Alzheimer : améliorer la recherche sur la prévention

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Par Propos recueillis par Cécile Fratellini

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Sandrine Andrieu, épidémiologiste, a reçu le prix Harmonie Mutuelle Alzheimer 2017 pour son projet en lien avec la prévention de la maladie d’Alzheimer. Explications.

Epidémiologiste*, Sandrine Andrieu est professeur des universités, directrice de l’Unité 1027 Inserm-Université de Toulouse III et praticien hospitalier au CHU de Toulouse. Elle a reçu le prix Harmonie Mutuelle Alzheimer 2017, organisé avec la Fondation de l’Avenir et répond à nos questions sur ses travaux de recherche.

Depuis combien de temps travaillez-vous sur la maladie d’Alzheimer ?

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Sandrine Andrieu ©Inserm/Patrice Latron

Sandrine Andrieu: Je travaille sur la maladie d’Alzheimer depuis près de 20 ans, j’ai commencé par étudier les conséquences de la maladie d’Alzheimer sur l’entourage des personnes atteintes. Il y a 20 ans, on ne parlait pas « d’aidants », on ignorait leurs difficultés qui surviennent dès le début de la maladie et pas seulement aux stades avancés.

Et puis progressivement, je suis passée de l’étude de la maladie à l’étude de la prévention de la maladie d’Alzheimer et des troubles cognitifs. Nous nous adressons à des populations qui ne sont pas malades et nous cherchons à retarder voire éviter la maladie dans cette population. Notre cible est bien la personne en bon état de santé ou ayant seulement des facteurs de risque de la maladie.

 

Votre projet est d’améliorer la méthodologie de ces essais de prévention. Comment ?

S.A. : Depuis de nombreuses années, on voit s’accumuler des données épidémiologiques sur des comportements de prévention qui pourraient avoir des effets positifs sur la mémoire, qu’il s’agisse notamment de l’activité physique ou de l’alimentation. En revanche, les essais cliniques ont des résultats très contrastés et souvent négatifs. Nous nous sommes donc posé la question de la qualité de la méthodologie de ces essais. Et nous avons décidé de travailler, dans un premier temps, sur l’amélioration des outils statistiques pour détecter des effets tardifs sur le déclin des fonctions cognitives.

Nous avons aussi travaillé sur la sélection des personnes participant à ces essais en cherchant à cibler celles qui seraient le plus susceptibles d’en avoir besoin. Enfin, nous souhaitons poursuivre nos recherches sur des interventions qui seraient adaptées à l’état de santé de la personne, c’est-à-dire que l’on ne proposerait pas les mêmes pour tout le monde. Un exemple avec l’activité physique. Si l’on demande de faire 10 000 pas par jour à une personne sédentaire, elle risque de ne pas accepter de participer à l’étude alors qu’elle correspond vraiment à la population cible. Au début, il faut peut-être simplement lui proposer une activité qui viserait à réduire la sédentarité. Il faut s’adapter et proposer des interventions par paliers, en lien avec ce que la personne est capable de faire.

 

Vous avez reçu le prix Harmonie Mutuelle Alzheimer 2017. En quoi va-t-il vous aider ?

S.A. : C’est un véritable starter pour initier de nouvelles recherches sur les outils statistiques. Il va contribuer à financer la première année d’une doctorante qui va travailler sur ce sujet. Je suis ravie de ce prix car c’est aussi l’occasion de faire un focus sur la recherche méthodologique qui reste encore peu visible. Améliorer la méthodologie de ces études va permettre de mieux concevoir les essais cliniques de demain. Et aujourd’hui, on sait que si l’on retarde de quelques mois ou de quelques années la survenue de la maladie, on diminuera considérablement le nombre de malades. Et ce serait un véritable gain en termes de qualité de vie.

*L’épidémiologiste étudie les rapports entre les facteurs (mode de vie, le milieu social… ) et les maladies.

Par Propos recueillis par Cécile Fratellini

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