Quand on évoque les exosquelettes, on pense immédiatement à ces images spectaculaires d’hommes augmentés, équipés de prothèses robotiques ou d’interfaces ultraperfectionnées… Un exosquelette est en effet un système externe, biomécanique ou motorisé, apportant une assistance physique à son utilisateur. Il peut être employé par une personne souffrant d’un problème de mobilité ou par un salarié soumis à une importante charge physique, par exemple.
Aujourd’hui, en équiper les salariés est d’ailleurs l’utilisation la plus courante. Cela permet de soulager les gestes répétitifs, les positions angulaires extrêmes, les vibrations et les chocs mécaniques qui sont notamment responsables de l’apparition de troubles musculosquelettiques. De quoi nourrir de formidables espoirs, les TMS étant la première cause d’indemnisation pour maladie professionnelle.
Alliés à un coût raisonnable (moins de 3 000 euros pour un appareil mécanique), les avantages des exosquelettes poussent de plus en plus d’entreprises à y faire appel. Le marché mondial pourrait d’ailleurs atteindre 3,3 milliards de dollars d’ici 2025*. C’est le cas notamment de l’entreprise Hilti, qui a fait développer l’exosquelette « Exo-01 » dont l’objectif est d’aider les salariés qui effectuent des travaux les bras en hauteur. L’idée : réduire la fatigue en soulageant le poids des bras.
« Une efficacité qui devrait entraîner son utilisation dans tous les secteurs réputés pour leur pénibilité et qui n’arrivent plus à améliorer les conditions de travail : industrie, automobile, BTP, manutention, agriculture, sécurité… et même l’hôpital », explique Jean Theurel, physiologiste à l’INRS** qui dirige une équipe sur le sujet.
Les entreprises ont de quoi être séduites. En préservant la santé des travailleurs, les exosquelettes permettent également d’améliorer les performances économiques et sociales des entreprises. Celles qui évoluent dans des secteurs peu attractifs pourraient fidéliser leurs salariés et en recruter de nouveaux (jeunes, femmes, personnes en situation de handicap). Cela rendrait aussi plus simple le maintien dans l’emploi des plus fragiles ou des salariés en fin de carrière qui exercent un métier pénible.
Économiquement, avec la diminution des TMS et par conséquent, d’un grand nombre d’arrêts de travail, ces appareils représentent un avantage pour accroître la productivité des entreprises et améliorer leur chiffre d’affaires.
Au-delà des avantages qu’ils présentent, les exosquelettes ont leurs limites. « Sur le terrain, on n’en est pas encore à Iron Man, avertit Jean Theurel. Ni même à un robot prêt à l’emploi. Chaque exosquelette doit être conçu en vue d’une situation précise, pour une tâche simple, ce qui demande en amont tout un travail de développement avec le concepteur ». Un travail de dentelle, car il faut imaginer à la fois un appareil efficace et facile à accepter pour le travailleur. Surtout, il doit apporter une assistance locale, sans déséquilibrer le reste du corps.
« Au final, l’exosquelette est une bonne solution lorsqu’on n’a pas réussi à améliorer les conditions de travail », conclut Jean Theurel. Ce qui reste la priorité pour les entreprises à forte pénibilité.
* Source : cabinet de conseil Grand View Research.
** Institut national de recherche et de sécurité.