« Grâce à l’intelligence artificielle, le médecin aura plus de temps pour son patient »

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Par Émilie Gilmer

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Comment exploiter au mieux l’intelligence artificielle sans déshumaniser la médecine ? Les réponses de Thomas Godard, directeur en charge de l’innovation au sein de la Fédération nationale de la Mutualité Française.

Quel sera l’impact de l’intelligence artificielle, demain, sur la pratique médicale ?

Thomas Godard : L’intelligence artificielle va redéfinir le rôle du médecin et sa place dans le parcours de soins. Aujourd’hui déjà, l’analyse d’un cliché de radiologie peut être réalisée par une machine avec une fiabilité plus élevée que celle du médecin. Demain, les domaines où la valeur ajoutée de la machine sera supérieure à celle du médecin seront nombreux. L’ensemble des professionnels de santé seront alors bousculés dans leur pratique, redéfinissant ainsi les espaces d’intervention de chacun.

N’y a-t-il pas un risque alors que la machine remplace le médecin ?

T. G. : Cela restera dans la plupart des cas un outil d’aide à la décision. Il faudra toujours un médecin pour conforter un diagnostic, l’expliquer, avec ses conséquences, les différents scénarios de traitements possibles et surtout, pour faire preuve d’empathie, ce dont la machine est (et restera longtemps) incapable. En résumé, le médecin va pouvoir se concentrer sur le cœur de son métier et aura plus de temps à consacrer à l’accompagnement du patient.

Qui sera responsable en cas d’erreur ou de défaillance ?

T. G. : On peut faire un parallèle avec les voitures autonomes pour lesquelles la question se pose déjà. Lorsqu’il y a un accident, qui est responsable ? Est-ce l’ingénieur qui a conçu l’algorithme* ? Est-ce le propriétaire de la voiture ? Ces questions ne sont pas réglées. Une chose est sûre : il sera nécessaire de garantir la transparence des programmes informatiques. Le médecin devra savoir ce qui conduit la machine à établir tel ou tel diagnostic ou à se comporter de telle ou telle manière, à partir de quelles données d’entrée. L’idée est d’en comprendre la logique pour en garder la maîtrise.

Comment faire en sorte que ces applications profitent à tous ?

T. G. : Pour l’heure, ces technologies coûtent très cher, et ce sont principalement les grands centres hospitaliers qui ont les moyens d’en bénéficier. Mais demain, des hôpitaux plus petits devraient pouvoir s’équiper, notamment par la mutualisation de moyens. Par ailleurs, le réseau mutualiste a un rôle à jouer, en se saisissant de ces outils, en les expérimentant au sein de ses structures de soins, pour en favoriser le développement. Il y a là un enjeu évident d’accès démocratisé à des soins de qualité.

* Suite d’opérations indiquée à un ordinateur, permettant de résoudre un problème.

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