Apnée du sommeil : quelles conséquences sur la santé ?

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Par Paola Da Silva

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L’apnée du sommeil est une pathologie qui touche plus de 3 millions de personnes en France. Impactant le quotidien, ses conséquences à long terme peuvent également être graves. C’est pourtant une maladie pour laquelle des traitements existent.

Le syndrome d’apnée-hypopnée obstructive du sommeil (SAHOS) est plus couramment appelé apnée du sommeil. Il n’a été identifié que dans les années 80 comme une pathologie en tant que telle. Elle touche pourtant 3,5 millions de personnes en France, selon l’association Alliance apnées.

Qu’est-ce que l’apnée du sommeil ?

« L’apnée du sommeil, ce sont des arrêts respiratoires pendant la nuit qui interviennent le plus souvent chez des patients ronfleurs, » explique le docteur Bruno Stach, pneumologue à Valenciennes et président du Syndicat national de l’appareil respiratoire. « C’est en général le conjoint qui s’en rend compte, car il entend une interruption du ronflement et réalise que la personne arrête de respirer. » Le syndrome devient pathologique quand ces arrêts durent plus de 10 secondes et se manifestent de manière répétée.

« On parle d’apnée obstructive car les voies aériennes supérieures sont obstruées », détaille le docteur Stach. « C’est comme un tuyau bouché. Le corps lutte et réveille le patient pour qu’il respire. Tout ça se fait de manière inconsciente ». Avec une répercussion majeure : les micro-réveils empêchent le patient de dormir profondément. Car il ne tombe ni dans le sommeil profond, ni dans le sommeil paradoxal. « On a alors affaire à une personne fatiguée. Et, qui, pourtant, pense avoir dormi. »

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L’apnée du sommeil peut-elle être dangereuse ?

S’il n’y a pas de risque de mourir d’arrêt respiratoire la nuit, la maladie peut quand même être dangereuse. « Les patients sont irritables et fatigués au quotidien, voire, ce qui est plus mauvais, somnolents. Ils s’endorment dans des situations anormales. Le pire, c’est lorsqu’ils conduisent. » Une loi interdit même aux conducteurs de camions d’exercer leur métier s’ils sont atteints d’apnée du sommeil et ne sont pas soignés. Le maintien du permis de conduire peut également être remis en question pour les conducteurs de véhicules légers.

Qui est touché par l’apnée du sommeil ?

Il existe un profil type des patients atteints. « Ce sont souvent des hommes, ronfleurs et en surpoids* », même si des personnes minces peuvent être affectées. À long terme, l’apnée du sommeil a même des conséquences graves sur la santé. « Il y a un réel risque sur le plan cardiovasculaire si on ne se soigne pas. Ce sont les hypoxies répétées (manque d’oxygène) associées aux apnées qui, à terme, créent une inflammation des artères et peuvent provoquer des hypertensions, AVC, coronaropathies ou des infarctus. »

* On estime que deux tiers des patients touchés seraient des hommes.

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Comment soigner cette maladie ?

Il est conseillé de traiter la maladie le plus tôt possible. Pour identifier si un patient est bel et bien atteint, il doit passer un examen sur une nuit afin d’enregistrer son sommeil. « On appelle ça une poly(somno)graphie, qui peut se faire soit en ambulatoire soit en milieu hospitalier. L’enregistrement nous donne le nombre d’apnées ou hypopnées* par heure. » Lorsque l’apnée est avérée, on propose au patient de s’équiper d’une machine dite à pression positive. « C’est un petit compresseur qui souffle de l’air dans un masque, à porter dès qu’on dort. Il empêche les voies aériennes de se fermer, ce qui permet au patient de bien dormir ». Un traitement qui fonctionne sur 80 % des patients.

Mais d’autres alternatives peuvent également être proposées, telle la pose d’une orthèse d’avancée mandibulaire. Créée sur mesure, elle doit être portée la nuit par le patient. Elle permet de libérer le passage de l’air au niveau du pharynx. Plus rarement, la chirurgie peut être envisagée pour corriger une cause mécanique de ces apnées. Le traitement via la machine à pression positive reste néanmoins la technique la plus utilisée en France.

« Certaines personnes mettent du temps à s’habituer, d’autres pas. C’est miraculeux quand ça fonctionne. Et c’est sans effet secondaire. » La machine est proposée en location via un prestataire de services et elle est prise en charge par l’Assurance maladie (voir les conditions). « Un technicien passe à domicile installer la machine, adapter le masque selon la prescription médicale. Il ne faut vraiment pas hésiter », conclut le docteur Stach. « Car c’est un traitement, qui, une fois mis en place, améliore réellement le quotidien. »

* Une hypopnée est une diminution de 50 % du rythme respiratoire pendant plus de 10 secondes.

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