Alimentation des enfants : alerte au sucre !

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Par Pauline Hervé

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Les trois quarts des 4-7 ans mangent trop de sucre au quotidien, alerte l’Agence nationale de sécurité sanitaire. Moins de sodas et plus de « fait maison » permettrait de préserver le plaisir du goût en limitant les risques.

Soixante grammes par jour : c’est la consommation journalière de sucre recommandée entre 4 et 7 ans (75 grammes entre 8 et 12 ans puis 100 grammes entre 13 et 17 ans). Or les trois quarts des plus jeunes dépassent ce seuil quotidien, rapporte une étude publiée en juin 2019 par l’Anses, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail. Celle-ci est chargée d’élaborer les repères alimentaires pour la population française adulte.

C’est en se penchant sur l’adaptation de ces repères aux enfants qu’elle a mis en lumière le trop-plein de sucre chez les plus jeunes.

Un appel aux pouvoirs publics

L’Anses alerte sur « les apports excessifs en sucres en particulier chez les plus petits et appelle les pouvoirs publics à mettre d’urgence en place des mesures afin de réduire les risques encourus ». L’organisation mondiale de la santé (OMS) rappelle que les sucres ne devraient pas constituer plus de 10% de l’apport énergétique total de l’alimentation. Ce seuil a d’ailleurs été encore abaissé en 2019.

La surconsommation de sucre aurait deux origines : les boissons sucrées (sodas et jus de fruits) et les pâtisseries ou biscuits industriels, souvent très riches en sucres ajoutés. Le goûter est particulièrement mis en cause par l’Anses.

Les risques : caries, surpoids et diabète

Outre les risques à court terme sur la santé bucco-dentaire (caries), à moyen terme la surconsommation de sucre peut mener à du surpoids, « surtout que de nos jours les enfants sont de plus en plus sédentaires », note Ariane Grumbach, diététicienne. Leur dépense physique ne vient pas consommer un trop gros apport en calories. À long terme, l’habitude du goût sucré et l’apport quotidien en calories entraînent des risques d’obésité et de diabète à l’âge adulte.

Pour Ariane Grumbach, il faut veiller à avoir un regard global sur l’alimentation. « Si l’enfant mange du sucre uniquement au goûter, ça n’est pas énorme. Mais probablement, il en mange également au petit-déjeuner, au goûter ET au dessert, parfois sans le savoir. Par exemple, beaucoup d’adultes considèrent comme « un yaourt » une crème dessert aromatisée. Or ces sucres ignorés comptent pour beaucoup ! »

Attention aux sucres mal identifiables

Alors comment éliminer les sucres superflus tout en gardant le plaisir d’un bon goûter ? Le conseil tient en un mot : simplicité. « Dans l’idéal, il faut proposer les aliments les plus simples, comme du pain, des petits-beurre, ou même un gâteau fait maison, qu’on agrémentera soi-même de chocolat, de confiture… en étant conscient du sucre que l’on rajoute. C’est toujours mieux que des biscuits ou céréales industrielles », répond la diététicienne.

L’Anses va dans le même sens : « Dans les produits industriels transformés, les sucres ajoutés ne sont pas facilement identifiables par le consommateur car ils peuvent être inclus dans divers ingrédients utilisés pour leur pouvoir sucrant (sirops de glucose-fructose, sirops ou jus concentrés de fruit, moûts…). Et le consommateur ne peut pas se représenter les quantités pratiquement. » Pour comparer deux paquets de biscuits, regardez la mention « sucres » (et non pas glucides car ces sucres lents ont, eux, un apport nutritionnel intéressant).

Garder la notion de plaisir

Pour les enfants qui apprécient, on peut tout à fait leur proposer pain et fromage ou même un laitage : « Le goûter sucré est purement une habitude culturelle, précise Ariane Grumbach, pas du tout une nécessité nutritionnelle ! » Quant aux boissons, l’Anses recommande de conserver les sodas pour une consommation « occasionnelle » et de limiter les jus de fruits à un verre par jour. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, ceux-ci contiennent en effet beaucoup de sucres, et pas de fibres par rapport à un fruit à croquer.

L’important est de garder toujours la notion de plaisir. « Il ne faut surtout pas priver les enfants ou les mettre au régime, met en garde la diététicienne, ça ne fonctionnera pas ». Elle recommande en revanche de poser un cadre avec des règles simples : « Par exemple : à table, on boit de l’eau, et les bonbons, oui, mais un par jour ou le week-end. »

Pour en savoir plus :

Les sucres dans l’alimentation (site de l’Anses).

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