une classe de maternelle « ordinaire ». À quelques détails près. À Albi, dans le Tarn, l’unité d’enseignement maternelle autisme* (UEM) accueille sept enfants de 3 à 6 ans au sein d’une école « classique ». Comme celle-ci, il en existe 112 en France, les premières sont nées en 2014. L’espace est plus structuré pour que l’enfant se repère très facilement. Un tableau avec l’emploi du temps de chacun, un coin regroupement, un coin jeux et des bureaux individuels séparés par un paravent. La raison ? Que l’enfant se concentre mieux sur son activité.
Autre différence : l’encadrement. Chaque jour entre quatre et cinq professionnels accompagnent les sept enfants : enseignant, éducateur, psychologue, psychomotricien, orthophoniste… À temps plein ou à temps partiel. « L’enseignante pilote le dispositif et le met en musique afin que chacun puisse jouer sa partition tout en faisant partie du même orchestre. Ces professionnels aux métiers et aux cultures différentes travaillent ainsi ensemble », explique Julien Perrin, responsable d’unité d’intervention sociale.
En début de matinée, Sophie Février, professeur des écoles spécialisée, programme 15 minutes sur le minuteur accroché au mur, 15 minutes matérialisées en rouge. Dès qu’il n’y a plus de rouge, les enfants comprennent que l’activité est terminée et qu’il faut passer à la suivante. On se dit bonjour, on se présente, on chante… Les enfants participent. « Vous avez été super donc on sort la machine à bulles ». « C’est la pédagogie positive qui vise à valoriser les comportements attendus. On leur dit plus souvent bravo », explique Sophie Février.
Les enfants, qui pour la majorité d’entre eux ne parlent pas, ont un classeur ou une tablette pour communiquer. Ils s’expriment en échangeant des images avec l’adulte. Exemple : la main signifie que l’enfant a besoin d’aide. Que ce soit lors du goûter pour manger sa compote ou lors d’une activité individuelle pour finir son puzzle. « On leur apprend à faire des demandes spontanées. Ils expriment ainsi leurs besoins et peuvent entrer en relation avec l’autre, ce qui diminue leurs frustrations », précise Nathalie Rousseau-Mérou, psychologue.
Quand vient l’heure de la récréation, ils sortent avec les autres enfants de l’école. Sans difficulté, ni pour les uns ni pour les autres. Une action de sensibilisation ayant été réalisée auprès de toutes les classes en début d’année. Et certains élèves de l’unité d’enseignement maternelle autisme (UEM) sont d’ailleurs quelques heures par semaine en inclusion dans d’autres classes, toujours accompagnés bien évidemment. Ils mangent également à la cantine avec un menu adapté, la plupart d’entre eux mangeant encore des aliments mixés.
Chaque enfant a un projet d’accompagnement personnalisé avec des objectifs. Ainsi, alors qu’à 3 ans, ils ne pouvaient pas rejoindre une classe de maternelle « ordinaire », ils pourront peut-être à la sortie de l’UEM rejoindre une classe de CP avec ou sans auxiliaire de vie scolaire (AVS). Certains poursuivront en unité locale pour l’inclusion scolaire (ULIS) et d’autres continueront leur apprentissage dans un établissement spécialisé.
*L’UEM est adossée à un établissement médico-social géré par l’Agapei
Marion, maman de Loan, 5 ans et demi
« Mon fils Loan fréquente l’unité d’enseignement depuis deux ans. Il a fait énormément de progrès pour tous les apprentissages. Le cadre le rassure avec les rituels mis en place, il a moins d’angoisse. Et nous aussi. Toutes les six semaines, la psychologue et l’éducatrice viennent faire le point à notre domicile. Et on peut ainsi mettre en place à la maison des choses qui fonctionnent à l’école. Dommage que cette unité s’arrête à la maternelle et qu’il n’en existe pas pour l’école élémentaire ».