Les boissons énergisantes et énergétiques sont-elles dangereuses pour la santé ?

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Par Estelle Hersaint

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Bien connues des sportifs ou des plus jeunes mais souvent confondues, boissons énergisantes et boissons énergétiques promettent toutes les deux un véritable coup de boost. Or, si les unes peuvent s’avérer efficaces, les autres peuvent être inutiles voire dangereuses pour la santé.

Boisson énergétique ou boisson énergisante ? Derrière ces qualificatifs voisins se cache un fâcheux amalgame. Très présentes dans le milieu sportif, dans la course automobile, le sport extrême ou dans les sports de glisse, les marques de boissons énergisantes entretiennent la confusion grâce à un marketing efficace.

Difficile alors de ne pas confondre boissons énergétiques et boissons énergisantes. Bien qu’elles promettent toutes les deux un regain d’énergie, elles ont un impact radicalement différent sur l’organisme.

Boissons énergétiques et énergisantes : quelles différences ?

La boisson énergétique, aussi appelée « boisson de l’effort » ou « boisson du sportif », a pour but de favoriser la performance sportive. « Consommer des boissons énergétiques quand on fait de l’exercice préserve notre stock de glycogène, c’est-à-dire la réserve d’énergie de nos muscles », explique Florent Hubert, diététicien-nutritionniste. Des boissons qui viennent donc compenser les pertes en glucides, quand nos réserves énergétiques ne suffisent plus. « Elles luttent contre la fatigue, évitent la déshydratation et permettent d’être plus endurant pendant l’effort », poursuit-il.

« Elles existent déjà diluées, sous forme de poudre, ou peuvent se faire à la maison, grâce à des recettes simples :  un jus de fruit, de l’eau et une pincée de sel peuvent suffire », explique Romain Thomas, diététicien et préparateur mental. Selon lui, « il faut faire attention à leurs compositions : l’idée c’est d’avoir de l’eau pour réhydrater l’organisme, un apport glucidique, des sels minéraux (sodium, potassium, magnésium) et des vitamines.

Les boissons énergétiques présentent un intérêt lors de la pratique sportive. En dehors, elles sont inutiles, et peuvent même « avoir un effet sur le poids car souvent très sucrées », explique Jean Khemis, médecin nutritionniste. « Si ces boissons sont très concentrées ou mal dosées, elles peuvent aussi déclencher des hypoglycémies réactionnelles lorsqu’elles sont prises juste avant l’effort », poursuit-il.

Taurine, caféine, sucre : un cocktail énergisant ?

Autorisées sur le marché seulement depuis 2008, les boissons énergisantes sont quant à elles censées fournir un regain d’énergie, un coup de fouet améliorant la concentration, le temps de réaction, la mémoire.

La liste des ingrédients varie d’une marque à l’autre. Contenant le plus souvent des psycho-stimulants comme la caféine, la taurine, le guarana ou le giseng, on y trouve aussi des vitamines, des dérivés d’acide aminé et surtout « beaucoup de sucre, souvent plus que dans les sodas », assure Béatrice Morio, membre du comité d’experts spécialisés en nutrition à l’ANSES et présidente de la Société Française de Nutrition. La recommandation fixée par l’ANSES en termes de consommation de sucre total est de 100 grammes par jour. Une canette énergisante de 250ml contient en moyenne 26 grammes de sucre. 

« Avec une seule de ces boissons, on consomme plus d’un quart des sucres de la journée. Il est pourtant conseillé de limiter les sucres ajoutés et de privilégier les sucres naturels comme ceux contenus dans les fruits. Il n’y a aucun intérêt nutritionnel à consommer ce type de produit, c’est avant tout un soutien psychologique, d’autant qu’à trop haute dose, les effets sont plutôt délétères  ». 

Les boissons énergisantes : des risques pour la santé ?

Selon Béatrice Morio, « le plus gros problème, c’est la caféine ». La consommation de caféine est sans risque « jusqu’à 400 mg par jour pour un adulte. Au-delà, on peut avoir des problèmes de nervosité mais aussi d’hypertension, d’accélération du rythme cardiaque, de troubles cardiovasculaires ».

Or, une canette de 250 ml de boisson énergisante contient environ 80 mg de caféine, soit l’équivalent d’une tasse de café. « La surconsommation de ces boissons peut nous placer dans des situations à risque, surtout si elle est couplée à la consommation d’autres sources de caféine, précise Béatrice Morio. On peut très facilement dépasser la limite. Certaines personnes peuvent vite ressentir des effets négatifs ».

Dans le cadre de la surveillance de ces boissons, mise en place en 2008 par l’Institut national de veille sanitaire (InVS), 200 effets indésirables ont été rapportés à l’ANSES. Parmi eux, essentiellement des symptômes cardiovasculaires (douleurs thoraciques, hypertension, arrêt cardiaque...), psycho-comportementaux ou neurologiques (nervosité, anxiété, épilepsie…).

D’autant que, selon cette spécialiste, « il y a un manque d’encadrement de ces boissons ». Actuellement, seule la législation européenne réglemente la vente, la promotion et l’étiquetage de ces boissons, mais pas leur composition. Ces boissons sont soumises à la même législation que les boissons sucrées (comme les sodas). « Les boissons contenant plus de 150mg/l de caféine doivent porter la mention « teneur élevée en caféine ». Il n’y a donc pas de limite maximale à respecter », explique Béatrice Morio.

Des risques qui peuvent augmenter quand ces boissons sont couplées à la consommation d’alcool. En France, 16 % des consommateurs avouent les mélanger avec de l’alcool, une proportion en forte hausse chez les plus jeunes. Or, « ces cocktails ont tendance à masquer la fatigue et diminuent la perception de l’alcoolisation. Les fêtards ont l’impression de mieux contrôler leur ivresse, les conduisant à consommer davantage, ce qui augmente les comportements à risque », explique Florent Hubert.

De nombreuses contre-indications 

Exempte d’eau, ces boissons énergisantes ne sont pas adaptées à la pratique sportive et pourraient même constituer un facteur de risque. « L’énergie ressentie grâce à ses boissons est factice, c’est plutôt de l’excitation », affirme Romain Thomas, diététicien et préparateur mental. « Le cœur accélère, on s’essouffle, donc finalement c’est une perte d’énergie supplémentaire », assure-t-il. « C’est un excitant qui peut déclencher des tachycardies, c’est à dire une accélération du rythme cardiaque », poursuit le Dr Jean Khemis. 

D’autres publics doivent aussi faire attention aux boissons énergisantes : « les enfants, les adolescents, les femmes enceintes, celles qui allaitent, toutes les personnes présentant des troubles cardiovasculaires ou une insuffisance rénale », liste ce médecin nutritionniste.

Alors pour faire la différence entre boissons énergisantes et boissons énergétiques, et ne pas se tromper dans les magasins, il faut d’abord « bien regarder l’étiquette », conseille Romain Thomas. Souvent placées au même rayon que les boissons énergétiques, les boissons énergisantes ont une longue liste d’ingrédients potentiellement nocifs : « beaucoup de produits transformés aux noms complexes, beaucoup de sucre et surtout de la caféine », précise-t-il. De nombreux indicateurs censés alerter les sportifs débutants.

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