Addictions : comment aider les ados à s’en libérer ?

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Par Isabelle Coston (ANPM-France Mutualité)

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Comment et pourquoi les adolescents peuvent être sujets à une addiction ? De quelle façon les parents peuvent la repérer et aider leur enfant à s’en libérer ?

Christine Deroin, écrivain et metteur en scène, anime des ateliers d’écriture et de théâtre dans les collèges, les lycées, ainsi qu’en psychiatrie, au sein d’une unité pour malades difficiles (UMD). Elle répond à nos questions sur les addictions chez les adolescents.

Quand parle-t-on d’addiction ?

Christine Deroin : On peut dire qu’un ado est accro quand il ne peut plus se passer du produit, du jeu ou de l’activité. Certains vont juste expérimenter et vont arrêter très vite, d’autres vont rapidement plonger dedans et d’autres encore vont devenir addict petit à petit. Il y a des fragilités qui peuvent prédisposer à un état de dépendance. Pour ce qui concerne l’alcool, l’héritage génétique est scientifiquement démontré. Il existe par ailleurs des addictions sans substance, comme l’utilisation abusive des écrans, qui peut avoir des effets sur le développement du cerveau. Il faut savoir que ce dernier n’atteint sa maturité qu’à l’âge de 25 ans.

Quelles sont les drogues les plus répandues chez les jeunes ?

C.D. : L’alcool est la drogue la plus consommée. En France, il jouit d’un statut particulier. Il arrive même que certains ados de 13-14 ans partagent une bière avec leur père en regardant un match de foot. Beaucoup de jeunes se cachent pour boire en groupe, dans les jardins publics ou les caves d’immeubles. Venu des pays anglo-saxons, le binge-drinking (le fait de boire de grandes quantités d’alcool en un temps réduit, NDLR) fait actuellement des ravages en France. Il est à l’origine d’un grand nombre de comas éthyliques. De plus, les prémix, ces bouteilles au packaging attractif qui contiennent un alcool fort mélangé à une boisson non alcoolisée tel un soda, ciblent particulièrement les jeunes. Ils insistent sur le côté festif alors que ce sont des produits dangereux.

Quant au cannabis, il reste la drogue fétiche des adolescents. La Skunk notamment, une variété avec un fort taux de tétrahydrocannabinol (THC), peut engendrer des crises de panique et de paranoïa. Il existe même des cas (rares) où un premier joint suffit à provoquer une entrée en schizophrénie. Quant à l’héroïne, elle revient à la mode. Les médicaments à base de codéine sont aussi toujours très utilisés. Des mélanges de produits, élaborés par des apprentis chimistes, sont vendus dans les soirées.

Quels signes doivent alerter et comment réagir ?

C.D. : Il faut s’alarmer quand l’enfant qui avait jusqu’en classe de 4e ou de 3e un bon groupe de copains ne les voit plus du jour au lendemain. Il faut chercher à connaître ses nouvelles relations si on a un doute. Je conseille d’abord de parler avec lui et de voir de quelle façon il réagit, mais de ne surtout pas le menacer. On peut rencontrer un médiateur (éducateur, médecin), se rendre dans un centre médico-psychologique (CMP), une association. Avec un médiateur, il n’y a pas de lien affectif, la parole est plus facile. Si le cas est grave, que le jeune a de très mauvaises fréquentations, il peut parfois être salutaire de prendre des mesures radicales en le coupant de son environnement, en le changeant d’établissement scolaire, par exemple. Avant d’agir, les parents eux-mêmes peuvent rencontrer un conseiller ou un psychologue.

 

À lire : 100 Idées pour aider un adolescent à se libérer d’une addiction, de Christine Deroin, éditions Tom Pousse (167 pages, 15,50 euros).

 

 

Par Isabelle Coston (ANPM-France Mutualité)

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