Cinq progrès pour vos yeux

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Par Isabelle Blin

Temps de lecture estimé 5 minute(s)

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© medlar / Istockphotos

Ces dernières années, l’ophtalmologie a fait de nombreux progrès. Et les nouvelles technologies permettent aujourd’hui des traitements de plus en plus précis, efficaces et confortables.

1. Les espoirs de l’implant rétinien

En France, plusieurs personnes dont la rétine est détruite bénéficient d’un implant mis en place en avant ou en arrière de la rétine (selon les modèles).

Le principe : une caméra capte une image, puis la transforme en influx électriques qui sont envoyés sur l’implant. À son tour, celui-ci transmet ces signaux électriques au cerveau qui les interprète. « Ces personnes ne retrouvent pas la vue, insiste le Dr Gérard Dupeyron, ophtalmologue, chef de service au CHU de Nîmes et médecin-chef de l’institut Aramav de Nîmes. Mais ces prothèses leur procurent des sensations visuelles, que leur cerveau apprend peu à peu à interpréter grâce à de longs mois de rééducation. »

L’objectif est que ces personnes puissent être autonomes et parviennent à se repérer dans un environnement connu, à percevoir de gros objets sur une table… Pour le moment, les résultats sont positifs chez près d’une personne implantée sur deux, mais ce n’est que le début de cette extraordinaire aventure.

2. Une application pour corriger la presbytie

À partir de la quarantaine, le cristallin durcit et ne parvient plus à faire le focus sur la vision de loin comme sur la vision de près et à passer de l’une à l’autre sans gêne. D’où l’idée de GlassesOff, une application téléchargeable gratuitement (puis abonnement payant) qui propose des exercices ludiques de gymnastique de l’œil, afin de permettre au cristallin de faire à nouveau la mise au point pour voir net.

Pour le Dr Charles Ghenassia, ophtalmologue, « cette méthode joue en fait sur la plasticité cérébrale. En faisant travailler les muscles et le cristallin, on favorise la connexion de nouvelles fibres nerveuses entre elles ». Pas de miracle pour autant, cette méthode s’applique surtout aux personnes autour de 40 ans qui ne souffrent que de presbytie. À condition d’exercices assidus et réguliers, elle peut leur permettre de gagner quelques années avant le port de lunettes ou une intervention chirurgicale.

3. Le laser efficace aussi sur les fortes myopies

Aujourd’hui, grâce à des programmes informatiques performants qui permettent de conduire le faisceau lumineux des lasers, on peut opérer certaines myopies considérées avant 2010 comme incurables (jusqu’à – 12 dioptries). « À condition que la vue soit stable depuis au moins un an et que la cornée ne soit ni trop fine ni malade ni fragilisée », précise le Pr Gilles Renard, directeur scientifique de la Société française d’ophtalmologie (SFO).

L’intervention ne dure que quelques minutes, et s’il est accompagné, le patient peut repartir dans les heures qui suivent. « Pendant quelques jours, on peut voir un peu flou, mais ensuite, dans 90 à 95 % des cas, on peut se passer de lunettes ou de lentilles », affirme le Pr Renard.

4. Presbytie : des interventions de plus en plus fiables

La chirurgie de la presbytie propose une alternative aux lunettes et lentilles de contact. Dans les presbyties débutantes, la chirurgie au laser permet de compenser la perte naturelle de la capacité d’adaptation de l’œil. Il existe deux techniques différentes. La première consiste à déformer la cornée, pour qu’un œil voie bien de près et l’autre de loin.

Autre solution : changer la courbure de la cornée des deux yeux (presbylasik), afin qu’ils puissent voir tous les deux de près, quitte à avoir une vision de loin un peu moins bonne. Au-delà de 55 ans, si la rétine est normale, on préfère traiter en même temps la cataracte débutante. On retire alors le cristallin que l’on remplace par une lentille intraoculaire. « Grâce aux progrès techniques, la chirurgie de la presbytie est aujourd’hui plus précise, même si la qualité de la vision reste parfois moins bonne qu’avec des lunettes ou des lentilles de contact adaptées », souligne le Pr Pierre-Jean Pisella, chef du service d’ophtalmologie au CHU de Tours et président de la Société française d’ophtalmologie (SFO).

5. Myopes et hypermétropes : des lentilles de nuit

Des lentilles à porter la nuit qui permettent de voir net le lendemain : tel est le pari de l’orthokératologie, une discipline qui se développe progressivement en France depuis cinq ans. Pendant le sommeil, des lentilles rigides exercent une pression sur la couche externe de la cornée et la modifient de façon transitoire. Le lendemain, on voit sans correction, on peut pratiquer toutes les activités physiques de son choix, on ne craint ni les poussières ni la climatisation. « On corrige des myopies jusqu’à – 6 ou – 7 dioptries, à condition que la cornée soit courbe, et des hypermétropies jusqu’à + 3 dioptries », explique le Dr Phat-Eam Lim, l’un des 150 ophtalmologues formés à cette discipline en France.

Autres avantages : ces lentilles sur mesure peuvent être portées dès l’âge de 7 ou 8 ans (selon la maturité de l’enfant), elles s’entretiennent facilement, comportent moins de risques d’infection, et surtout, elles freinent l’évolution de la myopie chez les enfants et les adolescents, comme l’ont démontré des publications scientifiques.

Témoignage

Betty, 43 ans (Paris), maman de Salomé et Cléo, 13 ans.

« Nous sommes toutes les trois myopes, équipées de lentilles de nuit depuis trois ans. Au début, c’était essentiellement parce qu’on pensait que ce serait plus pratique pour le tennis et la natation. En plus, je supportais de moins en moins mes lentilles jetables, et j’envisageais de me faire opérer. Mes filles avaient des lunettes depuis l’âge de cinq ans et n’en voulaient plus. Elles se sont très bien adaptées. L'une des deux m’a demandé de les lui mettre en place le soir pendant six mois environ, et maintenant, elles sont totalement autonomes. Les lentilles ont même permis de freiner considérablement la myopie de l’une et de la stabiliser chez l’autre. Pour rien au monde elles ne voudraient à nouveau porter des lunettes. De mon côté, l’adaptation a été un peu plus difficile, mais cela n’a rien à voir avec la contrainte des lunettes ! En plus, j’ai la chance de n’avoir à porter ces lentilles que toutes les deux ou trois nuits, car chez moi l’effet correcteur se prolonge jusqu’à trois jours. »

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