Allergies alimentaires : comment vivre avec ?

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Par Cécile Fratellini

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Allergie au gluten, au lactose, aux œufs… Comment se manifeste-t-elle ? Et comment manger équilibré malgré tout ? Réponses avec Jean-Michel Lecerf, chef du service nutrition à l’Institut Pasteur de Lille.

Qu’est-ce qu’une allergie alimentaire ?

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Jean-Michel Lecerf – crédit Sam Bellet

Jean-Michel Lecerf : L’allergie alimentaire n’existe pas en tant que telle, on doit parler d’une allergie à un aliment donné. On n’est pas allergique à l’alimentation mais à un ou plusieurs aliments.

Tout d’abord un certain nombre de personnes disent qu’elles sont allergiques alors qu’elles ont des réactions pseudo-allergiques comme des rougeurs quand elles mangent des fraises, du poisson ou certains fromages qui contiennent de l’histamine. Ce n’est pas une allergie. Et puis il y a ceux qui disent qu’ils sont allergiques alors qu’ils ont une intolérance alimentaire.

 

Quelle est la différence entre allergie et intolérance alimentaire ?

J-M L. : L’allergie, c’est tout ou rien. Quelle que soit la dose consommée, la réaction est immédiate. Alors que si une personne est intolérante à un aliment, elle peut en consommer à petite dose. Par exemple si elle est intolérante au lactose, elle peut manger un yaourt mais pas boire un demi-litre de lait. L’intolérance se manifestera plutôt par des troubles digestifs. Les réactions liées à l’allergie sont plus diverses : manifestations cutanées, respiratoires, asthme, troubles digestifs…

Si la personne a une réaction allergique c’est qu’elle a déjà été en contact avec l’allergène, même si elle ne s’en rappelle pas. Le contact peut avoir eu lieu par une autre voie. Un exemple : on est allergique au latex, on le sait car on ne peut pas porter des gants faits avec cette matière. Si on mange un avocat, on aura une réaction car l’avocat a une protéine qui ressemble au latex. C’est ce qu’on appelle une allergie croisée.

 

Comment savoir si on est vraiment allergique ?

J-M L. : Quand on a une suspicion d’allergie, il faut en faire la preuve par un allergologue qui va mener une enquête alimentaire. Il va faire des recoupements. S’il a des suspicions, il fera des tests cutanés et sanguins. Mais pour dire que l’on est allergique, il faut bien sûr qu’il y ait des manifestations cliniques.

Il faut se méfier de certains tests d’ »allergie alimentaire » proposés par certains laboratoires. Sur la base d’une analyse de sang, le laboratoire vous donnera une liste de tous les aliments pour lesquels vos immunoglobulines G (anticorps de notre système immunitaire) sont augmentées. Et déclarera que vous êtes allergique à tel et tel aliment. Or, ça ne veut rien dire. Cela signifie juste que vous avez été exposé à l’aliment en question. L’allergie alimentaire se manifeste toujours par des immunoglobulines E et non pas G.

Ce ne sont pas des tests d’allergie mais des tests d’exposition. Suite à ces résultats, les gens excluent plein d’aliments alors qu’ils n’y sont pas allergiques. Il est dommage de se déclarer allergique sans l’être. Il ne faut pas se rajouter soi-même des interdits. C’est pourquoi le diagnostic de l’allergie doit être établi par un professionnel de santé tel qu’un allergologue.

 

Est-il difficile de manger équilibré quand on est allergique à tel ou tel aliment ?

J-M. L. : On doit suivre un régime alimentaire en évitant l’aliment concerné. Si ce sont les fraises, c’est facile, si c’est l’arachide, le blé ou les œufs, c’est plus compliqué. Il y en a partout. Il faut donc apprendre à lire les étiquettes. Heureusement, les 14 ou 15 aliments les plus allergisants bénéficient d’un étiquetage obligatoire et donc sont facilement repérables. Et il est rare que l’on soit allergique à une famille complète d’aliments.

 

À lire aussi : Allergies alimentaires : comment lire les étiquettes

Pascale Couratier porte-parole de l’Association française pour la prévention des allergies (Afpral) explique comment les consommateurs sont informés de la présence d’allergènes dans les préparations alimentaires.

 

C’est plus compliqué pour le gluten ?

J-M. L. : Le cas du gluten est particulier. Notamment pour ceux qui souffrent de la maladie cœliaque. C’est une maladie immunoallergique que l’on a à vie, c’est différent d’une simple allergie alimentaire qui, elle, peut guérir. Le régime de la maladie cœliaque est extrêmement strict. La première difficulté est sociale même si, grâce à l’effet de mode, il y a de plus en plus de produits sans gluten. Cependant, le gluten n’est pas indispensable. Mais il est vrai que l’alimentation peut être plus déséquilibrée car certains produits sans gluten sont plus gras, contiennent moins de fibres… Et ils coûtent plus cher. Mais en cas de diagnostic formel de cette maladie, les patients bénéficient d’un remboursement par l’Assurance maladie.

À noter : Les patients atteints de maladie cœliaque confirmée par une biopsie digestive bénéficient d’un forfait mensuel. L’Assurance maladie leur rembourse les aliments diététiques sans gluten à hauteur de 60 %.

 

 Comment cuisiner sans allergène ?
« Il faut faire preuve de créativité »

Halim Lettifi, chef issu de l’institut Paul Bocuse et formateur pour Cuisine mode d’emploi(s) donne quelques conseils pour cuisiner sans allergène.

« Il faut savoir s’adapter. La farine peut être remplacée par de la farine sans gluten. Pour une pâte brisée par exemple, l’œuf n’est pas indispensable mais il apporte une texture en bouche. La farine, elle, apporte du goût. Donc si on est allergique aux œufs ou au gluten, la pâte sera différente en goût et en texture. Les ingrédients que l’on mettra sur la pâte compenseront cette différence. Il faudra faire preuve de créativité en pochant par exemple les légumes dans des bouillons. Pour le beurre, on peut le remplacer par de l’huile de coco, le lait par du lait de riz. À chaque allergène, on peut s’adapter ».

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