Intelligence artificielle : une aide au diagnostic pour les médecins

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Par Isabelle Coston (ANPM/France Mutualité)

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Ce n’est plus de la science-fiction : avec l’intelligence artificielle (IA), les machines sont vouées à remplacer l’humain dans toujours plus de tâches. Dans le monde de la santé, elle va aider, notamment les médecins à améliorer leurs diagnostics.

« L’intelligence artificielle, tout le monde en parle, mais peu de gens savent de quoi il s’agit », déclarait Cédric Villani, dans une vidéo publiée sur YouTube. Ce mathématicien et député de La République en marche (LREM) est aussi l’auteur d’un rapport sur l’intelligence artificielle (IA), remis au gouvernement en mars 2018.

« Il n’y a pas vraiment de définition pour l’IA. L’intelligence artificielle, c’est tout un ensemble de techniques et de procédés sophistiqués, subtils, qui permettent à des algorithmes, à des logiciels, de fournir des réponses à des problèmes un peu complexes : reconnaître une adresse, traduire un texte, conduire une voiture, toutes sortes de tâches dont vous auriez pu penser qu’il fallait un humain pour les réaliser. »

La puissance des algorithmes au service de la santé

Les algorithmes, ces programmes informatiques qui appliquent une série d’instructions en compilant et en analysant d’énormes masses de données, seront de plus en plus utilisés dans le domaine médical. Le logiciel pourrait en particulier s’avérer être un auxiliaire précieux en matière de diagnostic. Avec la méthode de l’apprentissage profond (deep learning), des algorithmes sont, par exemple, entraînés à reconnaître des tumeurs et à émettre des recommandations.

« Aujourd’hui, c’est une évidence : l’IA et le big data vont changer nos pratiques, confirmait aux journées francophones de radiologie le professeur Laure Fournier, radiologue à l’hôpital Georges-Pompidou (Paris). L’informatique, qui nous a apporté le scanner et l’IRM, les techniques hybrides, le traitement d’images avec l’imagerie 3D pour préparer le travail du chirurgien, fait partie intégrante de notre métier. L’IA est un outil de plus, qui est révolutionnaire, magique diraient certains, mais cela reste malgré tout un outil, qui va nous aider à faire les choses que l’on fait déjà actuellement. »

Pour le médecin, un gain de temps et d’efficacité

En pratique, l’IA aidera le radiologue, lorsqu’il analyse un scanner, à faire le tri entre des milliers d’images et à mieux les exploiter. Elle lui permettra ainsi de gagner du temps en pointant les anomalies sur lesquelles il doit davantage se pencher.

« La deuxième chose, c’est la caractérisation, précise Laure Fournier. Une fois que l’on voit une anomalie, il faut décider si l’on s’inquiète ou pas, si l’on fait une biopsie ou pas, si l’on adresse le patient à un autre médecin… Les techniques d’IA vont permettre l’apprentissage sur un très grand nombre de cas et nous aider à établir des scores ou des probabilités de cancer, par exemple, face à une image. On utilise déjà des scores aujourd’hui, mais on pense que cette IA va les rendre beaucoup plus efficaces et beaucoup plus intelligents. »

Le robot intelligent, plus fort que l’humain ?

Une compétition entre un système d’intelligence artificielle et des médecins a été récemment menée en Chine. Cette expérience, dont l’objectif était de diagnostiquer des tumeurs cérébrales, a montré une nette supériorité de l’IA sur les humains. Quand l’IA mettait quinze minutes seulement pour établir 225 diagnostics qui se sont révélés justes dans 87 % des cas, il fallait trente minutes aux médecins pour obtenir des résultats avec un taux de précision de 66 %. L’intelligence artificielle de Google a quant à elle réussi à détecter sur des images médicales les cas de cancers du sein avec une efficacité de 89 %, contre 73 % pour des spécialistes.

Ces systèmes hautement performants seront-ils pour autant amenés à remplacer l’humain ? Ces nouvelles technologies apportent, certes, l’espoir d’une meilleure prise en charge des maladies et la perspective de guérisons plus nombreuses pour les patients. Mais le robot intelligent n’est, pour l’instant, encore qu’un fantasme. Le rôle du médecin reste central et la décision finale lui appartient. Et les contours du cadre de l’ouverture et de l’exploitation des données de santé à grande échelle sont toujours à définir.

Par Isabelle Coston (ANPM/France Mutualité)

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