Apparition des premières dents : une période délicate

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Par Isabelle Coston (ANPM-France Mutualité)

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La sortie des premières dents est guettée par les parents avec appréhension. Ils se sentent démunis devant les manifestations d’inconfort de leur tout-petit et ignorent comment le soulager. Mais attention de ne pas rendre les premières dents responsables de tous les maux.

Les premières dents commencent généralement à sortir entre le cinquième et le dixième mois. C’est une période parfois mouvementée pour le bébé et pour ses parents. Pleurs, nuits agitées, érythème fessier, poussée de fièvre : la percée des dents de lait est souvent incriminée alors qu’elle n’en est que rarement la cause.

« À cet âge, l’enfant peut être gêné pour bien d’autres raisons, par exemple une frustration, la faim ou de la fièvre », tempère le docteur Rémy Assathiany, membre de l’Association française de pédiatrie ambulatoire (AFPA). « D’ailleurs, le plus souvent, la poussée dentaire est indolore et la dent apparaît sans avoir prévenu ». Le fameux : « Il fait ses dents », maintes fois entendu lorsqu’un bébé est grincheux, ne serait dans la plupart du temps qu’une idée reçue.

Les parents attribuent à la percée des premières dents les petits désagréments comme des nuits agitées, des rhumes à répétition ou encore des pleurs inexpliqués. Et, dans l’intention de soulager une douleur, ils commettent des erreurs.

Premières dents : le mythe du collier d’ambre

« Il y a encore beaucoup de fausses croyances », note en effet le pédiatre. Certains parents, sur les conseils de proches, font par exemple porter un collier d’ambre à leur enfant. « Heureusement, c’est de moins en moins le cas, observe le spécialiste. Cette pratique, qui s’apparente à de la superstition, non seulement ne sert à rien, mais fait courir au bébé un risque de strangulation. »

Quant à l’eau sucrée ou au biscuit, sucré lui aussi, souvent donné pour faire passer la douleur, le docteur Assathiany doute de leur utilité. « Le sucre a certes un effet analgésique [antidouleur, NDLR], mais plutôt chez les petits de moins de quatre ou cinq mois. Or les dents commencent à pousser plus tard. »

De nombreux autres remèdes sont utilisés, comme le massage des gencives avec ou sans gel apaisant, les anneaux de dentition réfrigérés, les granulés homéopathiques, les glaces au lait maternel… Aucun d’entre eux n’a été validé scientifiquement. « Pour que l’efficacité d’un médicament soit reconnue, il doit avoir fait l’objet d’une étude sérieuse, rappelle le médecin. Le seul remède à conseiller si l’enfant a mal, c’est le paracétamol. »

Ne pas se tromper de diagnostic

Le spécialiste met aussi en garde les parents. « En attribuant un peu vite certains symptômes à la percée des dents, ils risquent de passer à côté d’un problème plus grave, comme une otite ou une infection urinaire. Cela peut donc retarder une consultation qui serait nécessaire », souligne Rémy Assathiany.

Pour illustrer son propos, il cite une étude réalisée dans une crèche en Nouvelle-Zélande. Les parents déposaient chaque jour un papier dans une urne placée dans l’établissement qui accueillait les nourrissons. Ils y décrivaient comment s’était passée la nuit de leur bébé. Les puéricultrices faisaient de même pour la journée. En parallèle, un dentiste passait à la crèche deux fois par semaine pour inspecter l’évolution de la dentition des petits. « Cette étude qui suivait une méthodologie rigoureuse a révélé notamment qu’il y avait peu de corrélations entre les hausses de température et les poussées dentaires, indique le pédiatre. Elle a montré tout au plus une augmentation de température de cinq dixièmes.

Par Isabelle Coston (ANPM-France Mutualité)

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