Quand des start-up investissent la santé au féminin

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Par Victoire N’Sondé

Temps de lecture estimé 4 minute(s)

Les entrepreneuses de la FemTech conçoivent des produits innovants pour accompagner les femmes dans leur santé au quotidien et dans leur vie intime. On fait le point sur ce secteur en croissance.

« FemTech ! ». A l’oreille, ça claque comme un slogan marketing. Pourtant, cette filière encore émergente en France affiche clairement ses ambitions. « La FemTech regroupe toutes les innovations, au sens large, qui améliorent la santé des femmes, qu’elles soient technologiques ou d’usage, décrypte Delphine Moulu, directrice générale et co-fondatrice de l’Association FemTech France. Il pourra s’agir de médicaments, de logiciels qui aident à poser un diagnostic, de services…Mais pour nous, une maison de santé qui rassemble tous les spécialistes dont les femmes ont besoin, c’est aussi de la FemTech ».

Fédérer un écosystème d’entrepreneurs et de professionnels de santé

Fin 2022, son association avait répertorié pas moins de 81 start-up françaises se revendiquant de la FemTech. Certaines s’orientent vers le bien-être. Toutefois, FemTech France, toute jeune association puisqu’elle a vu le jour en septembre 2022, a résolument choisi d’accompagner des entrepreneurs axés sur la santé des femmes. « Nous voulons fédérer cet écosystème et faire en sorte que les différents acteurs travaillent davantage les uns avec les autres. Les médecins sont sur le terrain, avec des besoins et des envies. Nous souhaitons les mettre en relation avec des entrepreneurs qui bénéficient d’un profil business mais qui n’ont accès ni aux professionnels de santé, ni aux industriels », ambitionne Delphine Moulu.

Des applis autour du cycle menstruel, sur les grossesses à risque…

Règles, incontinence urinaire, vaginites, vulvites… les actrices (et acteurs) de la FemTech investissent tout particulièrement des domaines encore tabous de l’intimité féminine. Parmi les innovations qui ont déjà conquis le public, il convient d’évoquer les applications pour smartphone de suivi du cycle menstruel. Clue, la plus célèbre d’entre elles, a été développée par une compagnie allemande qui revendique des millions d’utilisatrices dans 190 pays.
On citera également la britannique Flo et il en existe bien d’autres… Du côté des start-ups françaises, quelques entrepreneuses ont également mené à terme des projets FemTech d’envergure. C’est le cas de Florine Duplessis, fondatrice et directrice générale d’Efelya, une application médicale qui vise à accompagner les femmes jusqu’à leur accouchement, et surtout à prévenir et à dépister les grossesses à risque. « Efelya est la seule application au monde certifiée dispositif médical dans le dépistage des grossesses à risque », précise sa conceptrice. Cette dernière s’est appuyée sur ses compétences professionnelles pour développer son projet. « Je suis sage-femme échographiste de formation, spécialisée dans les pathologies de la grossesse et je dirige une maison de santé, en Bretagne ». Pour faire fonctionner l’application, elle collabore avec 35 experts professionnels de santé. Via son application gratuite – à l’exception du « chat » qui permet de converser avec un praticien -, Florine Duplessis ne cherche pas à concurrencer ses confrères mais plutôt à assurer une continuité de suivi. « En terme de démographie médicale, nous sommes sous-dimensionnés par rapport au nombre de femmes enceintes. La patiente trouvera des informations sur Efelya entre deux rendez-vous chez le médecin. Mon application permet aussi d’éviter des consultations en urgence ».

Vigilance sur les allégations trompeuses et la protection des données personnelles

Encadré par son statut de dispositif médical, Efelya fait figure de "bon élève". Mais dans l’environnement de la FemTech, comme dans tout secteur émergent, gravitent aussi des sociétés peu scrupuleuses. A fortiori autour de ces domaines de la santé des femmes qui suscitent de fortes attentes du public car ils intéressent peu les laboratoires pharmaceutiques et les industriels en général. La vigilance doit donc être de mise pour écarter les pseudo-innovations dont les promesses santé semblent trop belles pour être réalistes.
A l’inverse, un statut clair (médicament, dispositif médical…), la présence de professionnels de santé dans l’équipe et une mise en avant des dispositions prises par l’entreprise pour protéger les données personnelles des utilisatrices seront de bons indicateurs pour repérer les solutions FemTech dignes d’intérêt. Et en cas de doute, il conviendra de demander conseil à un professionnel de santé.

Une FemTech School pour accompagner les jeunes pousses

Développer une innovation dédiée à la santé des femmes, cela ne s’improvise pas ! Pour les start-ups qui se lancent, les défis sont multiples : s’assurer que la solution répond aux besoins du public cible, vérifier qu’elle respecte la réglementation en vigueur ou encore lever des fonds publics ou privés. Pour les accompagner, l’association FemTech France a créé en 2022 sa FemTech School, une formation accélérée, en partenariat notamment avec le groupe mutualiste VYV. La première promotion comptait huit lauréates. Plus d’infos sur le site de FemTech France.

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