Chutes, suffocations, noyades, intoxications… Chaque année, les accidents de la vie courante causent en France plus de 21 000 décès. Deux fois sur trois, la victime est âgée de plus de 75 ans. Et, souvent, des moyens préventifs simples auraient pu permettre d’éviter le drame.
« À partir d’un certain âge, aucune chute n’est anodine, constate le Docteur Bertrand Thélot, responsable de l’unité Traumatismes de Santé publique France. Sur les 800 000 accidents de ce type concernant chaque année les 65 ans et plus, un sur dix entraîne une fracture du fémur ».
Crainte de la récidive, perte de mobilité : les conséquences d’un événement traumatique se traduisent presque toujours par un isolement accru. Outre la chute, les seniors se trouvent en première ligne pour les risques de suffocation. « Avec l’âge, reprend le Dr Thélot, la déglutition devient plus difficile et le risque de fausse route augmente. Conserver une dentition en bon état, mastiquer suffisamment, voire proscrire les aliments que l’on avale avec difficulté réduit considérablement le risque d’accident. »
Prendre conscience de ses limites est indispensable. Rares sont les personnes qui démarrent une activité tonique, comme le tennis, s’ils n’ont jamais pratiqué auparavant. Mais beaucoup d’accidents résultent d’imprudences.
« Contrairement à l’idée reçue, souligne le Dr Thélot, la majorité des décès par noyade survient en mer et concerne, non des enfants, mais des adultes de plus de 45 ans : pêcheurs du dimanche sans gilet de sauvetage, personnes qui se baignent là où elles n’ont pas pied ou qui chutent dans l’eau après un repas copieux. On ne rappellera jamais assez les règles élémentaires de prudence tout comme le fait qu’il n’y a pas d’âge pour apprendre à nager ».
Tout prévoir est impossible. « La majorité des accidents reste cependant évitable, souligne le Dr Thélot. Installer une rampe dans l’escalier de la cave, éviter les escabeaux branlants et prévoir une poignée, un fond antidérapant ou même un élévateur pour entrer et sortir de la baignoire est à la portée de tous ». Tout comme le recours au pilulier pour proscrire tout risque d’intoxication médicamenteuse involontaire. Ou aménager les rangements à hauteur d’homme. Ce sont autant de petites précautions susceptibles de faire la différence en cas de problème.
Pose de volets automatisés, création d’une douche à l’Italienne, installation de cheminements lumineux… différents travaux d’adaptation du logement peuvent être partiellement pris en charge par divers organismes. Outre l’Agence nationale de l’habitat (ANAH), une aide peut être sollicitée auprès de l’Assurance retraite, des caisses complémentaires ou encore de certaines collectivités territoriales (communes, départements, régions). Ces institutions peuvent également mandater un ergothérapeute à domicile, afin de préconiser des mesures adaptées à la perte d’autonomie. Les aménagements du logement sont aussi susceptibles d’être financés par l’APA (Allocation personnalisée d’autonomie) ou la PCH (Prestation de compensation du handicap). Ces différents organismes vous indiqueront les conditions à remplir pour bénéficier de ces aides.
Parce que la chute est souvent le point de départ de la dépendance, de plus en plus de mutuelles, de caisses d’Assurance maladie et de caisses de retraite proposent des ateliers équilibre aux plus de 60 ans. Adaptés à la mobilité et aux difficultés de chacun, ces exercices aident à retrouver aisance et confiance dans les déplacements quotidiens. L’objectif est double : dédramatiser les chutes, et en minimiser les conséquences en apprenant à tomber mais aussi à se relever. Il n’est pas nécessaire d’avoir déjà pratiqué une activité sportive pour y participer.
Santé publique France met à disposition sur son site Internet une brochure « Comment Aménager votre maison pour éviter les chutes ? » avec de très nombreux conseils pratiques.